Gaza: Une escalade du conflit redoutée après la mort d’un dirigeant du Hamas au Liban
par Laila Bassam, Nidal al-Mughrabi et Arafat Barbakh
BEYROUTH/LE CAIRE/GAZA (Reuters) – Les forces israéliennes ont intensifié leurs bombardements sur la bande de Gaza mercredi sur fond de craintes accrues d’un élargissement du conflit après l’assassinat la veille au Liban du numéro deux du bureau politique du Hamas palestinien.
Israël n’a ni confirmé ni infirmé être à l’origine de l’assassinat de Saleh al Arouri. Interrogé par des journalistes, le porte-parole de l’armée israélienne a déclaré que Tsahal était focalisée sur son objectif d' »éliminer le Hamas » et était préparée à « tout scénario » après la mort d’Al Arouri.
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Israël l’accusait d’avoir notamment orchestré des attaques en Cisjordanie occupée. Selon un responsable du Hamas, il était également « au cœur des négociations » menées par le Qatar et l’Égypte sur l’issue de la guerre et la libération des otages israéliens détenus par le Hamas.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit prononcer un discours à Beyrouth mercredi après-midi. Il avait auparavant mis en garde Israël contre tout assassinat sur le sol libanais, promettant une « réaction sévère ».
« Nous disons à l’occupation criminelle (Israël) que la bataille entre nous est ouverte », a déclaré de son côté, Hossam Badran, membre du bureau politique du Hamas, dans son éloge funèbre destiné à Saleh al Arouri.
Le Hezbollah, allié du Hamas et lourdement armé, échange des tirs quasi quotidiens avec Israël à la frontière sud du Liban depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza. Plus de 100 combattants du Hezbollah et une vingtaine de civils ont été tués sur le territoire libanais, ainsi qu’au moins neuf soldats israéliens en Israël.
La mission de maintien de la paix des Nations unies au Liban s’est déclarée profondément préoccupée par la possibilité d’une escalade dans le pays « qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour les populations des deux côtés de la frontière ».
Des centaines de Palestiniens sont par ailleurs descendus dans les rues de Ramallah et d’autres villes de Cisjordanie pour condamner l’assassinat de Saleh al-Arouri.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a estimé de son côté que sa mort allait « relancer (…) la résistance et la motivation à lutter contre l’occupant sioniste ».
Israël s’est engagé à poursuivre le combat jusqu’à élimination du Hamas, mais le sort de l’enclave en cas de succès reste incertain, tout autant que la question d’un éventuel État palestinien indépendant.
FRAPPES SUR UN CAMP DE RÉFUGIÉS
À Gaza, les forces israéliennes ont bombardé dans la nuit de mardi à mercredi le camp de réfugiés d’Al Nusseirat, dans la partie nord de l’enclave gouvernée par le Hamas, détruisant plusieurs bâtiments, selon les habitants et les médias palestiniens.
Des avions israéliens ont largué des tracts sur le camp, ordonnant à la population de quitter sept quartiers.
« Vous vous trouvez dans une zone de combat dangereuse. Les forces de défense israéliennes mènent des opérations intensives dans votre zone de résidence. Pour votre sécurité, les FDI vous demandent instamment d’évacuer immédiatement cette zone et de vous diriger vers les abris connus à Deir al Balah (ouest) », indiquaient les tracts.
Les avions de guerre et les chars israéliens ont également intensifié leurs attaques sur le camp de réfugiés d’Al Bureij.
La branche armée du Hamas a déclaré avoir tué 10 soldats israéliens lors de combats dans le camp et avoir touché cinq chars et véhicules de transport de troupes. Le nombre de soldats tués depuis le début des frappes à Gaza, le 20 octobre, est passé à 177, a fait savoir Tsahal.
Dans le camp de réfugiés d’Al Maghazi, au moins quatre personnes ont été tuées lors d’une frappe aérienne israélienne sur une maison, selon les autorités sanitaires locales. Trois autres personnes auraient été tuées lors d’une frappe aérienne sur une maison à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Dans son point quotidien sur le conflit, l’armée israélienne a déclaré que des « batailles intensives » se poursuivaient par ailleurs mercredi dans la ville de Khan Younès, dans le sud de l’enclave.
Israël affirme s’efforcer d’éviter de blesser les civils mais le bilan côté palestinien atteint désormais 22.185 morts, selon le ministère de la Santé de Gaza.
(Reportage Laila Bassam à Beyrouth, Nidal al-Mughrabi au Caire, Arafat Barbakh à Gaza, Maayan Lubell et Dan Williams à Jérusalem, et Maggie Fick à Londres, avec la contribution de Doina Chiacu à Washington, rédigé par Michael Perry et Angus MacSwan ; version française Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)
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