Macron propose un « débat stratégique » sur la protection nucléaire des Européens
PARIS (Reuters) – Emmanuel Macron a promis mercredi un « débat stratégique » sur la protection des alliés européens par la dissuasion nucléaire de la France, dans un contexte de préoccupations accrues à propos de la guerre en Ukraine et du « changement de position » des Etats-Unis à l’égard du conflit.
« J’ai décidé d’ouvrir un débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent », a dit le président, chef des armées de l’un des deux pays européens – avec le Royaume-Uni – à être doté de l’arme nucléaire.
Dans une allocution télévisée, il a annoncé par ailleurs qu’une réunion se tiendrait la semaine prochaine à Paris entre les chefs d’état-major des pays souhaitant prendre des responsabilités pour garantir le respect d’un potentiel accord de paix en Ukraine.
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JE FAIS UN DON MAINTENANTIl a également déclaré vouloir de nouveaux investissements dans le domaine de la défense, sans augmenter les impôts, mettant à nouveau en exergue la « menace russe » et la nécessité que l’Europe investisse davantage pour sa sécurité.
« La Russie est devenue, au moment où je vous parle et pour les années à venir, une menace pour la France et pour l’Europe », a-t-il rappelé, trois ans après l’invasion de l’Ukraine par les forces russes le 24 février 2022. « Je le regrette profondément. »
« La Russie teste nos limites », a ajouté Emmanuel Macron lors de cette prise de parole préenregistrée, citant les manoeuvres militaires mais aussi les actes d’ingérence et les cyberattaques opérées par Moscou.
Le soutien à l’Ukraine « dans la durée » passera « peut-être par le déploiement de forces européennes », seulement « une fois la paix signée », a aussi prévenu Emmanuel Macron.
Le président français a noté que « les Etats-Unis ont changé de position » sur la guerre en Ukraine, « laissant planer le doute sur la suite » alors que Washington a annoncé cette semaine le gel de l’aide militaire à Kyiv puis, plus tôt mercredi, la suspension de son partage de renseignements.
« LÉGITIMEMENT INQUIETS »
Paris et Londres s’activent pour proposer un plan de paix qui inclurait des garanties sécuritaires pour l’Ukraine, afin de le soumettre à Washington, avec l’hypothèse d’une trêve partielle d’un mois en préalable.
Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer pourraient, à cette fin, se rendre à nouveau sous peu à Washington, a-t-on appris de diplomates. Le président français n’a pas mentionné dans son allocution un possible déplacement aux Etats-Unis pour une nouvelle réunion avec Donald Trump.
Le président américain fait pression sur le président ukrainien Volodimir Zelensky, avec lequel il a eu vendredi une vive altercation à la Maison blanche, pour qu’il coopère aux négociations lancées par Washington avec Moscou et signe un accord sur l’accès aux minerais rares ukrainiens, sans garanties sécuritaires américaines en contrepartie.
Depuis son retour au pouvoir le 20 janvier, Donald Trump a opéré un virage dans la politique américaine à l’égard du conflit, rompant avec le soutien sans faille à l’Ukraine apporté par son prédécesseur Joe Biden.
« Nous restons attachés à l’Otan et à notre partenariat avec les Etats-Unis d’Amérique mais il nous faut faire plus », a dit Emmanuel Macron, fervent défenseur de l’idée d’une défense européenne depuis son arrivée au pouvoir en 2017. « L’avenir de l’Europe n’a pas être tranché à Washington ou à Moscou ».
Un sommet européen est prévu jeudi à Bruxelles, deux jours après la présentation par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, du plan « Rearm Europe » qui prévoit des investissements allant jusqu’à 800 milliards d’euros pour relancer la défense du bloc.
Les Vingt-Sept devraient entériner l’idée d’un accroissement des dépenses militaires sans qu’elles soient prises en compte dans le déficit public et la nécessité d’acheter et de produire davantage sur le sol européen.
La réindustrialisation de la France en matière de défense fera l’objet d’une réunion des professionnels du secteur « dans les tout prochains jours », a dit Emmanuel Macron, qui a vanté les atouts d’un pays doté de « l’armée la plus efficace d’Europe ».
« Vous êtes, je le sais, légitimement inquiets », a dit le président à ses compatriotes, invitant les Français à « agir en étant unis en Européens et déterminés à nous protéger ».
(Rédigé par Jean Terzian et Elizabeth Pineau)
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