Stellantis prudent sur son redressement en 2025 après une année noire
par Gilles Guillaume et Giulio Piovaccari
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PARIS/MILAN (Reuters) – Stellantis a annoncé mercredi viser un retour de la croissance de ses ventes et de sa génération de cash en 2025 après une année de crise marquée par de lourdes difficultés opérationnelles aux Etats-Unis et en Europe qui ont fait chuter ses résultats et ses actions et l’ont conduit à se séparer de son directeur général Carlos Tavares.
Le constructeur automobile prévoit cette année une croissance de son chiffre d’affaires net ainsi que des free cash flow industriels positifs – au second semestre, a-t-il précisé dans un support de présentation – mais ce rebond visé n’a pas complètement rassuré les investisseurs dans un contexte de concurrence chinoise accrue, de nouvelles barrières douanières américaines et de durcissement de la réglementation européenne sur les émissions de CO2.
Dans les premiers échanges, l’action Stellantis perdait 5,6%, plus forte baisse des principales valeurs de la Bourse de Milan. Dans une note, les analystes de Jefferies pointent « les prévisions pessimistes » qui ont accompagné la publication des résultats.
« Nous restons déterminés à gagner des parts de marché et à améliorer nos performances financières tout au long de l’année 2025 », a déclaré le président de Stellantis, John Elkann, aux commandes opérationnelles du groupe jusqu’à la nomination d’un nouveau directeur général.
Ce processus est en cours et devrait être finalisé au premier semestre, a ajouté le constructeur, qui a proposé un dividende 0,68 euro par action au titre de l’exercice écoulé, bien inférieur toutefois aux 1,55 euro de l’exercice précédent.
MARGE A UN CHIFFRE
Le constructeur né en 2021 de la fusion de PSA et FCA ne prévoit pas encore d’amélioration franche de sa profitabilité cette année, avec un objectif de marge opérationnelle ajustée autour de 5%, globalement stable par rapport aux 5,5% de 2024.
Ce niveau de marge, loin des records à deux chiffres affichés plusieurs années d’affilée sous l’ère Tavares – et des 12,8% de 2023 – s’inscrit dans le bas de la fourchette visée par Stellantis lors de son avertissement spectaculaire de septembre sur ses résultats.
« C’est toujours très difficile de redresser la barre dans une entreprise automobile. Remplacer la gamme de produits et modifier la politique de prix pour la rendre attractive aux yeux des clients est un processus long et coûteux », écrivent de leur côté les analystes de Citi dans une note.
Stellantis a fait état pour 2024 d’un chiffre d’affaires net en baisse de 17% à 156,9 milliards d’euros et d’un bénéfice net en chute libre de 70% à 5,5 milliards d’euros.
Le groupe a été frappé de plein fouet par une baisse des ventes et un gonflement des stocks, principalement aux Etats-Unis, son marché le plus rentable, l’absence de certains modèles et des prix trop élevés ayant fait fuir nombre de clients de longue date.
Pour redresser ses activités américaines, Stellantis a dû réduire la production et offrir d’importants rabais, amputant sa profitabilité et effaçant plusieurs milliards d’euros de capitalisation boursière.
Après un pic autour de 27 euros début 2024, l’action Stellantis avait touché son plus bas niveau depuis juillet 2022 sous les 12 euros juste après le départ de Carlos Tavares.
10 NOUVEAUX LANCEMENTS
Reflet des multiples difficultés qu’il a rencontrées en 2024, les cash flow industriels ont été négatifs à hauteur de six milliards d’euros, une hémorragie surtout enregistrée au second semestre.
Le bénéfice opérationnel a souffert du ralentissement des usines, consécutif au déstockage et au ralentissement des ventes, mais aussi d’une nouvelle provision de 768 millions d’euros liée au rappel de voitures équipées d’airbags Takata défectueux en Europe, en Amérique du Sud et au Moyen-Orient.
Cette facture estimée, qui vient s’ajouter aux 941 millions déjà provisionnés par le groupe depuis 2022 pour atteindre maintenant un total potentiel de 1,7 milliard, reflète notamment l’extension des rappels de Citroën C3 et DS3 au Nord de l’Europe, et non plus seulement sur la partie Sud.
Le groupe a déclaré avoir remédié à l’absence de certains modèles dans son offre produit, qui a pesé sur sa part de marché aux Etats-Unis et en Europe, et corrigé désormais le gonflement des stocks sur le marché américain.
Il compte aussi sur ses dix nouveaux lancements programmés en 2025 et sur ses quatre architectures de véhicules multi-énergies, désormais en ordre de bataille.
(Reportage Gilles Guillaume et Giulio Piovaccari, avec Clément Martinot et Federica Mileo, édité par Kate Entringer)
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