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Entretien Xi-Zelensky pour la première fois depuis le début de la guerre

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par Dan Peleschuk et Ethan Wang

KYIV/PEKIN (Reuters) – Le président chinois Xi Jinping s’est entretenu mercredi par téléphone avec son homologue ukrainien Volodimir Zelensky pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine, répondant ainsi à une demande de Kyiv qui exprimait publiquement depuis plusieurs mois son désir de discuter avec Pékin.

Volodimir Zelensky a profité de cette ouverture diplomatique pour afficher sa volonté de nouer des relations plus étroites avec la Chine, allié le plus puissant de la Russie, en nommant un ancien ministre comme nouvel ambassadeur de l’Ukraine à Pékin.

Indiquant via Twitter que l’entretien téléphonique avait duré une heure, le dirigeant ukrainien a déclaré que les échanges ont été « significatifs » et dit penser que cela donnerait un « puissant élan pour développer » les relations bilatérales.

D’après la presse officielle chinoise, Xi Jinping a informé Volodimir Zelensky qu’il comptait envoyer des représentants en Ukraine et mener des discussions avec toutes les parties désireuses de parvenir à la paix.

Principal dirigeant mondial à n’avoir pas condamné l’offensive de la Russie en Ukraine, que Moscou présente comme une « opération militaire spéciale » mais que Kyiv et les Occidentaux dénoncent comme une invasion, Xi Jinping a effectué le mois dernier une visite à Moscou lors de laquelle il a réaffirmé avec son homologue russe Vladimir Poutine la solidité des liens entre les deux pays, signataires l’an dernier d’un « partenariat sans limite ».

La Chine se présente comme un possible médiateur de ce qu’elle qualifie de crise ukrainienne, avec un plan de paix en douze points présenté en février que les Occidentaux ont accueilli avec scepticisme mais que Kyiv voit comme un signal de la volonté de Pékin de trouver une issue à la guerre.

Xi Jinping a déclaré à Volodimir Zelensky que la Chine allait promouvoir des discussions de paix et s’évertuer à parvenir dès que possible à un cessez-le-feu, a rapporté la presse officielle chinoise.

« NOUS NE RESTERONS PAS PASSIFS »

« En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu et pays majeur responsable, nous ne resterons pas passifs, ni ne jetterons de l’huile sur le feu, et chercherons encore moins à profiter » de la situation, a dit le dirigeant chinois.

Rendant compte de l’entretien via la messagerie Telegram, Volodimir Zelensky a indiqué que les deux dirigeants ont discuté d’une « possible coopération pour établir une paix juste et durable en Ukraine ».

La Maison blanche a salué cet échange téléphonique, dont elle a dit n’avoir pas été informée au préalable, ajoutant toutefois qu’il était prématuré de dire qu’un accord de paix était à l’horizon.

A Paris, le ministère des Affaires étrangères a déclaré comme « positive » la tenue de cet entretien téléphonique et indiqué que le président français Emmanuel Macron avait « plaidé » auprès de Xi Jinping lors de sa visite en Chine pour qu’un « tel appel se tienne rapidement ».

Le conflit semble à un tournant, alors que Kyiv prépare une contre-offensive printanière après un regain des efforts russes durant l’hiver qui ont rendu les affrontements encore plus sanglants, dans l’Est de l’Ukraine, sans permettre à Moscou d’engranger des gains importants.

Pour l’heure, rien n’indique que des discussions de paix auront lieu. L’Ukraine demande que la Russie retire l’ensemble des troupes de son territoire, tandis que Moscou veut que Kyiv reconnaisse qu’il n’est plus souverain dans les territoires annexés par l’armée russe.

Volodimir Zelensky a rappelé mercredi qu’il ne pouvait y avoir aucun accord avec des « compromis territoriaux », demandant le rétablissement des frontières ukrainiennes de 1991 – soit avant, notamment, l’annexion de la péninsule de Crimée par la Russie en 2014.

Kyiv a régulièrement exprimé sa volonté que Pékin use de son influence sur Moscou pour mettre fin au conflit, alors que la Chine a dénoncé les sanctions occidentales contre la Russie et est devenue son principal partenaire commercial – achetant notamment le pétrole russe dont les livraisons ont été interdites en Europe après le début de la guerre.

A Moscou, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a commenté l’entretien Xi-Zelensky en disant « noter la volonté du camp chinois de faire des efforts pour mettre en place un processus de négociation ».

Cet entretien intervient par ailleurs après que des propos de l’ambassadeur de Chine en France ont provoqué l’inquiétude des puissances européennes. Lu Shaye a déclaré en fin de semaine dernière que les pays de l’ex-Union soviétique n’avaient « pas de statut effectif dans le droit international ». Pékin a dit par la suite n’avoir pas modifié sa position sur le statut de ces pays.

(Reportage Dan Peleschuk à Kyiv et Ethan Wang à Pékin, avec Steve Holland, Susan Heavey et David Brunnstrom à Washington; version française Jean Terzian)

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