Les actions en Europe repartent dans le rouge après la Banque du Japon
par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) – Wall Street est attendue en ordre dispersé mardi à l’ouverture tandis que les Bourses européennes repartent dans le rouge à mi-séance au lendemain de leur timide rebond, l’appétit pour le risque étant notamment plombé par la décision surprise de la Banque du Japon (BoJ), dernière des grandes banques centrales à mener une politique accommodante, d’ajuster sa stratégie sur les taux d’intérêt.
Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en hausse de 0,11% pour le Dow Jones et de 0,06% pour le Standard & Poor’s 500, tandis que le Nasdaq devrait refluer de 0,16%.
À Paris, le CAC 40 fléchit de 0,14% à 6.463,95 vers 12h25 GMT. À Francfort, le Dax abandonne 0,16% et à Londres, le FTSE cède 0,05%.
L’indice paneuropéen FTSEurofirst 300 recule de 0,23% et le Stoxx 600 de 0,16%. L’EuroStoxx 50 de la zone euro, pour sa part, grignote 0,08%.
La Banque du Japon a surpris les marchés en annonçant, au terme de deux jours de réunion de politique monétaire, qu’elle permettrait désormais une fluctuation des rendements obligataires japonais à dix ans dans une fourchette de -0,5% à +0,5% alors que le plafond était auparavant fixé à 0,25%.
Cette décision vise à atténuer l’impact de sa politique monétaire très accommodante, à l’opposé de celle des grandes banques centrales. La veille, des sources avaient indiqué à Reuters que le Japon envisageait de réviser sa politique de lutte contre la déflation l’an prochain à la fin du mandat en avril de l’actuel gouverneur de la BoJ, Haruhiko Kuroda.
Malgré l’assouplissement sur le contrôle de la courbe des taux, la BoJ a maintenu son taux d’intérêt négatif de -0,1% sur les dépôts des banques et a annoncé qu’elle allait fortement augmenter ses achats d’obligations.
Sur les marchés financiers, l’indice de référence Nikkei a chuté de 2,46%, au plus bas depuis le 13 octobre, et le rendement des obligations à dix ans a touché un sommet depuis 2015 à 0,47%, tout proche du nouveau plafond implicite de la BoJ.
Pour les analystes, à l’image de Gerry Fowler d’UBS, la décision de la banque centrale japonaise, même modeste, est un premier pas vers la fin de sa politique ultra-accommodante, qui pourrait la conduire à s’attaquer à son tour à l’inflation, qui devrait rester au-dessus de l’objectif de 2% pendant une bonne partie de 2023.
VALEURS EN EUROPE
En Europe, les compartiments cycliques comme l’automobile(-0,85%) et le tourisme (-0,91%) accusent parmi les plus fortes baisses, pénalisées une nouvelle fois par les craintes sur l’évolution de la conjoncture.
L’indice des banques (+1,24%), meilleure performance du Stoxx 600, profite de la perspective d’une remontée soutenue des taux, tandis que l’immobilier (-1,62%), pour les mêmes raisons, est délaissé. Aroundtown et Derwent London, qui reculent respectivement de 6,03% et de 1,55%, pèsent sur ce compartiment après les abaissements des objectifs de cours de Berenberg sur ces deux valeurs.
A Paris, Elior avance de 3,49% après l’annonce de la signature d’un protocole d’acquisition du pôle Multiservices de son principal actionnaire Derichebourg (-1,74%).
Engie, invité par les autorités belges à augmenter de 3,3 milliards d’euros ses provisions sur le nucléaire, perd 4,83%.
Orange cède 0,79% en réaction à l’annonce du départ de son directeur financier, Ramon Fernandez, à la fin du premier trimestre 2023.
CHANGES
Sur le marché des changes, la monnaie japonaise s’est raffermie en séance à 132 yens pour un dollar, un niveau inédit depuis la mi-août, après les annonces de la BoJ.
Le dollar, lui, cède 0,65% face à un panier de devises de référence, tandis que l’euro avance de 0,24%, à 1,063 dollar.
TAUX
Les rendements obligataires progressent en Europe comme aux Etats-Unis dans le sillage du Japon, où les emprunts à dix ans du JGB ont touché un sommet depuis 2015, à 0,47%.
Le rendement du Bund allemand à dix ans s’affiche à 2,26%, en hausse de 7,1 points de base, cinquième séance d’affilée dans le vert.
Son équivalent américain de même échéance se traite à 3,64%, prenant 6,6 points, après avoir atteint 3,71%, à un plus haut d’un mois.
PÉTROLE
La baisse du dollar soutient les cours pétroliers mais la résurgence de l’épidémie de COVID-19 en Chine limite leurs gains.
Le Brent prend 0,51% à 80,21 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,33% à 76,19 dollars.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)