Orpea: Nouvelles informations de presse sur de possibles irrégularités financières
PARIS (Reuters) – Orpea est de nouveau mis en cause dans la presse jeudi avec la publication par Radio France d’informations sur les pratiques commerciales et les rémunérations de la centrale d’achats suisse du groupe.
Une porte-parole du géant de l’exploitation d’Ehpad et d’établissements de santé a déclaré à Reuters que les informations de Radio France étaient liées à une enquête plus large en cours sur la gestion de l’entreprise, ajoutant qu’il appartenait à la justice de déterminer si des délits avaient ou non été commis.
Radio France évoque de son côté des pratiques « surprenantes » de la société Kauforg, sous-filiale d’Orpea chargée de négocier depuis la Suisse des prix avantageux auprès de fournisseurs de produits alimentaires, en citant des facturations de prestations dont la réalité n’est pas établie, à hauteur de centaines de milliers d’euros.
La radio publique met également en cause la rémunération de plusieurs salariés d’Orpea qui étaient simultanément sous contrat à temps partiel avec Kauforg.
Interrogé par Radio France sur ces informations, le PDG d’Orpea, Philippe Charrier, nommé en janvier après le limogeage de son prédécesseur, a déclaré que le groupe se devait de « faire toute la lumière sur les accusations » portées contre lui.
« Dans ce cadre, plusieurs canaux d’information nous ont permis de déceler des faits potentiellement délictueux, qui mettent en cause des comportements individuels », a-t-il ajouté.
Le numéro un français des Ehpad est dans la tourmente depuis la publication en janvier d’un livre-enquête, « Les Fossoyeurs », dénonçant le traitement des résidents de ses établissements: le gouvernement a diligenté une double enquête, administrative et financière, avant de saisir la justice et de demander le remboursement de dotations publiques.
La valeur boursière d’Orpea a plongé de plus de 70% depuis et jeudi, l’action du groupe perdait plus de 5% en début de séance.
Mercredi, le consortium de journalistes Investigative Europe a publié un article sur la structure financière du groupe en mettant en cause le recours à une structure parallèle basée au Luxembourg qui aurait mené des opérations financières douteuses et accumulé 92 millions d’euros d’actifs dans quatre pays européens, dont la France.
Cette enquête, comme celle de France Info, s’appuie sur des faits qu’Orpea dit avoir lui-même signalé à la justice dans le cadre de l’enquête en cours.
« Des mesures d’ordre interne ont immédiatement été prises afin d’écarter les personnes susceptibles d’être impliquées dans ces fraudes et renforcer le contrôle interne du groupe », déclare-t-il dans un communiqué jeudi sans préciser à quelles faits en particulier il fait référence.
(Reportage Tassilo Hummel, version française Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)