J.D. Vance accuse le Danemark de ne pas avoir assuré la sécurité du Groenland
par Tom Little et Leonhard Foeger
NUUK, Groenland (Reuters) -Le vice-président américain J.D. Vance a accusé vendredi le Danemark de ne n’avoir rien fait pour assurer la sécurité du Groenland à son arrivée dans le territoire semi-autonome dont Donald Trump dit vouloir prendre le contrôle, un déplacement qui tend les relations diplomatiques entre Copenhague et Washington.
L’avion de J.D. Vance a atterri sur la base militaire américaine de Pituffik, dans le nord de l’île de l’Arctique, le programme de son déplacement ayant été modifié face à la colère des autorités du Groenland et du Danemark.
Aux termes d’un accord de défense signé en 1951, les Américains ont autorisation de se rendre sur leur base militaire quand ils le souhaitent, à condition de prévenir les autorités locales et danoises.
S’adressant aux journalistes sur la base de Pituffik, J.D. Vance n’a rien fait pour apaiser les relations entre Washington et Copenhague, accusant le Danemark d’avoir failli pour assurer la sécurité du Groenland face aux ambitions de la Russie et de la Chine en Arctique, et affirmant que l’île se porterait bien mieux si elle était dans le giron américain.
« Nous avons un différend avec les dirigeants danois, qui ont sous-investi au Groenland et dans son architecture de sécurité. Cela doit absolument changer. La politique des États-Unis vise à ce que cela change », a déclaré le vice-président américain.
« Je pense que vous (les Groenlandais) vous porteriez bien mieux si vous vous placiez sous la protection des États-Unis, plutôt que sous celle du Danemark », a-t-il poursuivi, avant d’annoncer un renforcement du dispositif militaire américain dans l’île.
Disant respecter « l’auto-détermination » du Groenland, il s’est dit convaincu que le territoire finirait par couper les ponts avec Copenhague pour devenir un « partenaire » des États-Unis.
Il était initialement prévu que l’épouse de J.D. Vance, Usha Vance, assiste en compagnie du conseiller à la sécurité nationale de la Maison blanche, Mike Waltz, à une course de traîneaux à chiens, quand bien même aucune invitation n’avait été formulée par le Groenland ou par Copenhague.
La visite de J.D. Vance intervient alors que le Groenland s’est doté d’un nouveau gouvernement de coalition issu des élections législatives du 11 mars, remportées par le parti d’opposition Demokraatit (Parti démocratique), qui prône une transition lente vers l’indépendance de l’île.
Le nouveau Premier ministre du Groenland, Jens-Frederik Nielsen, a déclaré vendredi que la visite de Vance était le signe d’un « manque de respect » et a appelé à l’unité politique face à la « pression extérieure ».
« À l’heure où notre peuple est sous pression, nous devons rester unis », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
A Copenhague, la Première ministre danoise Mette Frederiksen a pour sa part qualifié d' »inacceptable » la visite américaine, tandis que le ministre des Affaires étrangères Lars Lokke a salué le fait que le programme de la visite ait été modifié, disant y voir une mesure de désescalade.
« LE VRAI VAINQUEUR, LA RUSSIE »
Selon Catherine Sendak, directrice du programme de Défense et sécurité transatlantique au Centre d’analyse de politique européenne, un think tank basé à Washington, l’administration de Donald Trump a modifié les contours de cette visite afin de ne pas éloigner les discussions des sujets qui l’intéressent: présence américaine au Groenland, capacités militaires disponibles et sécurité de l’Arctique dans son ensemble.
« Un changement de direction était nécessaire », a-t-elle dit à Reuters. « C’est positif, étant donné les échanges très publics entre (d’un côté) les gouvernements danois et groenlandais et (de l’autre) l’administration Trump sur les intentions de la visite initiale ».
Depuis son retour à la Maison blanche le 20 janvier pour un second mandat, Donald Trump martèle sa volonté d’annexer le Groenland, jugeant le territoire indispensable pour la sécurité nationale des Etats-Unis et la sécurité internationale. Il n’a pas exclu par le passé de recourir à la force pour parvenir à ses fins.
« Nous irons aussi loin qu’il le faudra », a dit mercredi le président américain. « Nous avons besoin du Groenland, et le monde a besoin que nous ayons le Groenland, dont le Danemark ».
Il appartient désormais de savoir jusqu’où le chef de la Maison blanche est prêt à aller dans son idée de prendre le contrôle de l’île, a commenté Andreas Oesthagen, chercheur en sécurité et politiques de l’Arctique à l’Institut Fridtjof Nansen, basé à Oslo.
« Il est toujours peu probable que les Etats-Unis aillent jusqu’à utiliser des moyens militaires pour tenter de s’octroyer le plein contrôle du Groenland », a-t-il déclaré à Reuters, ajoutant qu’un tel scénario marquerait une rupture avec de nombreux principes et règles fondamentaux dont les Etats-Unis ont profité et ont été un pilier.
« Mais malheureusement, il est probable que le président Trump et le vice-président Vance vont continuer de recourir à d’autres moyens de pression, tels que des communiqués ambigus, des visites semi-officielles au Groenland et des instruments économiques », a-t-il poursuivi.
« Et le vrai vainqueur de ce feuilleton superflu est la Russie, qui a exactement ce qu’elle veut: de la discorde dans les relations transatlantiques ».
(Tom Little et Leonhard Foeger, avec Gwladys Fouche et Terje Solsvik à Oslo, Jacob Gronholt-Pedersen et Louise Breusch Rasmussen à Copenhague; version française Jean Terzian, Diana Mandiá et Tangi Salaün, édité par Nicolas Delame)
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