Attal multiplie les annonces, priorité au travail, à l’école et au concret
par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) – Travail et éducation ont été les thèmes phares du discours de politique générale du Premier ministre français, Gabriel Attal, qui a promis mardi de « désmicardiser » et de « débureaucratiser » la France dans une intervention au ton vif truffée d’annonces censées améliorer le quotidien.
Pendant une heure vingt à l’Assemblée nationale, où il a ignoré le brouhaha des députés de La France insoumise, le chef du gouvernement a égréné les mesures concrètes, y compris à l’adresse des agriculteurs mobilisés dans tout le pays.
Gabriel Attal, qui s’adressera mercredi au Sénat, n’a pas soumis son discours au vote, conduisant les groupes de gauche à déposer une motion de censure contre son gouvernement.
« Nous sommes prêts à affronter pour avancer », a dit l’élu nommé il y a trois semaines à la tête d’une équipe de 14 ministres qui reste à compléter. « La France ne sera jamais une Nation qui subit. Ni hier, ni aujourd’hui, ni demain. »
Après un bilan des six ans et demi de pouvoir d’Emmanuel Macron, il s’est adressé à ceux « qui ne demandent pas la Lune mais simplement à pouvoir vivre de leur travail, éduquer leurs enfants, se soigner, et vivre en sécurité. »
Gabriel Attal a dit sa volonté de « désmicardiser » le pays lors du prochain projet de loi de finances en baissant les charges « qui pèsent sur la classe moyenne » et confirmé l’engagement d’une baisse d’impôts de deux milliards d’euros.
Il a annoncé la généralisation, en janvier 2025, du conditionnement du versement du Revenu de solidarité active (RSA) à 15 heures d’activité. Les chômeurs en fin de droits n’auront plus d’allocation spécifique et seront directement basculés au RSA.
Un projet de loi déposé au second semestre 2024 portera sur « le mérite » des fonctionnaires et leur rémunération. Gabriel Attal a prôné l’expérimentation de « la semaine de quatre jours » dans les administrations centrales et déconcentrées.
Il a par ailleurs lancé l’idée que les personnels d’entretien travaillent aux horaires de bureau.
« TRAVAUX D’INTÉRÊTS ÉDUCATIFS »
En pleine crise du logement, il a prôné la réquisition des bâtiments vides et proposé de créer 30.000 nouveaux logements d’ici trois ans dans 20 territoires désignés.
Le chef du gouvernement, qui a été pendant six mois ministre de l’Education nationale, a annoncé pour mars une réforme de la formation initiale des enseignants ainsi qu’une prime de 800 euros et une augmentation de 200 euros nets par mois pour les infirmières scolaires.
Six mois après des émeutes qui ont sidéré le pays, il a proposé des « travaux d’intérêt éducatif » pour les délinquants de moins de 16 ans. « Tu casses tu répares, tu salis tu nettoies, tu défies l’autorité, tu apprends à la respecter », a-t-il lancé.
« Les écrans sont une catastrophe éducative en puissance », a-t-il aussi déclaré, prônant la régulation de leur usage.
Le port de l’uniforme à l’école sera généralisé à la rentrée 2026 si l’expérimentation en cours est concluante. Même chose pour le Service national universel à la rentrée 2026 avant le lancement, d’ici la fin du quinquennat, d’un Service civique écologique pour 50.000 jeunes volontaires.
En matière de laïcité, celui qui a interdit l’abaya dans les établissements scolaires a déclaré : « On ne négocie pas avec la République, on l’accepte, on la respecte ».
« TAPER LES DEALERS AU PORTE-MONNAIE »
Au chapitre sécuritaire, Gabriel Attal a donné priorité à la lutte contre les cambriolages et le trafic de drogue, invitant à « taper les dealers au porte-monnaie et leur couper les vivres »
Quelques semaines après le vote dans la douleur de la loi controversée sur l’immigration, il a dit vouloir « assumer d’accueillir moins pour accueillir mieux » et confirmé la réforme de l’Aide médicale d’Etat d’ici l’été, par voie réglementaire
Au chapitre santé, la lutte contre les déserts médicaux passera par la régularisation des médecins étrangers présents en France et le recrutement de soignants au-delà des frontières.
Le Premier ministre s’est aussi adressé aux patients indisciplinés : « Quand on a rendez-vous chez le médecin et qu’on ne vient pas sans prévenir, on paye », a-t-il dit.
D’une manière générale, Le Premier ministre s’est prononcé pour un dépoussiérage des normes et une libération des énergies, affirmant par exemple que « tous les comités qui ne se seront pas réunis dans les 12 derniers mois seront supprimés. »
Alors que les agriculteurs en colère menacent de bloquer Paris depuis plusieurs jours, Gabriel Attal a fait de nouvelles annonces, notamment des aides pour les frais vétérinaires et le carburant GNR.
En fin d’un discours où il a aussi attaqué le Rassemblement national (RN) à cinq mois des élections européennes, Gabriel Attal, 34 ans, s’est permis une note plus personnelle.
« Etre Français en 2024, c’est pouvoir être Premier ministre et ouvertement homosexuel », a-t-il dit.
L’opposition s’est montrée intraitable avec le chef du gouvernement, jugé sur Twitter « réactionnaire » par le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon.
« Ce n’est pas Gabriel Attal qu’on a entendu, c’est Gabriel Thatcher », a estimé de son côté sur BFM TV le leader du Parti communiste, Fabien Roussel, en référence à l’ex-Première ministre conservatrice britannique Margaret Thatcher.
A la tribune, la présidente du groupe RN Marine Le Pen a dénoncé un « catalogue » de mesures inspirées par « le pire de la droite et le pire de la gauche ».
(Reportage Elizabeth Pineau, avec la contribution de Bertrand Boucey)
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