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France: Les syndicats appellent à une nouvelle mobilisation le 13 avril

PARIS (Reuters) – L’intersyndicale a appelé à une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites le 13 avril, à l’issue d’une onzième journée marquée jeudi par une mobilisation en baisse et des violences, notamment à Paris.

Le ministère de l’Intérieur a dénombré 57.000 manifestants dans la capitale et 570.000 dans l’ensemble du pays, contre 400.000 à Paris selon la CGT et près de deux millions dans toute la France selon Force ouvrière. Lors de la dernière journée d’action, le 28 mars, le ministère de l’Intérieur avait compté 740.000 manifestants dans tout le pays, dont 93.000 à Paris.

Une trentaine de personnes avaient été interpellées jeudi en fin d’après midi, selon la préfecture de police de Paris, qui a fait état de 77 blessés parmi les forces de l’ordre, dont 13 ont été hospitalisés, selon un bilan provisoire. Parmi les blessés figurent une gendarme « touchée au visage » et une commissaire touchée « par un pavé ou une pierre sur son casque », a-t-elle précisé.

Des manifestants ont jeté des projectiles aux abords de La Rotonde, restaurant où Emmanuel Macron a ses habitudes, dont une partie de l’auvent a été incendiée.

Des images filmées par Reuters ont montré deux agences bancaires vandalisées, des poubelles et du mobilier urbain incendiés et des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre le long du parcours parisien et à son terminus sur la place d’Italie.

Reuters a aussi constaté l’intrusion de manifestants à l’intérieur du bâtiment abritant le gestionnaire d’actifs BlackRock, dans le IIe arrondissement.

En amont de cette journée, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé sur Twitter le déploiement dans le pays de 11.500 policiers, dont 4.200 dans la capitale, pour encadrer les cortèges.

« COURSE DE FOND »

Du côté de l’intersyndicale, la détermination était intacte et une nouvelle journée de mobilisation a été annoncé pour le jeudi 13 avril, veille de l’annonce de la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites.

« La mobilisation continuera sous une forme ou sous une autre. On ne peut pas tourner la page tant que la réforme n’est pas retirée », avait prévenu un peu plus tôt la nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, présente dans le cortège parisien.

« On est dans une course de fond », a-t-elle ajouté, dénonçant des membres du gouvernement « qui ne comprennent pas ce qui se passe » dans le pays.

« L’enjeu est de montrer que la détermination est toujours aussi forte », a déclaré pour sa part le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, jugeant le mouvement « suffisamment puissant pour que ce soit entendu ».

Outre Paris, des manifestations parfois émaillées de troubles ont eu lieu dans des centaines de villes dont Bordeaux, Nantes et Calais.

« Moi, je suis dans le soin, on ne peut pas travailler jusqu’à 64 ans avec des gens dont on s’occupe au quotidien, on aura le même âge qu’eux à un moment donné. Ce n’est pas possible physiquement, moralement », a dit à Reuters une manifestante de Rennes (Ille-et-Vilaine), Séverine Trichet, 38 ans.

« CRISE DÉMOCRATIQUE »

Cette 11e journée de mobilisation nationale depuis janvier survient au lendemain de la rencontre entre l’intersyndicale et la Première ministre, qualifiée d' »échec » par les syndicats qui ont de nouveau demandé le retrait du projet de loi, alors qu’Elisabeth Borne souhaitait aborder avec eux d’autres sujets liés au travail, objet d’un projet de loi en préparation.

Face au refus gouvernemental de retirer le texte qui prévoit le report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans, l’intersyndicale a rejeté l’ouverture « d’autres séquences de concertation » et appelé à poursuivre la contestation.

« On est dans une crise sociale, une crise démocratique et la solution c’est (le président) qui l’a entre les mains », a dit Laurent Berger sur RTL.

La réunion de Matignon « n’a pas servi à rien », a jugé de son côté le ministre du Travail, Olivier Dussopt, qui a reconnu l’existence d’une crise sociale mais pas d’une « crise démocratique ». « Il y a toujours un désaccord mais il y a des perspectives », a-t-il dit sur BFMTV-RMC.

« La crise démocratique, ce n’est pas ça », a estimé pour sa part le porte-parole du gouvernement Olivier Véran sur France Inter. « C’est si les extrêmes arrivent au pouvoir par exemple et considèrent que le Conseil constitutionnel, ce n’est pas important ».

Les membres du Conseil constitutionnel doivent rendre le 14 avril leur décision sur la conformité du texte avec la Loi fondamentale, ultime étape avant la promulgation par le président de la République.

En Chine, où Emmanuel Macron est actuellement en visite d’Etat, l’entourage du président a évoqué une rencontre entre le chef de l’Etat et les syndicats après la décision des « sages ».

La grève de ce jeudi perturbe de nouveau les transports, même si elle est moins suivie à la RATP, avec un trafic quasi normal en Île-de-France. La SNCF a annoncé pour sa part trois TGV sur quatre en circulation ainsi qu’un TER sur deux.

Dans l’enseignement, le ministère de l’Education nationale a annoncé dans un communiqué 8% de grévistes à la mi-journée.

Au chapitre énergétique, la décision gouvernementale de procéder à des réquisitions à la raffinerie de Total de Gonfreville, à l’arrêt depuis le 21 mars, a été invalidée par le juge des référés du tribunal de Rouen (Seine-Maritime).

« J’espère que le gouvernement réfléchira à deux fois avant de retenter une réquisition, maintenant que la juge a reconnu qu’il s’agissait d’une atteinte illégale au droits des gens de faire la grève », a dit à Reuters Eric Sellini, coordinateur syndical CGT pour les travailleurs de TotalEnergies.

(Rédigé par Elizabeth Pineau et Kate Entringer, avec Stéphane Mahé à Rennes, Alain Acco, Antony Paone, Sarah Meyssonnier et la contribution d’America Hernandez, Marine Strauss, Jean-Stéphane Brosse et Bertrand Boucey, édité par Blandine Hénault, Jean-Stéphane Brosse et Tangi Salaün)

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