L’Europe finit dans le vert sans Wall Street et à l’entame d’une semaine chargée
par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) – Les Bourses européennes, à l’exception de Francfort, ont terminé dans le vert lundi, soutenues principalement par les valeurs pétrolières et des achats à bon compte, à l’issue d’une séance peu étoffée en l’absence des investisseurs américains pour cause de fête nationale aux Etats-Unis.
À Paris, le CAC 40 a fini sur un gain de 0,4% à 5.954,65 points. Le Footsie britannique a pris 1,03%. Le Dax allemand a en revanche cédé 0,31%.
L’indice EuroStoxx 50 a avancé de 0,3%, le FTSEurofirst 300 0,71% et le Stoxx 600 de 0,61%.
Le rebond affiché lundi par plupart des places boursières européennes pourrait cependant être de courte durée tant les inquiétudes sur l’inflation et la récession sont loin d’avoir disparu.
Les données publiées lundi par l’office fédéral de la statistique (OFS) montrent que l’inflation en Suisse a atteint en juin son plus haut niveau depuis 29 ans avec un taux à 3,4% sur un an. En Zone euro, l’inflation est ressortie vendredi dernier au niveau record de 8,6% sur un an en juin, tandis que les prix à la production, publiés lundi, affichent en mai une hausse de 36,3% sur un an.
Les données de l’enquête Sentix indiquent par ailleurs lundi que le moral des investisseurs en zone euro s’est dégradé plus que prévu en juillet pour tomber à son plus bas niveau depuis mai 2020, laissant augurer, dit le cabinet d’études, une récession « inévitable ».
Les investisseurs ont également en ligne de mire les comptes rendus des réunions de politique monétaire de juin de la Réserve fédérale américaine et de la Banque centrale européenne, qui seront publiés respectivement mercredi et jeudi. À cela, s’ajoute les chiffres très attendus vendredi du rapport mensuel sur l’emploi aux Etats-Unis.
En France, sur le plan politique, deux semaines après le revers du camp présidentiel aux élections législatives, une nouvelle équipe de 41 membres dirigée par Elisabeth Borne a été présentée lundi, avec Olivier Véran comme nouveau porte-parole du gouvernement et le départ de Damien Abad, visé par une plainte pour tentative de viol.
VALEURS EN EUROPE
En Europe, les compartiments de l’énergie (+4,1%) et des ressources de base (+1,43%), tirés par les craintes sur l’offre, ont affiché les meilleures performances du Stoxx 600, tandis que de l’autre côté du spectre, l’immobilier (-2,73%), pénalisé par la perspective d’une remontée rapide des taux d’intérêt, a accusé la plus forte baisse. TotalEnergies a avancé de 4,54%, Shell de 3,86%, BP de 4,40% et Eni de 3,12%.
Dans l’actualité des entreprises, Atos a plongé de 10,61% alors que plusieurs actionnaires du groupe ont écrit au conseil d’administration pour réclamer le départ du président, Bertrand Meunier, selon un article du quotidien Le Monde.
Elior, en repli de 4,28%, a également été pénalisé par l’annonce de la nomination de Bernard Gault au poste de PDG, les analystes soulignant l’incapacité du groupe de restauration collective à trouver un candidat externe.
Ailleurs en Europe, EasyJet a reculé de 4,40% en réaction à l’annonce de la démission de son directeur général adjoint Peter Bellew sur fond d’annulations de vols, tandis que le fabricant autrichien de capteurs AMS Osram a fléchi de 7,86%, affecté par l’abaissement de la recommandation de JP Morgan à « neutre » sur la valeur.
A WALL STREET
La Bourse de New York, qui a fini en hausse vendredi, restera fermée ce lundi en raison du 4 juillet, fête de l’indépendance aux Etats-Unis.
CHANGES
Le dollar, à un sommet de 20 ans, avance de 0,11% face à un panier de devises de référence dans un contexte de volumes d’échanges réduits.
L’euro, en repli de 0,09%, se traite à 1,0419 dollar, à peine au-dessus du creux de cinq ans touché en mai à 1,0349. La monnaie unique, qui perdu 8% depuis le début de l’année face au dollar, pâtit du resserrement monétaire de la BCE jugé plus modeste que celui de la Fed.
TAUX
Les rendements obligataires en Europe ont rebondi après avoir reculé la semaine dernière alors que les marchés monétaires tablent désormais sur une hausse du coût du crédit en zone euro de 140 points de base d’ici la fin de l’année. Le président du directoire de Deutsche Bank, Christian Sewing, a par ailleurs déclaré lundi souhaiter un relèvement du taux directeur de la BCE plus rapidement qu’annoncé, tandis que Joachim Nagel, le président de la Bundesbank, a estimé que la lutte contre l’inflation pourrait nécessiter davantage de hausses de taux que prévu.
Le rendement du Bund allemand à dix ans a fini sur un gain de 11 points de base à 1,333% et celui de l’OAT française de même échéance a pris 12,9 points à 1,936%.
PÉTROLE
Les cours pétroliers montent, les tensions sur l’offre l’emportant sur les craintes d’une récession, qui pourrait pénaliser la demande. Une enquête Reuters montre une baisse de la production de l’Opep en juin, tandis que celle de la Libye et de l’Equateur sont affectées par des troubles et celle de la Norvège pourrait être réduite cette semaine d’environ 8% par une grève.
Les analystes de JP Morgan estiment par ailleurs que le pétrole pourrait atteindre la barre stratosphérique de 380 dollars le baril dans « le scénario le plus extrême », celui où la Russie déciderait de réduire sa production de pétrole de cinq millions de barils par jour (bpj) en riposte aux sanctions envisagées par le G7.
Au moment de la clôture des Bourses en Europe, le Brent prend 1,82% à 113,66 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) avance de 1,78% à 110,36 dollars le baril.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Sophie Louet)