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Les dirigeants de l’UE cherchent des moyens de soutenir leur industrie

par John Chalmers

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BRUXELLES (Reuters) – Les dirigeants de l’Union européenne (UE) sont arrivés jeudi à Bruxelles, où ils vont notamment discuter des meilleurs moyens de soutenir leur industrie face à la flambée des prix de l’énergie liée en partie à la guerre en Ukraine et à la menace du protectionnisme américain.

Les pays européens, notamment les moins aisés, souhaitent que l’UE apporte une réponse coordonnée au gigantesque plan de soutien aux technologies vertes présenté par les Etats-Unis(Inflation Reduction Act, IRA), qui favorise les entreprises implantées sur le sol américain.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a proposé en amont du sommet d’assouplir les règles relatives aux aides d’Etat dans le domaine des énergies renouvelables et des technologies propres afin de protéger l’industrie européenne.

« Il existe un risque que l’IRA puisse conduire à une concurrence déloyale », a-t-elle déclaré lors d’un discours. « Nous devons apporter notre réponse, notre IRA européen. »

A son arrivée à Bruxelles jeudi matin, Emmanuel Macron s’est dit favorable à ce que la réponse soit mise en oeuvre au niveau européen.

« Nous allons donner mandat à la Commission après un débat (…) pour que début 2023, nous puissions avoir une réponse européenne à l’Inflation Reduction Act », a déclaré le président français aux journalistes.

L’objectif, a-t-il dit, est de « maintenir une concurrence équitable » et « défendre les grands projets en particulier sur les technologies vertes en Europe. Ce qui suppose d’aller plus vite, de simplifier nos règles. »

L’UE est toutefois divisée entre des pays « dirigistes », qui souhaitent la création d’un « fonds de souveraineté » permettant d’assurer une concurrence loyale entre les pays du bloc, et les pays plus riches qui se rangent derrière les principes du marché libre.

« Certains gouvernements ont des ressources importantes et les moyens de soutenir leurs industries en recourant à des plans (de soutien) nationaux, d’autres non », a déclaré un diplomate européen. « Nous ne voulons pas d’une course aux subventions nationales entre les Etats membres, des limites doivent être soigneusement définies. »

ENCORE BEAUCOUP DE COMPROMIS À TROUVER

Il n’est pas certain que les dirigeants des Vingt-Sept parviennent à trouver un compromis sur le sujet lors de ce Conseil européen, estiment des diplomates participant aux discussions.

La réponse à l’IRA n’est pas la seule pomme de discorde au sein de l’UE.

Les Européens continuent ainsi à se diviser sur la question du plafonnement du prix du gaz, même si le chancelier allemand Olaf Scholz s’est dit « optimiste », à son arrivée à Bruxelles, sur le fait qu’il serait possible de faire « des progrès » dans ce domaine lors des discussions.

« Ce qui m’importe c’est qu’on ait une vision très claire de la réponse de court terme sur l’énergie et qu’on consolide les moyens de faire face à l’année 2023 », a déclaré pour sa part Emmanuel Macron.

Les Vingt-Sept ne sont toujours pas parvenu à s’entendre non plus sur le neuvième train de sanctions contre la Russie, ont dit des diplomates après une nouvelle session de négociations mercredi soir. La Pologne et les Etats baltes sont notamment réticents au fait de permettre le transit des engrais russes par les ports européens même s’ils sont expédiés par des sociétés détenues par des oligarques sous le coup de sanctions.

Varsovie bloque également l’adoption par l’UE de la taxation mondiale des multinationales, et par ricochet plusieurs autres mesures au sujet desquelles les Vingt-Sept ont conclu lundi un accord complexe, comme le plan d’aide de 18 milliards d’euros à l’Ukraine en 2023, l’approbation du plan de soutien hongrois et le gel de certains fonds européens destinés à Budapest.

Ce veto suscite l’incompréhension des autres pays européens. « L’ensemble du paquet de mesures est bloqué à cause de réserves exprimées par la Pologne sur la taxation mondiale que personne ne comprend », a déclaré mercredi soir un diplomate européen.

« Nous n’avons aucune idée de ce que (le Premier ministre polonais Mateusz) Morawiecki veut ou fera – il avait accepté la taxe au printemps », a-t-il ajouté.

Certains diplomates pensent que le dirigeant polonais a voulu gagner du temps jusqu’au sommet pour obtenir l’engagement des autres Etats membres que les dizaines de milliards d’euros de fonds européens promis à Varsovie dans le cadre du plan de relance post-Covid ne soient pas bloqués en raison de la procédure d’infraction ouverte par la Commission contre la Pologne pour violation de l’état de droit.

(Reportage de John Chalmers ; avec la contribution de Gabriela Baczynska, Sabine Siebold et Kate Abnett à Bruxelles, Jean-Stéphane Brosse à Paris; version française Camille Raynaud et Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)

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