Atos discute avec Airbus d’un rachat de son activité BDS
Atos a annoncé mercredi avoir lancé une phase de due diligence avec Airbus pour le rachat de son activité BDS (Big data & security) pour laquelle l’avionneur européen propose une valeur d’entreprise entre 1,5 milliard et 1,8 milliard d’euros.
« Actuellement à un stade préliminaire », les discussions portent sur « l’intégralité du périmètre BDS », indique la société dans un communiqué.
Airbus s’était déjà montré intéressé par une prise de participation de 29,9% dans les activités digitales et de cybersécurité d’Atos avant d’abandonner le projet en mars dernier.
Dans un courriel envoyé à Reuters, un porte-parole d’Airbus a confirmé une offre non engageante pour la reprise de la division BDS d’Atos.
« L’acquisition de BDS pourrait accélérer de manière significative la transformation numérique d’Airbus, améliorer le portefeuille de défense et de sécurité de l’entreprise grâce à de solides capacités en cybernétique, en informatique avancée et en intelligence artificielle, et soutenir la feuille de route d’Airbus en matière de décarbonation », a déclaré Airbus.
Dans son communiqué, Atos précise avoir reçu deux courriers indiquant des marques d’intérêt non liantes sur son activité BDS, dont l’une porte sur une partie du périmètre de la division. Atos n’a pas précisé de qui émanait cette dernière offre.
Objet de spéculations récurrentes sur un possible intérêt, Thales a dit vouloir mercredi auprès de Reuters mettre fin « aux questions et fantaisies ».
« Thales n’a pas l’intention de se diversifier sur des marchés autres que ceux où il est déjà présent », a indiqué une porte-parole du groupe, rappelant que Thales a déjà racheté la société américaine de cybersécurité Imperva et est concentré sur son intégration.
INCERTITUDES SUR TECH FOUNDATIONS
A la Bourse de Paris, l’action Atos reculait de 6,86% à 6,51 euros à 12h00 après avoir gagné jusqu’à 12% en tout début de séance. Airbus reculait dans le même temps de 1,55%.
Confronté à d’importantes difficultés financières, Atos a décidé de scinder ses activités historiques de conseil en informatique et celles dans la cybersécurité.
La branche Tech Foundations, regroupant les activités de conseil en informatique, doit être cédée au groupe EPEI de l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky tandis qu’Atos prévoit de conserver les activités dans la cybersécurité, qui regroupent la branche BDS, dans une nouvelle entitée baptisée Eviden.
Fin novembre, Atos a dit renégocier son accord avec Daniel Kretinsky sur Tech Foundations alors que l’opération est contestée par certains actionnaires, dont le principal Onepoint, ainsi que par des responsables politiques, qui redoutent la perte d’actifs jugés stratégiques au profit d’une entreprise étrangère.
L’opération prévoyait en effet que Tech Foundations soit cédée à EPEI pour deux milliards d’euros, moyennant une participation de 7,5% de Daniel Kretinsky dans Eviden via une augmentation de capital de 900 millions d’euros.
Mais mercredi, Atos a indiqué que la taille initialement prévue de l’augmentation de capitale d’Eviden serait réduite, ouvrant la voie à ce que Daniel Kretinsky n’entre finalement pas au capital.
« La société examine avec EPEI les conditions juridiques et financières dans lesquelles EPEI pourrait être libéré, en tout ou en partie, de son engagement » de participer à l’augmentation de capital, précise Atos.
« PLUS DE TEMPS QUE PRÉVU »
Le directeur financier d’Atos, Paul Saleh, a reconnu mercredi lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes que les négociations exclusives avec EPEI étaient « en train de prendre un peu plus de temps que prévu ».
Les discussions se poursuivent sur le prix à payer, la structure de l’opération et le transfert d’une très grande partie des passifs attachés à Tech Foundations, a-t-il précisé.
« Comme toute négociation, il n’y a aucune certitude qu’elle puisse aboutir à un accord », a ajouté le directeur financier.
Les discussions sur la cession de BDS comme celles sur Tech Foundations interviennent alors qu’Atos fait face à des difficultés pour couvrir ses échéances financières.
Face à la réduction de la taille de l’augmentation de capital prévue, Atos prévoit d’aller « bien au-delà » du programme de cession d’actifs de 400 millions d’euros présenté en juillet, y compris avec la vente de sa division BDS ou d’autres actifs complémentaires si l’opération avec EPEI ne se réalise pas.
Dans le même temps, la société discute avec ses banques pour assurer son refinancement et n’exclut pas de recourir à des mécanismes de protection juridiques pour encadrer ces négociations.
« D’abord on va initier ces discussions (…) et on ne peut pas commenter sur ces mesures elles-mêmes, mais tout juste pour dire qu’il y en pas mal qui peuvent faciliter, au cas où on a besoin, ces discussions et les accélérer aussi », a expliqué le directeur financier Paul Saleh.
Contacté par Reuters, Onepoint, qui détient 11,4% d’Atos, n’a pas souhaité faire de commentaires. La société française, dirigée par David Layani, avait fait une offre en 2022 sur BDS sur la base d’une valeur d’entreprise de 4,2 milliards d’euros mais la proposition avait alors été rejetée par Atos.
(Avec Gaëlle Sheehan, Dagmarah Mackos et Michal Aleksandrowicz, édité par Jean-Stéphane Brosse et Kate Entringer)