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Edouard Philippe avancera samedi des « propositions concrètes » sur la réforme des retraites

Au terme d’une journée d’échanges avec les partenaires sociaux, Edouard Philippe a salué vendredi des progrès vers un compromis sur la réforme des retraites et annoncé des « propositions concrètes » pour samedi.

Les discussions, jugées « très constructives » par le Premier ministre, butent toujours sur les modalités financières du système et l' »âge d’équilibre » que l’exécutif maintient dans l’avant-projet de loi contre l’avis des syndicats réformistes.

Si les syndicats opposés à un système de retraites par points – CGT et FO au premier chef – restent inflexibles, le chef du gouvernement ne déroge pas non plus à sa ligne de fermeté et a réaffirmé sa détermination à présenter un texte en conseil des ministres le 24 janvier pour une adoption avant l’été.

« Je dirais que ce soir nous avons bien avancé dans la recherche du compromis que nous souhaitons obtenir, c’est donc une journée utile, mais il nous reste du travail », a dit Edouard Philippe lors d’une brève déclaration à Matignon.

Il a précisé qu’il rencontrerait vendredi soir Emmanuel Macron et prendrait contact « avec un certain nombre de responsables de la majorité pour évoquer les avancées possibles ».

« Demain, par écrit, j’adresserai aux organisations syndicales et patronales des propositions concrètes qui pourraient être la base de ce compromis », a-t-il annoncé.

Au siège du Conseil économique, social et environnemental (CESE), où il rencontrait les 150 membres de la Convention citoyenne sur le climat, Emmanuel Macron a redit vendredi soir que la philosophie du projet de réforme visait à « consolider » un système par répartition « où c’est les travailleurs qui vont continuer de financer ceux qui sont à la retraite ».

« Comment on fait alors que de moins en moins d’actifs financent des gens, et c’est très bien, qui vivent de plus en plus vieux ? Soit en disant on doit cotiser davantage, soit on doit travailler un peu plus longtemps, mais moi, je n’assume pas de baisser les retraites », a-t-il ajouté.

DÉFENSE ET ILLUSTRATION DE L' »ÂGE D’ÉQUILIBRE »

Les consultations bilatérales organisées au lendemain d’une nouvelle journée de mobilisation contre le projet gouvernemental visaient à discuter de la méthode et du calendrier d’une « conférence de financement », idée avancée par la CFDT de Laurent Berger et reprise par le gouvernement.

Le gouvernement souhaite que la conférence soit organisée en parallèle de l’examen parlementaire du projet de loi et complète ou modifie le texte via des amendements. Le texte sera soumis à partir du 17 février à l’Assemblée nationale.

L »’âge d’équilibre » – l’option gouvernementale pour l’équilibre financier du système – figure dans l’avant-projet de loi qui a été communiqué au Conseil d’Etat : il entrera progressivement en vigueur à partir de 2022 pour atteindre 64 ans en 2027, sauf si les partenaires sociaux trouvent une solution alternative d’ici le 1er septembre 2021.

Un document gouvernemental a été remis vendredi aux partenaires sociaux pour attester de l’efficacité d’un « âge d’équilibre ».

Cette note chiffre le déficit du régime à 10 milliards d’euros en 2025 et 12 milliards en 2027. Mais l’introduction d’un âge pivot à 64 ans permettrait à l’Etat, selon ces estimations, de réaliser 3 milliards d’euros d’économies en 2022, 5 milliards en 2023, 6,5 milliards en 2024, 9 milliards en 2025, 11 milliards en 2026 et jusqu’à 12 milliards d’euros en 2027.

Dans le détail, 37% des assurés (« inaptes, invalides, handicapés ») ne seraient pas concernés par l’âge pivot ou seraient concernés par un âge pivot plus bas que le droit commun (carrières longues, pénibilité, métiers régaliens).

L’âge pivot décalerait l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans pour 32% et jouerait « positivement » pour 31% en leur permettant de partir plus tôt que dans le régime actuel.

Laurent Berger, pour qui cette mesure paramétrique est un casus belli, est resté sourd à ces arguments et a de nouveau exigé vendredi son retrait.

MARTINEZ PROPOSE DES PISTES FINANCIÈRES

« On a essayé de dire que la CFDT n’avait jamais été désintéressée sur la question de l’équilibre mais qu’une mesure aveugle et injuste comme celle-ci n’avait pas lieu d’être dans le projet de loi », a-t-il dit à l’issue de son entretien.

« On a senti une volonté d’ouverture dans la parole mais encore une fois, tout ça se mesure in fine aux actes », a-t-il ajouté.

L’Unsa, autre syndicat réformiste, avait demandé vendredi matin que l’âge pivot soit retiré « dans les prochaines heures ». « Un compromis ne peut se faire qu’à partir du moment où on n’a pas l’épée de Damoclès de l’âge pivot », a fait valoir son secrétaire général, Laurent Escure.

Force ouvrière et la CGT ont réaffirmé leur désaccord avec le projet de système universel par points.

L’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-CFE-CGC-FSU a appelé à une manifestation massive samedi avant une nouvelle journée interprofessionnelle le 14 janvier.

Philippe Martinez, dont le ton trahissait à la sortie de Matignon une forme de désabusement, s’est dit d’accord avec le principe d’une conférence de financement « qui ne soit pas déconnectée de l’examen du projet de loi ».

Le secrétaire général de la CGT a avancé des pistes : réintégration pour « plusieurs milliards d’euros » de cotisations sociales patronales après un « bilan des exonérations », « taxation d’un certain nombre de transactions financières ».

« L’âge pivot c’est un faux problème, une fausse polémique. Il existe déjà! », a-t-il lancé.

L’Unsa a proposé pour sa part une taxation des revenus supérieurs à 10.000 euros mensuels et un recours partiel au Fonds de réserve des retraites (FRR), doté fin 2017 de quelque 36 milliards d’euros.

Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, tout comme François Asselin (CGPME), a jugé « absolument indispensable » une mesure d’âge. Les représentants patronaux refusent une hausse des cotisations.

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