Macron prône une réorganisation d’un système de santé asphyxié
PARIS (Reuters) – Fin de la tarification à l’activité à l’hôpital, recrutement d’assistants médicaux, réorganisation du travail : Emmanuel Macron a prôné vendredi une série de mesures destinées à répondre aux difficultés d’un système de santé français en souffrance.
Faites un don au Journal Chrétien pour nous permettre de produire plus de vidéos comme celle-ci.
Le chef de l’Etat a présenté ses voeux aux soignants dans le Centre Hospitalier Sud Francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes, en banlieue parisienne, où il a visité les urgences pédiatriques.
Conscient de « l’épuisement individuel et collectif » à l’hôpital, avec le sentiment de « jour de crise de fin », il a proposé de « dégager du temps médical » et d’améliorer un système soumis à des tensions extrêmes ces derniers mois en raison, notamment, de trois vagues concomitantes d’épidémies de COVID-19, de grippe et de bronchiolite.
Principale annonce du chef de l’Etat sur le plan financier : la sortie de la tarification à l’activité à l’hôpital dès le prochain Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).
« La tarification à l’acte a créé beaucoup de dysfonctionnements », a fait valoir Emmanuel Macron.
Pour améliorer le quotidien, le président a demandé que le nombre d’assistants médicaux passe de 4.000 à 10.000 d’ici fin 2023.
A plus court terme d’ici le 1er juin, il a demandé une réflexion collective sur le temps de travail, notamment confronté à « l’hyperrigidité » de la semaine des 35 heures, et une réorganisation des services pour que chacun prenne sa part et que les soins ne soient pas sacrifiés sur l’autel des raideurs administratives.
« Il faut que le service redevienne l’unité organique et humaine pour pouvoir organiser les choses », a-t-il dit, prônant en outre l’instauration d’un « tandem administratif et médical » à la tête des établissements hospitaliers.
Aux yeux d’Emmanuel Macron, les tourments du système de santé ne sont pas qu’une question de moyens, sachant qu’en « trois ans le budget santé avait augmenté de 50 milliards d’euros », un « rattrapage nécessaire ».
« UNE SITUATION QUI RISQUE DE SE DÉGRADER »
L’amélioration prendra du temps, a-t-il prévenu. « Nous sommes dans une situation qui risque de se dégrader », a-t-il dit, rappelant notamment que « presque la moitié des médecins aujourd’hui ont plus de 60 ans » et que la formation d’une nouvelle génération de soignants prendra des années.
Pour d’autres mesures concrètes, il a demandé l’instauration d’une prise en charge spécifique pour les patients chroniques et lancé le « chantier » de la rémunération du travail de nuit à l’hôpital, alors qu’une infirmière n’est par exemple rémunérée qu’un euro de plus de l’heure la nuit que pendant la journée.
« Le défi des prochains mois, c’est de réussir à garder des soignants en place », a dit Emmanuel Macron aux personnels tentés de jeter l’éponge.
Pour l’avenir, le chef de l’Etat a dit miser sur « le tryptique raisonnable » que sont « l’écologie, l’école et la santé ».
« Si on n’investit pas comme il se doit sur l’humain et tout ce qui l’environne, on peut faire tout ce qu’on veut sur les autres politiques publiques, on aura du mal à avancer », a-t-il dit en guise de conclusion.
Des médecins libéraux ont manifesté jeudi à l’appel du collectif Médecins pour demain pour réclamer notamment un doublement du tarif de la consultation de 25 à 50 euros, ou encore la facturation des rendez-vous non honorés.
L’Ordre des médecins et les syndicats des médecins libéraux et hospitaliers ont déclaré dans un communiqué commun être opposés « à une médecine à plusieurs vitesses ».
Le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun a lancé en octobre dernier le volet Santé du Conseil national de la refondation, toujours en cours, qui vise notamment à identifier les nouveaux enjeux et à « réparer » l’hôpital public et les urgences.
(Rédigé par Elizabeth Pineau et Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)