Le pape François reçoit Volodimir Zelensky
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Volodimir Zelensky s’est rendu samedi à Rome pour des entretiens avec les dirigeants italiens et le pape François, auquel il a demandé de soutenir le plan de paix avec la Russie élaboré par Kyiv et de faciliter le retour des enfants ukrainiens enlevés par Moscou.
Le président ukrainien a symboliquement remis au chef de l’église catholique un gilet pare-balles porté par un soldat ukrainien sur lequel a été peint par la suite une représentation de la Vierge Marie.
« C’est un grand honneur », a-t-il dit en s’inclinant devant le pape, qui a fait état fin avril de l’implication du Vatican dans des efforts de paix pour mettre fin à la guerre déclenchée par l’invasion russe de l’Ukraine.
Volodimir Zelensky, qui effectue sa première visite en Italie depuis le début de la guerre dans son pays en février 2022, a également été reçu par son homologue italien Sergio Mattarella au palais du Quirinal. Il a ensuite participé à un déjeuner de travail avec la présidente du Conseil, Giorgia Meloni, avant de se rendre au Vatican.
« C’est un honneur de vous avoir ici à Rome », lui a dit Sergio Mattarella. « Nous sommes pleinement à vos côtés. »
Giorgia Meloni a par la suite tenu un discours identique, promettant le soutien total de l’Italie à l’Ukraine face à « l’agression brutale et injuste » de la Russie.
« Nous parions sur la victoire de l’Ukraine », a-t-elle dit au côté du président ukrainien.
Sur Twitter, Volodimir Zelensky a qualifié ce déplacement en Italie et au Vatican de « visite importante pour la victoire de l’Ukraine qui approche ».
Le président ukrainien devrait aussi participer à une célèbre émission de la télévision italienne avant de se rendre dimanche en Allemagne, qui a annoncé samedi de nouvelles livraisons d’armes à l’Ukraine pour 2,7 milliards d’euros.
Giorgia Meloni lui a rendu visite à Kyiv en février pour lui garantir, déjà, le soutien continu de l’Italie malgré les liens de longue date entretenus par certains membres de la coalition gouvernementale à Rome, notamment l’ancien président du Conseil Silvio Berlusconi, avec la Russie.
UNE LETTRE DE FRANÇOIS À POUTINE ?
L’événement principal de ce déplacement en Italie était néanmoins sa rencontre avec le pape François, qui a duré une quarantaine de minutes.
Le président ukrainien et le souverain pontife s’étaient déjà rencontrés en 2020 au Vatican et ils ont eu plusieurs échanges téléphoniques depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine.
Dans les premiers temps de cette guerre, François s’est efforcé d’adopter une approche mesurée dans l’espoir d’apparaître comme un possible médiateur, avant progressivement de condamner avec force les actes de la Russie, en comparant certains aux pires crimes commis contre les Ukrainiens à l’époque soviétique.
Dans un communiqué, le Vatican a indiqué que François avait parlé avec Volodimir Zelensky de « gestes humanitaires ». Une source proche du pape a précisé qu’il s’agissait de la volonté du Vatican d’aider au retour en Ukraine des près de 19.500 enfants qui auraient, selon Kyiv, été conduits illégalement en Russie par les forces d’occupation.
« Nous devons fournir tous les efforts pour qu’ils rentrent à la maison », a commenté le président ukrainien sur Twitter.
Volodimir Zelensky a ajouté qu’il avait demandé au pape de soutenir son plan de paix en dix points, qui appelle notamment au retour aux frontières ukrainiennes de 1991 – Crimée incluse.
Au retour d’un déplacement en Hongrie le 30 avril, le pape a évoqué avec une pointe de mystère la participation du Vatican à des efforts de paix. « Il y a une mission en cours actuellement mais elle n’est pas encore publique. Lorsqu’elle sera publique, je la divulguerai », a dit François aux journalistes dans l’avion le ramenant alors vers Rome.
L’Ukraine comme la Russie ont publiquement exprimé leur surprise à la suite de ces propos. Le Vatican a confirmé que des choses se passaient en coulisses mais a refusé de fournir des précisions.
François a rencontré cette semaine Alexandre Avdeïev, qui est sur le point de quitter ses fonctions d’ambassadeur de Russie au Vatican. D’après le journal italien Il Messaggero, le Vatican aurait remis au diplomate une lettre adressée au président russe Vladimir Poutine.
Le Premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal, a été reçu par le pape le 27 avril au Vatican. Il a alors déclaré avoir discuté avec François d’une « formule de paix » présentée par Volodimir Zelensky.
(Reportage Philip Pullella, avec Olena Harmash, Max Hunder, Gavin Jones et Giselda Vagnoni, version française Bertrand Boucey et Tangi Salaün)