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Nigeria: le calvaire des familles des chrétiens enlevés à Kaduna

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Des milliers de chrétiens de l’État fédéré de Kaduna, au Nigéria, vont passer les fêtes de Noël sans leurs proches. Ils n’ont pas été en mesure de payer les énormes rançons exigées par les islamistes peuls qui détiennent les membres de leurs familles, rapporte Luka Binniyat depuis Kaduna.

Ce Noël est une période triste et angoissante pour des milliers de chrétiens de l’État fédéré de Kaduna, au centre du Nigéria. Nombre d’entre eux vivent dans la crainte des attaques des islamistes peuls. D’autres tentent désespérément de réunir les fonds nécessaires pour libérer les membres de leur famille des mains des ravisseurs.

En outre, des milliers de villageois de Kaduna sont sans abri. Ils ont été déplacés lors d’une des attaques régulières des miliciens peuls qui, depuis des années, envahissent les communautés chrétiennes rurales, pillent et incendient les bâtiments et occupent les terres.

L’État fédéré de Kaduna est divisé à parts égales entre chrétiens et musulmans ; les chrétiens sont majoritaires dans le sud de l’État où les violences orchestrées par les milices peules armées ont entraîné le déplacement de plus de deux cents communautés et coûté la vie à des milliers de personnes, selon la Southern Kaduna Peoples Union (SOKAPU).

Les milices ont de plus en plus souvent recours aux enlèvements contre rançon. Entre février et mars 2024, les groupes armés ont enlevé plus de cinq cents villageois, dont deux cent quatre-vingt-huit écoliers.

Les ravisseurs menacent de tuer leur femme et leurs cinq enfants

« Je n’ai pas pu dormir plus de trois heures par nuit depuis que ma famille a été enlevée par des bandits le 5 décembre 2024 », a déclaré Solomon Kish (54 ans), un enseignant de l’école primaire. Il vit à Burnt Brick Quarters, une banlieue chrétienne de la ville de Kaduna.

Il a déclaré à CSI que les ravisseurs avaient enlevé un total de vingt personnes au cours de leur attaque nocturne, dont sa femme et ses cinq enfants. Deux jours plus tard, il a reçu un appel téléphonique d’un numéro inconnu. L’appelant disait qu’il avait la famille de Kish et qu’il la relâcherait s’il payait 37,5 millions de nairas (25 000 dollars) dans les deux jours.

« Je les ai suppliés de les relâcher parce que je ne suis qu’un pauvre instituteur dont le salaire est inférieur à 120 000 nairas (80 dollars) par mois, a déclaré M. Kish, désespéré. Ils me demandent maintenant de payer 10 millions de nairas (7 000 dollars) pour chacun d’entre eux (6 personnes), faute de quoi ils seront tous tués avant Noël. J’ai mis en vente ma maison et tous mes objets de valeur, mais je ne pense pas pouvoir réunir ne serait-ce que 4 000 dollars. »

Il a ajouté que les membres de l’Église et d’autres personnes de bonne volonté se mobilisaient, offraient des prières et de petites contributions financières pour tenter de réunir l’argent de la rançon avant Noël.

Il en va de même pour les autres membres de la communauté dont les proches sont aux mains des militants.

Pas de célébrations tant que les familiers ne sont pas libérés

« Dans notre quartier, il ne peut y avoir de célébrations de Noël tant que toutes les personnes enlevées ne seront pas rentrées chez elles, a déclaré le révérend Ayuba Azzaman, du King Restoration Ministry. C’est la situation de milliers de chrétiens dont les proches ont été capturés par des bandits dans les régions chrétiennes de l’État fédéré de Kaduna. Comment peut-on fêter Noël quand un membre de sa famille ou un voisin est menacé de mort par des bandits inhumains qui n’hésitent pas à tuer des otages chrétiens ? »

M. Azzaman a mis en doute la détermination de l’État à lutter contre le fléau des enlèvements perpétrés par des militants musulmans. « J’ai toujours affirmé que l’État n’était pas intéressé par notre sécurité. Comment ces bandits peuvent-ils nous téléphoner pendant des jours et des semaines alors que les agences de sécurité sont soi-disant incapables de les retrouver et de les traduire en justice ? »

Des survivants traumatisés

La situation est tout aussi désastreuse pour les chrétiens qui ont survécu aux attaques des islamistes peuls. Forcés de quitter leurs communautés rurales, ils doivent se débrouiller seuls. Nombre d’entre eux affirment qu’ils ne reçoivent aucune aide du gouvernement.

« Je me suis échappée en rampant dans le champ de maïs derrière mon habitation la nuit où les hommes armés peuls ont attaqué mon village en novembre de cette année », raconte Christina Shodi (35 ans), habitante du village d’Ankuwa, assise dans sa tente de fortune à Unguwan Pama, à Kaduna. « J’étais enceinte de huit mois lorsque j’ai réussi à m’enfuir avec mes deux enfants. Mais ils ont tué mon mari et ses deux frères. Le 30 novembre 2024, j’ai donné naissance à mon dernier enfant, Rayuwa, ce qui signifie « survivant », ici à Unguwan Pama. »

Christina Shodi a déclaré que son village et ses environs étaient désormais dépourvus d’habitants chrétiens. « Nous sommes trop traumatisés, endeuillés et pauvres pour penser à Noël », a-t-elle déclaré.

Crainte d’attaques à l’occasion de Noël

Dans la communauté de Rurama, dans le comté de Kauru, au sud de Kaduna, la sécurité est la principale préoccupation à l’approche de Noël.

En novembre 2024, l’Association communautaire de Rurama a publié un communiqué de presse dans lequel elle demandait l’installation d’une base militaire dans la région afin de prévenir les attaques de militants. Elle a déclaré que plus de deux-cents personnes avaient été enlevées à Rurama en l’espace de quatre mois.

« Alors que d’autres villes et villages célèbrent Noël, nous nous inquiétons davantage de savoir si les bandits vont nous attaquer pendant que nous célébrons la fête, a déclaré le président de l’association, Daniel Peace Madalla. Nous ne célébrons donc pas Noël cette année ; nous veillons sur le reste de nos communautés qui n’ont pas été capturées. Nous avons également des proches qui sont détenus par les bandits. Nous continuons à négocier et à obtenir la libération de certains d’entre eux, car nous payons la rançon par tranches. »

Noël sera un moment de nostalgie

Le président de l’Association chrétienne du Nigéria, Sunday Oibe, affirme que dans le seul État fédéré de Kaduna, plus de 100 000 chrétiens déplacés vivent dans divers camps informels.

« Certains squattent des bâtiments inachevés avec des toits mais sans fenêtres ni portes en cette saison froide d’hiver, a déclaré M. Oibe à CSI. Compte tenu des circonstances, Noël serait cette année une période de « nostalgie » pour les personnes déplacées. Elles ne s’intéressent qu’à la possibilité d’obtenir un repas chaque jour, et certainement pas au luxe et à la fanfare qui accompagnent les fêtes de fin d’année. »

Luka Binniyat

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