Récession, inflation et hausses de taux reprennent le dessus
PARIS (Reuters) – Wall Street est attendue en baisse et les Bourses européennes reculent à mi-séance mercredi, le basculement de plus en plus net en récession de l’Europe et un regain d’inquiétude sur les hausses de taux incitant aux prises de bénéfice après la bouffée d’euphorie des deux premières séances de la semaine.
Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en repli de 0,74% pour le Dow Jones, de 0,69% pour le Standard & Poor’s 500 et de 0,68% pour le Nasdaq.
À Paris, le CAC 40 perd 0,72% à 5.995,97 points vers 10h55 GMT. A Londres, le FTSE 100 cède 1,11% et à Francfort, le Dax abandonne 0,75%.
L’indice EuroStoxx 50 est en baisse de 0,85%, le FTSEurofirst 300 de 0,81% et le Stoxx 600 de 0,78%.
Ce dernier avait pris près de 4% sur les deux séances précédentes.
Les résultats définitifs des enquêtes PMI de S&P Global auprès des directeurs d’achats du secteur privé en Europe n’ont fait que confirmer qu’un récession est imminente ou déjà à l’oeuvre dans la zone euro comme au Royaume-Uni.
Ils soulignent aussi la persistance des tensions inflationnistes, que la très probable réduction de la production de pétrole de l’Opep+ pour soutenir le prix du baril ne contribuera pas à résoudre.
« Nous prévoyons une entrée en récession de la zone euro au troisième trimestre et pour trois trimestres », commente Mateusz Urban, économiste senior d’Oxford Economics, en soulignant que « malgré la dégradation des perspectives, le risque inflationniste reste élevé ».
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a par ailleurs nettement abaissé sa prévision de croissance des échanges mondiaux pour 2023, à 1,0% contre 3,4%.
Sur le front des taux d’intérêt, alors que la baisse moins forte qu’attendu décidée en Australie avait favorisé le rebond spectaculaire de mardi, la banque centrale de Nouvelle-Zélande a tempéré l’enthousiasme général en relevant son taux directeur d’un demi-point, à 3,5%, et en laissant entendre qu’elle poursuivra le resserrement dans les mois à venir.
La séance à Wall Street sera animée par l’enquête mensuelle ADP sur l’emploi (à 12h15 GMT) et par l’indice ISM des services (à 14h00 GMT).
TAUX
Les rendements des bons du Trésor américain sont repartis à la hausse après deux séances de nette baisse, les déclarations de la banque centrale néo-zélandaise ayant relancé le débat sur l’attitude de la Réserve fédérale dans les semaines à venir.
Celui des Treasuries à dix ans reprend plus de sept points de base à 3,6908% et son équivalent à deux ans près de trois points à 4,1233%.
En Europe, le dix ans allemand est en hausse de quatre points à 1,923%.
CHANGES
Le dollar reprend quelques couleurs au lendemain de sa pire séance depuis plus de deux ans, les déclarations de la banque centrale néo-zélandaise faisant office de piqûre de rappel pour les cambistes sur la poursuite de la remontée des taux.
L’indice qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de référence gagne 0,72% après une chute de 1,5% mardi. Il accuse encore un repli de près de 4% par rapport au plus haut historique inscrit la semaine dernière.
L’euro, qui était monté mardi au plus haut depuis le 20 septembre tout près de la parité, retombe à 0,9919.
La livre sterling, qui restait sur six séances de rebond, rétrocède 0,92% face au dollar en attendant le discours de la Première ministre britannique, Liz Truss, au congrès annuel du Parti conservateur à Birmingham.
VALEURS EN EUROPE
Le repli des actions n’épargne aucun des grands secteurs de la cote européenne. Parmi les replis les plus marqués figurent le compartiment de l’automobile, dont l’indice Stoxx cède 2,85%, celui des banques (-2,13%) et celui de la distribution (-2,54%).
Ce dernier est plombé par le britannique Tesco, qui abandonne 3,76% après avoir ajusté à la baisse sa prévision de bénéfice annuel.
À Paris, l’exploitant de centres commerciaux Unibail-Rodamco-Westfield chute de 5,54%, la plus forte baisse du CAC 40.
PÉTROLE
Le marché pétrolier n’échappe pas au retour au premier plan des craintes pour la croissance mondiale mais il conserve l’essentiel des gains engrangés lundi et mardi avec la perspective d’une réduction marquée de la production de l’Opep+, qui devrait être officialisée dans les heures à venir.
Le Brent abandonne 0,73% à 92,47 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,65% à 87,08 dollars.
Ils avaient pris respectivement 4,4% et 8,8% sur les deux séances précédentes.
(Rédigé par Marc Angrand, édité par Jean-Stéphane Brosse)