Kennedy a joué un rôle clé dans le contentieux contre Merck sur les vaccins
par Dan Levine et Mike Spector
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(Reuters) – Robert F. Kennedy Jr. a joué un rôle déterminant dans le contentieux contre Merck concernant le vaccin Gardasil alors que s’ouvrira la semaine prochaine à Los Angeles un procès à l’encontre du laboratoire pharmaceutique, selon deux avocats proches de l’affaire et des documents déposés au tribunal.
Robert F. Kennedy, candidat lors de la dernière élection présidentielle américaine et désormais soutien du président élu Donald Trump, attend d’être confirmé au poste de secrétaire à la Santé et aux Services sociaux (HHS) dans la future administration américaine. Ce rôle devrait lui donner une autorité directe sur un tribunal spécial chargé d’indemniser les victimes de vaccins.
Les détails de l’affaire Gardasil, un vaccin contre le papillomavirus (HPV) montrent comment Robert F. Kennedy, a manoeuvré au-delà des doutes sur la sécurité et l’efficacité des vaccins, pour monter un dossier contre le secteur pharmaceutique devant la justice.
Robert F. Kennedy, avocat de longue date des détracteurs de vaccins, s’est impliqué dans le litige Gardasil en 2018 en collaboration avec Robert Krakow, un avocat spécialisé dans les effets secondaires causés par les vaccins, a déclaré ce dernier.
En vertu de la législation américaine, ces affaires doivent d’abord être portées devant le tribunal spécial des vaccins géré par le HHS, qui vise à traiter rapidement les demandes, mais plafonne les indemnités et limite la responsabilité des fabricants de vaccins.
Cette procédure a souvent découragé les avocats qui représentent des centaines ou des milliers de plaignants dans des procès en responsabilité civile susceptibles de rapporter des millions, voire des milliards de dollars versés par les entreprises incriminées.
Mais Robert Krakow n’a pas jugé vain de poursuivre Merck directement pour son vaccin Gardasil, après avoir traité des demandes de dommages-intérêts dans le cadre du tribunal des vaccins. Il a également affirmé avoir des preuves que Merck a présenté le Gardasil comme étant un produit sûr, en exagérant ses avantages tout en dissimulant l’existence d’effets secondaires dangereux dont il avait connaissance.
KENNEDY PRÉSENTÉ COMME UNE FORCE GALVANISANTE
Robert F. Kennedy a défendu cette stratégie auprès d’un réseau d’avocats influents qui s’étaient attaqués à de grandes entreprises pour d’autres produits, a déclaré Robert Krakow.
« Il a été une force galvanisante », a-t-il dit à Reuters. La présence de Robert F. Kennedy aux réunions stratégiques sur le Gardasil a permis de susciter l’intérêt d’avocats qu’il n’aurait pas pu recruter tout seul, a-t-il ajouté.
Robert F. Kennedy n’a pas répondu aux demandes de commentaires sur le dossier Gardasil. On ignore si le probable futur secrétaire américain à la Santé touchera des honoraires pour l’affaire Gardasil comme il est d’usage.
Merck n’a pas commenté le rôle de Robert F. Kennedy dans ce litige, qu’il juge sans fondement.
Le Gardasil est recommandé dans le cadre de la vaccination des jeunes de 11 et 12 ans par les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies afin de prévenir le cancer du col de l’utérus et d’autres cancers causés par le virus. A fin 2022, près de 160 millions de doses avaient été distribuées aux Etats-Unis, selon les données officielles.
« Un lot écrasant de preuves scientifiques, y compris plus de 20 ans de recherche et de développement, continue de soutenir les profils de sécurité et d’efficacité de nos vaccins contre le HPV », a déclaré Merck dans un communiqué adressé à Reuters.
« Nous restons déterminés à nous défendre vigoureusement contre ces allégations lors du procès à venir », ajoute le laboratoire.
(Reportage Dan Levine à San Francisco et Mike Spector à New York; avec la contribution de Michael Erman; version française Claude Chendjou, édité par Zhifan Liu)