Faute de réaction, Paris estime que Moscou cautionne les agissements de Minsk-Le Drian
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.L’absence de réaction de la Russie à la décision de la Biélorussie de faire atterrir de force un avion dimanche afin d’arrêter un opposant présent à bord « vaut caution », a estimé mercredi Jean-Yves Le Drian.
« L’absence de réaction de la Russie vaut caution », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères sur France 2.
« Si d’aventure le président (russe Vladimir) Poutine voulait se démarquer du président (biélorusse Alexandre) Loukachenko, il le ferait. Au contraire il semble bien qu’on banalise cet événement qui est un événement très grave. »
Pour Jean-Yves Le Drian, à travers l’incident du week-end et ses répercussions, ce sont notamment des complicités idéologiques entre Minsk et Moscou – dont l' »autoritarisme » et la « volonté de tuer la société civile » – qui « se manifestent ».
Alors que les dirigeants des Vingt-Sept, réunis en début de semaine à Bruxelles pour un conseil européen, ont décidé lundi de nouvelles sanctions contre Minsk en l’isolant du trafic aérien, le ministre français a défendu des mesures qu’il a jugées « très significatives ».
L’interdiction de pénétrer dans l’espace aérien européen, « c’est une mesure très forte », a déclaré Jean-Yves Le Drian en précisant que « dans ces cas-là il faut toucher au portefeuille. »
Au-delà de la question biélorusse, les dirigeants des Vingt-Sept ont aussi débattu mardi de la relation entre l’Union européenne (UE) et la Russie et ont « condamné les activités russes illégales, provocatrices et déstabilisatrices à l’encontre de l’UE, de ses États membres et d’autres », réaffirmant la solidarité de l’UE et son soutien à ses partenaires d’Europe orientale.
Jugeant que l’Europe est sans doute arrivée « à un moment de vérité dans (sa) relation avec la Russie », un voisin « parfois insupportable », Jean-Yves Le Drian a jugé que la « mise au point » réclamée par l’UE serait probablement au programme de l’entretien entre Vladimir Poutine et le président des Etats-Unis Joe Biden mi-juin en Suisse.
Mais après ce qui vient de se passer en Biélorussie, « je ne suis pas sûr (que) le président Poutine arrive en position de force ».
Minsk a contraint un avion de la compagnie Ryanair à atterrir afin de procéder à l’arrestation du journaliste dissident Roman Protassevitch, âgé de 26 ans, un incident qui a poussé les puissances occidentales à isoler la Biélorussie du trafic aérien.
(Bertrand Boucey et Myriam Rivet)