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Les droits de douane commencent à inquiéter la Fed

par Howard Schneider

WASHINGTON (Reuters) – L’impact sur l’inflation d’une hausse des droits de douane demeure flou, mais les responsables de politique monétaire américains commencent à s’inquiéter des répercussions des mesures de la nouvelle administration américaine sur les anticipations d’inflation, les chaînes d’approvisionnement et les prix.

Le gouvernement américain a relevé les droits de douane sur les produits chinois et multiplie les menaces à l’encontre de ses partenaires commerciaux, adoptant une approche fragmentée plus destructrice pour l’économie qu’une hausse ponctuelle de droits de douane, expliquent des responsables de la Réserve fédérale (Fed). Les ménages et les entreprises doivent alors s’adapter à un environnement incertain dans lequel les prix semblent voués à progresser.

Le risque est que les anticipations d’inflation ne se désancrent, contribuant à une instabilité des prix plus forte, explique la Fed, ce alors que l’administration américaine défend ses projets tarifaires en arguant qu’ils feront baisser à terme l’inflation.

« La plupart des hausses de droits de douane représentent un choc ponctuel sur l’économie mondiale, qui passe ensuite à autre chose », rappelle Raphael Bostic, président de la Fed d’Atlanta, plus tôt ce mois-ci.

Mais si ces mesures douanières, leur mise en place et d’éventuelles ripostes traînent en longueur et affectent les anticipations d’inflation, « il sera pertinent de réagir » à travers la politique monétaire, a ajouté le gouverneur.

A l’inverse, Christopher Waller, membre du conseil des gouverneurs, a déclaré lundi qu’il n’anticipait pas une reprise durable de l’inflation déclenchée par les droits de douane, ajoutant que les banquiers centraux devaient réagir aux données qui se présentaient à eux.

Se positionner pour certains évènements dans une période de volatilité élevée est une bonne manière de « déclencher la paralysie de la politique monétaire », a ajouté le responsable.

Le compte-rendu de la dernière réunion de la Fed, attendu mercredi à 19h00 GMT, pourrait donner davantage d’éléments sur la manière dont la banque centrale se positionne sur ces questions tarifaires. La Fed s’était réunie pour la dernière fois une semaine après l’investiture de Donald Trump et s’était montrée réticente à commenter les mesures de la nouvelle administration, dans un contexte d’incertitude croissante.

AJUSTEMENTS

Une étude de la Fed de Boston conclue qu’une hausse de 25% des droits de douane sur les importations en provenance du Mexique et du Canada, et de 10% sur les importations chinoises, ajouterait 0,8 point de pourcentage à l’inflation américaine.

Ce calcul ne prend pas en compte les nombreux ajustements que les droits de douane provoqueront: les ménages pourraient préférer d’autres produits ou moins consommer, les entreprises absorber les hausses de prix ou les répercuter sur les prix finaux, d’autres pays riposter, tandis que les changes et les taux d’intérêt s’adapteront à cette nouvelle donne.

« L’impact négatif sur la croissance pourrait limiter les répercussions sur l’inflation », soulignent les auteurs de l’étude.

Lors du premier mandat de Donald Trump, les entreprises avaient absorbé les hausses de coûts, mais les responsables de la Fed précisent que le secteur privé est prêt cette fois-ci à transmettre le renchérissement des importations au consommateur final, l’expérience de la pandémie ayant mis en évidence un important pouvoir de fixation des prix.

« Je crois que les entreprises seront plus susceptibles de transmettre les hausses de coûts qu’il y a cinq ans », commentait en janvier Thomas Barkin, président de la Fed de Richmond. Une fois ce processus en cours, « il faut s’inquiéter de l’évolution des anticipations d’inflation », car les consommateurs demeurent marqués par l’épisode de forte hausse des prix post-pandémie.

« Dans l’ensemble, (…) les prix progresseront et l’activité ralentira », estime Andrea Raffo, directeur de la recherche à la Fed de Minneapolis. « L’ampleur de ces répercussions dépendra des biens qui seront taxés et s’il est facile de leur trouver des substituts ». L’incertitude ajoutera aux pressions sur la croissance.

OFFRE

Une enquête réalisée après l’élection de Donald Trump par les économistes Olivier Coibion, Yuriy Gorodnichenko et Michael Weber a montré qu’un tiers des entreprises étaient prêtes à relever ses prix, tandis que la moitié des sondés s’attendaient à une progression des prix. Seuls 28% des sondés estiment plausible l’argument de Donald Trump, selon lequel les entreprises étrangères absorberont les hausses de droits de douane.

Pour le moment, la confiance des marchés et des consommateurs dans la capacité de la banque centrale à maîtriser l’inflation ne semble pas s’éroder, constatent les responsables de la Fed. Le taux de la banque centrale est encore à un niveau considéré comme restrictif, contribuant à un reflux de l’inflation.

Toutefois, des signaux d’alerte commencent à apparaître.

L’enquête de l’Université du Michigan a fait état d’un bond des anticipations d’inflation des consommateurs, bien qu’une autre enquête de sentiment conduite par la Fed de New-York n’ait pas montré de hausse comparable. Les anticipations d’inflation des marchés ont également progressé, bien que le président de la Fed, Jerome Powell, et d’autres responsables de politique monétaire estiment que ces niveaux demeurent compatibles avec l’atteinte de l’objectif d’inflation.

L’état exceptionnel de l’économie américaine, marquée par un chômage faible, une croissance économique supérieure à sa tendance historique, des dépenses de consommation résistantes et des entreprises prêtes à relever leurs prix, empêche de s’appuyer sur les enseignements du premier mandat de Donald Trump, durant lequel la croissance demeurait inférieure au potentiel et l’inflation sous 2%.

Austan Goolsbee, président de la Fed de Chicago, rappelle que l’économie s’est d’abord ajustée rapidement aux premiers chocs tarifaires.

« En 2018, les entreprises ont sans doute délocalisé tout ce qui pouvait l’être facilement hors de Chine, et il n’y reste peut-être que les biens les moins substituables. Dans ce cas, le choc sur l’inflation serait plus important », explique le responsable de politique monétaire. Les répercussions sur les complexes chaînes d’approvisionnement ne doivent pas non plus être sous-estimées.

La pandémie a montré que des turbulences et le réajustement de ces chaînes logistiques pouvaient produire des pressions durables sur les prix.

« Tout le pan de l’offre dans l’économie ne peut pas être négligé », conclut Austan Goolsbee.

(Avec Ann Saphir, version française Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)

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