Vincent Guyaz, un pasteur 100% terroir qui carbure aussi à l’innovation
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Il semble habitué, mais toujours heureux qu’on s’émerveille de la beauté de sa maison. Une cure, en l’occurrence. Le pasteur Vincent Guyaz, qui apparaît dans la petite cour de gravier, l’occupe depuis cinq ans. «C’est une évidence pour moi d’habiter la cure. Je suis un pasteur heureux dans la proximité», nous confie-t-il. Pour preuve, plusieurs personnes sonneront à la porte durant notre entretien. «Nous faisons beaucoup d’accueil ici», témoigne celui dont l’église – le temple de Bercher, qui fêtera bientôt ses 300 ans – a complètement été réaménagée afin de mieux y accueillir les enfants et leur famille. Dans l’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), on appelle cela un «pôle famille».
«Je suis un peu bipolaire, s’amuse le quinquagénaire. Je viens de la tradition, c’est mon ADN. Mais je suis aussi très attaché à une certaine innovation dans le milieu ecclésial. Il faut essayer de nouvelles choses pour que des personnes éloignées de l’Église puissent avoir accès au trésor de la foi!» souligne-t-il. Il détaille les contours que peuvent prendre ces cultes d’un genre nouveau: «Il y a un peu de chant, un moment de partage, une petite activité symbolique souvent en extérieur et encore un moment d’illustration avec une vidéo. Le tout en lien avec un passage biblique qui doit illustrer un thème, comme le dégoût ou la dépendance aux écrans.»
Énergie débordante
Cette formule plaît aux trentenaires et aux jeunes quadras qui accompagnent leurs enfants au culte. «Ce sont des personnes qui ont de bons souvenirs à l’église, qu’elles ont toutefois uniquement fréquentée lors de quelques moments importants de leur vie. Malgré cela, elles ont à cœusr d’y accompagner leurs enfants, mais pas au culte traditionnel, dans lequel elles ne se retrouvent plus», relève-t-il. Et quand on lui demande comment il résumerait le message de l’Évangile à l’un de ces parents ou à un enfant qui lui poserait la question, Vincent Guyaz répond sans détour: «Tu es aimé, malgré tes cabosses.»
La diacre Christine Courvoisier, responsable des activités jeunesse et active aux côtés de Vincent Guyaz depuis 2022, témoigne avec reconnaissance: «Quelle solidité, dans son travail et dans sa foi! Vincent aime rire et peut s’adapter aux ados comme aux adultes. Il a une énergie débordante», confie-t-elle. Et il en faut pour se consacrer à mi-temps à un ministère principalement axé sur la jeunesse, et tout le reste de son temps de travail à sa charge de vice-président du Conseil synodal (Exécutif ) de l’EERV. «À chaque fois qu’un conseiller synodal ouvre son ordinateur, il sait qu’il aura une montagne de problèmes à résoudre et de doléances auxquelles prêter son écoute», déclare-t-il d’ailleurs sans feinte.
Toutefois, il se dit «très confiant» à l’approche de l’important synode des 19 et 20 avril. Il y est prévu que lui et ses collègues présentent au Synode (Législatif ), et soumettent à son vote, une large réforme structurelle de l’EERV. Cette dernière implique notamment une nouvelle répartition territoriale et une grande réduction de la voilure paroissiale. «Évidemment, c’est aussi un deuil. L’Église réformée a perdu sa place évidente au milieu du village et dans le cœusr des Vaudois.»
Neuf cents jours de service
Il souligne en revanche le constant soutien de l’État, qui subventionne les Églises historiques du canton. Vincent Guyaz peut en témoigner directement, puisqu’il est notamment chargé de la représentation de l’Église face à l’État. «Je dois avouer aussi que l’arrivée de Philippe Leuba au Conseil synodal a facilité les contacts avec les politiques.»
L’amour de Vincent Guyaz pour les institutions nous est confirmé par un autre PLR, l’ex-syndic d’Écublens Pierre Kaelin. Il se remémore encore son implication dans la vie de leur commune lorsqu’il était pasteur de la paroisse d’Écublens-Saint-Sulpice. «C’est une très belle personne, et qui discutera d’autant plus avec vous si une divergence survient.»
Aumônier dans l’armée pendant plusieurs années, Vincent Guyaz y a fait «neuf cents jours de service. J’ai beaucoup d’estime pour les gens qui font vivre cette institution qu’il est bien facile de critiquer, mais dont on est bien content que certains s’y engagent et la portent.»
Divorcé et père d’un jeune homme âgé de 24 ans, dont il est fier qu’il ait «son boulot, son appartement et une amie délicieuse», Vincent Guyaz s’est remarié avec Francine en 2016. Il se considère d’ailleurs désormais comme le grand-papa des huit et bientôt neuf petits-enfants de son épouse. «Notre idée, quand nous nous sommes mis ensemble, était de recommencer à deux dans un ministère commun. Francine est arrivée chez moi à Écublens-Saint-Suplice, où j’étais très installé comme pasteur, très reconnu, et je voulais qu’elle puisse aussi se créer sa place. Ici, nous recommencions tous les deux quelque chose de neuf.»
Fils d’une mère employée de commerce et d’un père qui fut directeur de gymnase, Vincent Guyaz a toutefois développé tout seul son lien à l’institution ecclésiale qui l’emploie. «Mes parents n’étaient pas des pratiquants, mais je suis reconnaissant des valeurs humanistes qu’ils m’ont transmises», se souvient-il. Ayant passé toute sa jeunesse à Yverdon, son choix pour la théologie, il le doit notamment à sa fréquentation d’un groupe de jeunes «à tendance clairement évangélique», à son engagement scout et à son intérêt grandissant pour le culte, qu’il se met alors à suivre tous les dimanches.
Aujourd’hui plus que jamais attentif à l’avenir de l’Église, sur le terrain comme à sa tête, Vincent Guyaz nous confie encore que «malgré le déclin, et la laïcité qui gagne du terrain, ce sont des années passionnantes. À nous d’en relever le défi. Et tant qu’on continuera d’oser de nouvelles choses, je me rendrai disponible.»
BIO
1972 Naissance à Yverdon, le 9 février.
1990 Entame ses études à la Faculté de théologie, à Lausanne.
1995 Commence son stage pastoral à Romainmôtier.
Dès 1998 Capitaine aumônier de bataillons romands, puis de 2012 à 2022 à l’état-major de la Brigade blindée.
2000 Naissance de son fils Jules, d’un premier mariage.
2016 Mariage avec Francine, diacre dans l’EERV, qui l’a rejoint à la cure d’Écublens.2019 Prend ses quartiers à la cure de Bercher. Entre la même année au Conseil synodal. Devient vice-président de l’EERV, fonction qu’il occupe toujours.