Italie: Les entreprises face au défi de s’assurer contre les catastrophes naturelles en 2025
ROME (Reuters) – Les entreprises italiennes se préparent à se conformer à l’obligation, coûteuse et complexe pour beaucoup d’entre elles, de souscrire une assurance contre les catastrophes naturelles à partir d’avril prochain.
De nombreuses petites et moyennes entreprises, qui constituent l’épine dorsale du tissu économique italien, ont jusqu’à présent misé sur le soutien du gouvernement pour faire face aux catastrophes naturelles dont la fréquence augmente avec le réchauffement climatique.
La région d’Émilie-Romagne, dans le nord de l’Italie, porte par exemple les stigmates du changement climatique, la première inondation d’une série de quatre depuis mai 2023 ayant, à elle seule, causé 8,5 milliards d’euros de dégâts.
L’Italie a adopté une nouvelle loi rendant l’assurance contre les catastrophes naturelles obligatoire pour mettre fin à la dépendance à l’Etat alors que 94% des villes sont exposées aux risques de glissements de terrain, d’inondations ou d’érosion côtière, selon l’Institut de recherche et de protection de l’environnement (ISPRA).
La péninsule dépense environ 4 à 5 milliards d’euros par an en indemnisations pour les catastrophes naturelles, selon les chiffres du régulateur transalpin de l’assurance (IVASS), soit presque 0,25 % du produit intérieur brut. Dans le même temps, seules 5% des entreprises italiennes sont couvertes, selon l’Association nationale des entreprises d’assurance (Ania).
Mais les entreprises craignent que les polices d’assurance soient onéreuses et complexes à mettre en place.
« Nous voulons que ces polices d’assurance soient adaptées aux besoins des entreprises pour refléter l’ampleur des risques, et non pas une solution unique pour augmenter les revenus des assureurs », a déclaré Stefano Valvason, directeur général de l’API, une association de petites et moyennes entreprises.
La loi pourrait offrir un avantage aux plus grands assureurs grâce à une plus grande base de mutualisation entre davantage de clients et de régions, a déclaré Stefano Frazzoni, associé principal du cabinet de conseil aux entreprises Prometeia, alors que cinq groupes d’assurance détiennent 70 du marché de la couverture des catastrophes naturelles en Italie.
Dans le cadre de la loi, l’État agira comme réassureur des compagnies d’assurance à travers la Sace, groupe public contrôlé par le ministère de l’Economie et des Finances et spécialisé dans le soutien aux entreprises et au système économique national.
Le déficit de protection dans le pays est notable : le ratio entre les pertes assurées et les pertes économiques totales en Italie est de 69%, contre 20% en France et 27% en Allemagne, selon les données du réassureur suisse Swiss Re.
(Reportage de Alberto Chiumento et Andrea Mandala avec Romolo Tosiani ; version française Bertrand De Meyer, édité par Sophie Louet)