L’emploi américain dope les rendements obligataires et pèse sur les Bourses
par Pauline Foret et Mara Vilcu
(Reuters) – Les Bourses européennes ont terminé en baisse vendredi, fléchissant sous la pression des rendements obligataires alors que les investisseurs revoient leur copie en matière de réduction des taux de la Réserve fédérale (Fed) en 2025 après le solide rapport mensuel sur l’emploi américain.
À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,79% à 7.431,04 points. Le Footsie britannique a clos sur un recul de 0,86% et le Dax allemand de 0,47%.
L’indice EuroStoxx 50 affiche une baisse de 0,8%, le FTSEurofirst 300 de 0,79% et le Stoxx 600 de 0,83%.
Les indices européens, qui évoluaient en ordre dispersé à la mi-séance, ont fléchi après la publication du rapport mensuel du département du Travail américain, qui a montré que l’économie américaine avait créé 256.000 emplois en décembre, soit bien plus que les 160.000 créations prévues par les analystes.
De quoi renforcer les attentes sur un biais très prudent de la Fed sur les baisses de taux envisagées pour 2025.
Les marchés financiers s’attendent désormais à ce que la banque centrale américaine attende juin pour procéder à une nouvelle réduction et s’abstienne par la suite. Avant la statistique sur l’emploi, ils s’attendaient pour 2025 à une première baisse en mai, potentiellement suivie par une deuxième réduction avant la fin de l’année.
Ces nouveaux paris font grimper les rendements obligataires des deux côtés de l’Atlantique, faisant pression sur les marchés d’actions, et alimentant le rallye sur le dollar.
« La hausse des rendements semble vouloir continuer, ce qui est une mauvaise nouvelle pour les marchés d’actions. Est-ce qu’on pourrait vraiment atteindre un rendement de 5% sur le bon du Trésor à dix ans ? Tout espoir d’un début d’année calme a bel et bien disparu à présent », a commenté Neil Birrell, chief investment officer chez Premier Miton.
TAUX
Galvanisés par les anticipations d’un moindre assouplissement monétaire de la Fed, les rendements obligataires américains grimpent, même si la hausse tend à se modérer.
Le taux des emprunts d’Etat américains à 30 ans prend près de 2,9 points à base, à 4,9501%, après avoir brièvement dépassé la barre de 5% pour la première fois depuis octobre 2023.
Le rendement des Treasuries à dix ans gagne 6,2 pb à 4,7428%, tandis que celui à deux ans – le plus sensible aux fluctuations sur la trajectoire de politique monétaire – gagne 10,9 pb à 4,3708%.
En Europe, le taux du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, a terminé sur un gain de 3,5 pb à 2,567% après avoir touché un plus haut en séance depuis juillet, à 2,597%.
CHANGES
Dans le sillage des rendements obligataires américains, le dollar grimpe après la publication de la statistique sur l’emploi aux Etats-Unis.
Le billet vert gagne 0,35% face à un panier de devises de référence, tandis que l’euro perd 0,46% à 1,0251 dollar, tombant à son plus bas niveau depuis novembre 2022.
La livre sterling baisse également de 0,57% face au dollar, pénalisée en outre par les inquiétudes concernant les finances publiques britanniques.
VALEURS EN EUROPE
À Copenhague, Ambu A/S prend la première place du Stoxx 600 avec une hausse de 17,3% après avoir relevé ses perspectives pour 2025.
À Paris, Ubisoft éponge ses pertes après avoir chuté de plus de 7%, le groupe français ayant à nouveau reporté la sortie du dernier jeu de sa série Assassin’s Creed.
A WALL STREET
Pliant sous la pression des rendements des bons du Trésor, les principaux indices américains sont en nette baisse à la mi-séance.
À l’heure de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 1,53%, le S&P 500 de 1,62% et le Nasdaq de 1,9%.
Côté valeurs, Delta gagne 9,98% après avoir déclaré vendredi s’attendre à ce que 2025 soit l’année la plus rentable de son histoire, grâce à la forte demande pour ses billets « premium » et à l’amélioration du pouvoir de fixation des prix du secteur.
D’autres compagnies aériennes américaines grimpent dans son sillage : American Airlines, United Airlines et Alaska Air gagnent entre 2,7% et 5,35%.
Nvidia cède 3,46% après la publication d’informations de presse selon lesquelles l’administration Biden pourrait imposer de nouvelles restrictions sur les exportations de puces utilisées pour l’intelligence artificielle.
PÉTROLE
Les prix du brut s’envolent de plus de 2% pour atteindre leurs plus hauts niveaux depuis octobre, les opérateurs tentant d’évaluer les perturbations potentielles de l’offre après l’imposition de nouvelles sanctions américaines sur le pétrole russe.
Le Brent gagne 2,89% à 79,14 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) est en hausse de 3% à 76,14 dollars.
LES INDICATEURS DU JOUR
Outre le rapport sur l’emploi américain, les investisseurs ont pris connaissance de l’indice de confiance du consommateur de l’Université de Michigan qui s’est établi à 73,2 en janvier, selon les données préliminaires publiées ce vendredi, alors que les analystes tablaient sur 73,8.
(Edité par Blandine Hénault)