L’Ukraine tue un général russe dans une explosion à Moscou
par Andrew Osborn et Guy Faulconbridge
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MOSCOU (Reuters) -Un général russe haut gradé, accusé par Kyiv d’être responsable de l’utilisation d’armes chimiques contre les troupes ukrainiennes, a été tué mardi matin à Moscou par le Service de sécurité d’Ukraine (SBU), selon une source au sein de cette agence de renseignement ukrainienne.
Plus tôt mardi, le comité d’enquête russe avait annoncé que le lieutenant-général Igor Kirillov, à la tête des forces de protection nucléaire, biologique et chimique, avait été tué dans l’explosion d’une bombe dissimulée dans un scooter électrique.
L’attentat s’est produit devant un bâtiment résidentiel situé dans le sud-est de la capitale russe. Il a également tué l’assistant de Igor Kirillov, qui se trouvait à ses côtés.
Une source du SBU a confirmé à Reuters que l’agence de renseignement ukrainienne était à l’origine de l’explosion.
L’Ukraine considérait Igor Kirillov comme un criminel de guerre et une « cible absolument légitime », a ajouté cette même source, accusant le général russe d’avoir ordonné l’utilisation d’armes chimiques contre les forces de Kyiv.
L’assassinat d’Igor Kirillov, le plus haut gradé de l’armée russe tué par l’Ukraine, pourrait inciter les autorités russes à revoir les protocoles de sécurité des hauts gradés de l’armée et à trouver des moyens de le venger.
L’ancien président Dmitri Medvedev, vice-président du conseil de sécurité de Russie, a déclaré que les dirigeants militaires et politiques de l’Ukraine risquaient désormais une vengeance imminente, selon un rapport de l’agence de presse russe RIA.
Les photographies et les vidéos de Reuters montrent l’entrée brisée d’un immeuble d’habitation, dont les briques sont noircies par l’explosion, et ce qui semble être deux corps allongés sous des bâches en plastique noir sur la neige.
Une enquête criminelle a été ouverte, a indiqué le comité national d’enquête dans un communiqué.
Des sources policières ont déclaré aux médias russes qu’il était probable qu’une enquête pour terrorisme soit ouverte.
IL A TRAVAILLÉ « SANS PEUR », DIT LA RUSSIE
Les troupes russes de défense radioactive, connues sous le nom de NBC, sont des unités spéciales qui opèrent dans des conditions de contamination radioactive, chimique et biologique.
Le meurtre d’Igor Kirillov intervient un jour après que le parquet ukrainien l’a inculpé par contumace pour l’utilisation présumée d’armes chimiques interdites en Ukraine, selon un rapport de The Kyiv Independent qui cite le Service de sécurité de l’Ukraine.
La Russie nie ces allégations.
Igor Kirillov est parfois apparu à la télévision russe pour accuser l’Ukraine de violer les protocoles de sécurité nucléaire ou l’Occident de divers crimes présumés.
Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a déclaré que le général tué avait travaillé « sans peur » pour « la mère patrie » afin de dénoncer ce qu’elle a qualifié de crimes liés aux armes chimiques et d’autres crimes commis par l’Occident.
En octobre, le Royaume-Uni a sanctionné Igor Kirillov et les forces de protection nucléaire pour avoir utilisé des agents chimiques de lutte antiémeute, de nombreux rapports faisant aussi état de l’utilisation de chloropicrine, un gaz suffocant, sur le champ de bataille.
Selon l’Ukraine, ces agents sont utilisés pour désorienter ses troupes et les empêcher de se défendre contre les attaques russes.
La Russie accuse l’Ukraine d’avoir perpétré une série d’assassinats ciblés sur son sol depuis le début de la guerre lancé par Moscou contre l’Ukraine en février 2022.
Parmi les cas les plus retentissants il y a l’assassinat en 2022 de Daria Douguina, fille du théoricien nationaliste russe Alexandre Douguine et celui du blogueur Vladlen Tatarski en 2023.
(Bureau de Moscou et Lidia Kelly à Melbourne; version française Diana Mandia; édité par Augustin Turpin)