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EXCLUSIF: L’UE envisage de réduire ses importations d’acier de 15% face aux droits de douanes américains

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par Julia Payne et Philip Blenkinsop

BRUXELLES (Reuters) – L’Union européenne (UE) va resserrer ses quotas d’importation d’acier pour réduire les flux entrants de 15% supplémentaires à partir d’avril, a déclaré mercredi à Reuters Stéphane Séjourné, vice-président exécutif de la Commission européenne chargé de la stratégie industrielle.

Les producteurs d’acier européens, déjà confrontés à des prix énergétiques élevés et à la concurrence asiatique, ont averti que l’UE pourrait attirer l’acier bon marché détourné du marché américain, ce qui aurait un impact négatif sur le secteur.

« Dans un moment où plus personne ne respecte les règles de l’OMC (Organisation mondiale du commerce, Ndlr), où tout le monde invoque éventuellement la sécurité nationale (…) l’Europe ne peut pas être le seul continent qui laisse tomber son industrie », a déclaré Stéphane Séjourné à Reuters.

Le vice-président exécutif de la Commission européenne craint notamment que les producteurs canadiens, indiens et chinois cherchent à vendre des volumes croissants en Europe en raison d’une rentabilité moindre sur le marché américain où des droits de douanes de 25% sont en vigueur.

La Commission européenne proposera ainsi mercredi une série de mesures commerciales pour stimuler son industrie métallurgique en difficulté, dans le cadre d’un plan d’action européen pour l’acier et les métaux.

Une ébauche de ce plan, consultée par Reuters en début de semaine, indiquait que l’UE étudiait des restrictions aux importations.

Stéphane Séjourné, chargé de définir la stratégie industrielle du bloc européen, a déclaré qu’une première mesure consisterait à réduire les quotas d’importation pour différentes qualités d’acier à partir du 1er avril, ce qui réduirait les flux entrants d’environ 15%.

Les volumes importés dans le cadre du quota reflètent les flux commerciaux établis et ne sont pas soumis à des droits de douane. Toute importation d’acier hors quota sera soumise à un droit de douane de 25%.

Depuis juillet 2019, les volumes des quotas ont augmenté de plus de 25%, L’UE se conformant aux règles de l’OMC.

En 2024, l’UE a importé environ 60 millions de tonnes d’acier, dont 30 millions de tonnes exemptées de droits de douanes.

La Commission proposera également de nouvelles mesures au troisième trimestre pour remplacer les garanties renforcées, qui, selon les règles de l’OMC, ne peuvent pas être prolongées au-delà du 30 juin 2026.

Stéphane Séjourné a précisé que le nouveau mécanisme serait beaucoup plus strict après les appels du secteur. Les détails restent à déterminer.

PRODUCTION EUROPÉENNE

« C’est aussi la difficulté pour nous à anticiper des tensions, des guerres, des pandémies. Et on a vu ça dans le passé que le gaz russe pas cher et qui était presque illimité est devenu rare et cher (…) Évitons que l’acier demain soit le gaz d’hier », a déclaré Stéphane Séjourné.

Il estime que l’UE ne veut pas dépendre des importations d’acier, un élément crucial dans la reconstruction future du complexe militaro-industriel européen une fois la guerre en Ukraine terminée.

Afin de renforcer les mesures de défense commerciale existantes, les règles concernant les marchés publics devraient être révisées en 2026 afin de favoriser l’acier européen.

La Commission introduira également une règle « fondu et coulé », selon le projet de plan d’action pour l’acier et les métaux.

Cette règle devrait empêcher les importateurs de modifier l’origine du métal « en procédant à une transformation minimale ».

Parmi les mesures non commerciales, un programme pilote avec la Banque européenne d’investissement (BEI) visant à garantir des contrats d’électricité à long terme privilégiera également les producteurs d’acier et d’aluminium. Les détails seront annoncés au deuxième trimestre 2025.

« C’est une question stratégique, y compris pour notre défense (…), il n’y a pas d’industrie de la défense sans acier, il n’y a pas d’automobile sans acier et on souhaite garder notre appareil productif en Europe », a déclaré Stéphane Séjourné

(Reportage Julia Payne et Philip Blenkinsop ; version française Etienne Breban, édité par Kate Entringer)

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