Les réassureurs confrontés à l’ouragan Milton, Scor parmi les plus exposés, selon Barclays
PARIS (Reuters) – L’ouragan Milton pourrait dépasser les 60 milliards de dollars de pertes assurées et peser sur les résultats des réassureurs européens, particulièrement ceux de Scor, estiment les analystes de Barclays dans une note publiée mardi.
Rétrogradé en catégorie 4, l’ouragan Milton devrait toucher mercredi l’Etat de Floride, où plus d’un million de personnes ont reçu l’ordre d’évacuer.
« Milton pourrait être l’un des ouragans les plus destructeurs jamais enregistrés dans le centre-ouest de la Floride », a prévenu le Centre national des ouragans des États-Unis (NHC), qui prévoit que la tempête s’abatte près de la région métropolitaine de Tampa Bay qui compte plus de trois millions d’habitants.
« Avec la trajectoire prévue vers la région très peuplée de Tampa-St.Petersburg, nous voyons le potentiel d’une tempête dévastatrice qui pourrait surpasser l’ouragan Ian », estiment les analystes de Barclays.
L’ouragan Ian avait balayé la Floride fin septembre 2022, causant 60 milliards de dollars de pertes assurées et se classant au deuxième rang des ouragans les plus coûteux de l’histoire pour le secteur, selon le Swiss Re Institute.
Les analystes de Barclays rappellent néanmoins que la fourchette des pertes potentielles reste large allant de 10 milliards de dollars à plus de 100 milliards de dollars.
Les grands réassureurs européens, à qui les assureurs cèdent une partie significative de leurs risques, prendront une part importante des pertes liées à cette catastrophe naturelle.
Si Munich Re, Hannover Re et Beazley sont bien placés grâce à leur fortes réserves ou leur faible exposition, Scor et Swiss Re pourraient être particulièrement exposés à un choc de 50 milliards à 100 milliards de dollars pour le secteur, estiment les analystes de Barclays.
Selon leurs calculs, le bénéfice avant impôts en 2024 de Scor serait le plus grevé par des pertes de 75 milliards de dollars provoqués par l’ouragan Milton avec un résultat qui tomberait dans le rouge.
Le réassureur français, qui affichait un ratio de solvabilité de 201% au premier semestre, pourrait même voir ce ratio dépasser sa limite basse de 185% dans le cas d’un sinistre d’environ 75 milliards de dollars couplé à la baisse des taux et la révision de ses activités vie et santé annoncée au premier semestre, toujours selon Barclays.
Scor, qui avait enregistré une charge nette de rétrocession de 275 millions d’euros fin 2022 pour l’ouragan Ian, a affiché un ratio combiné dans ses activités dommages de 87% au premier semestre 2024 intégrant une charge liée aux catastrophes naturelles s’élevant à 8,6% des revenus nets d’assurance, inférieur au budget de 10%.
L’ouragan Helene qui a balayé la façade Sud-Est des Etats-Unis fin septembre devrait déjà coûter entre 10,5 milliards et 17,5 milliards de dollars au secteur, CoreLogic ayant relevé mardi sa fourchette de pertes assurées.
Joint par Reuters, Scor n’a pas souhaité faire de commentaire. Le réassureur est engagé depuis plusieurs années dans une réduction de son exposition aux catastrophes naturelles.
(Rédigé par Bertrand De Meyer, édité par Blandine Hénault)
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