Mort de Nahel Merzouk: Le gouvernement cherche une sortie de crise après une troisième nuit de violences
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Le gouvernement cherche vendredi une sortie de crise après une troisième nuit de violences urbaines consécutives à la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué à Nanterre par un tir de policier lors d’un contrôle routier.
Une nouvelle réunion de la cellule interministérielle de crise a été convoquée à 13h00 (11h00 GMT) et sera présidée par Emmanuel Macron, qui a écourté sa présence au sommet européen de Bruxelles, sans donner de conférence de presse.
En déplacement à Evry-Courcouronnes (Essonne) avec le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, la Première ministre Elisabeth Borne a indiqué que « toutes les hypothèses » seraient examinées avec le chef de l’Etat, dont celle de l’instauration de l’état d’urgence.
« Nous allons examiner naturellement les moyens qui peuvent être déployés pour la nuit prochaine. Et puis on regarde également les hypothèses juridiques, le cadre d’intervention et tout ça sera discuté autour du président de la République », a-t-elle dit à la presse, ajoutant que la priorité était « le retour de l’ordre républicain sur tout le territoire ».
Le gouvernement a mobilisé jeudi soir 40.000 policiers et gendarmes, dont 5.000 en région parisienne, alors que la tension peine à retomber autour de l’affaire Nahel et fait revivre le spectre des émeutes de banlieue qui avaient secoué la France durant plusieurs semaines en 2005.
Les violences urbaines qui ont éclaté dans la nuit de jeudi à vendredi ont donné lieu à 667 interpellations en France par les forces de l’ordre qui ont recensé 249 policiers et gendarmes blessés, selon le ministère de l’Intérieur.
VIOLENCES ET PILLAGES
Des scènes de pillages et de violences ont été observées à Paris, en Ile-de-France ainsi que dans des villes de province comme à Marseille (Bouches-du-Rhône), Bordeaux (Gironde) ou encore Roubaix (Nord). Des bâtiments publics et des magasins ont été pris pour cible, saccagés ou incendiés.
A Marseille, 56 interpellations ont été effectuées et 38 policiers ont été blessés, a déclaré la préfecture des Bouches-du-Rhône.
Dans la seule région parisienne, neuf policiers et pompiers ont été blessés et 307 interpellations ont été effectuées, selon la préfecture de police.
Une vingtaine de bus ont été brûlés en Ile-de-France, dont douze dans un entrepôt d’Aubervilliers, a déclaré le ministre des Transports Clément Beaune sur RMC, avant de se rendre sur place.
De fortes perturbations sont encore à prévoir dans la journée dans les transports publics de la région, a-t-il dit, sans exclure la fermeture dans la soirée des bus ou tramways, comme la veille.
« On n’hésitera pas à prendre des mesures de sécurité ou de précaution », a déclaré Clément Beaune.
Sur Twitter, la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a annoncé qu’elle ferait voter mercredi un fonds d’aide d’urgence de 20 millions d’euros pour aider les communes touchées par les dégradations.
Jeudi, une marche blanche a réuni plus de 6.000 personnes à Nanterre en hommage à Nahel, tué deux jours plus tôt après un refus d’obtempérer lors d’un contrôle routier.
Le policier auteur du coup de feu mortel a été mis en examen pour homicide volontaire et a passé la nuit en détention. Son avocat, Laurent-Franck Liénard, a indiqué qu’il contesterait son placement en détention provisoire.
(Rédigé par Zhifan Liu et Blandine Hénault, avec la contribution d’Elizabeth Pineau et Marc Leras, édité par Jean-Stéphane Brose)