BNP Paribas se sépare de Bank of the West pour 16,3 milliards de dollars
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.BNP Paribas a annoncé lundi avoir conclu un accord avec BMO Groupe Financier pour la cession de Bank of the West, qui opère ses activités de banque commerciale aux Etats-Unis, pour un montant de 16,3 milliards de dollars (environ 14,5 milliards d’euros).
L’opération, entièrement en numéraire, va permettre au groupe bancaire français de se retirer du marché américain de la banque de détail, où il était à la peine face à des rivaux plus gros et mieux capitalisés, et de concentrer ses forces en Europe.
Le montant de 16,3 milliards de dollars est supérieur à celui évoqué il y a un mois par des sources à Reuters qui citaient une valorisation susceptible d’atteindre 15 milliards de dollars.
La transaction devrait être réalisée au cours de l’année 2022, sous réserve des conditions suspensives habituelles, incluant l’approbation des autorités réglementaires et de la concurrence compétentes, a indiqué lundi BNP Paribas dans un communiqué.
La banque précise que l’opération devrait générer lors de sa réalisation une plus-value exceptionnelle (nette d’impôts) estimée à environ 2,9 milliards d’euros ainsi qu’un impact positif sur le ratio Common Equity Tier 1 (CET1) d’environ 170 points de base.
BNP Paribas prévoit de procéder à une distribution extraordinaire sous forme de rachat d’actions après la réalisation de l’opération afin de compenser la dilution attendue du bénéfice net par action (BNA).
« A titre indicatif, un programme de rachat d’actions d’environ 4 milliards d’euros neutraliserait totalement la dilution du BNA », indique l’établissement bancaire.
VERS DES INVESTISSEMENTS ET ACQUISITIONS CIBLÉS
Le groupe a l’intention de redéployer le produit restant (équivalent à environ 7 milliards d’euros de libération de capital) « progressivement et de manière très disciplinée », ajoute-t-il.
Il évoque une « accélération » de la croissance organique, en particulier en Europe, des investissements ciblés dans des technologies et des modèles « innovants » et des acquisitions dans des activités à valeur ajoutée.
BNP Paribas indique qu’elle présentera ses principaux axes stratégiques dans le cadre de la publication de ses résultats annuels début février et qu’elle détaillera plus amplement son plan stratégique 2025 lors d’une journée investisseurs prévue le 14 mars 2022.
A la Bourse de Paris, l’action BNP Paribas tentait de résister au net repli général et reculait de -0,8902% à 55,67 euros à 10h40, dans un marché parisien en recul de plus de 2,5% au même moment.
« C’est logique. Bank of the West n’était pas si stratégique pour eux. Ils n’allaient jamais être une grande banque de détail aux États-Unis, et ils peuvent se concentrer davantage sur leur banque d’investissement européenne, où ils font plus de profits », observe Ion-Marc Valahu, gérant chez Clairinvest et qui détient des actions BNP Paribas.
De leur côté, les analystes de Credit Suisse jugent que la transaction est clairement créatrice de valeur « dans la mesure où elle représente 20,5% de la capitalisation boursière de BNP pour 5% des bénéfices avant impôts », indiquent-ils dans une note.
« Toutefois, il pourrait y avoir une petite déception sur le fait que BNP a l’intention d’utiliser le produit de l’opération pour racheter quatre milliards d’euros d’actions uniquement afin de neutraliser la dilution du bénéfice par action », ajoutent-ils.
Aux Etats-Unis, BNP Paribas reste présente dans la banque de financement et d’investissement, pour laquelle elle a récemment renforcé les activités de « prime brokerage ». La cession de Bank of the West n’a pas d’incidence significative sur la conduite de ces activités, a assuré le groupe.
BNP Paribas détenait depuis 1979 Bank of the West qui constituait sa plus importante filiale en dehors de l’Europe.
Pour BMO, le rachat de Bank of the West va se traduire par une extension de son réseau bancaire aux Etats-Unis, avec près de 1,8 million de clients supplémentaires.
(Rédigé Blandine Hénault, avec la contribution de Sudip Kar Gupta, édité par)