Persécution des chrétiens du Manipur, dans le nord-est de l’Inde
VOUS AIMEZ CHRÉTIENS TV? DONNEZ-NOUS LES MOYENS DE PRODUIRE DE NOUVELLES ÉMISSIONS CHRÉTIENNES EN FAISANT UN DON ICITrois semaines se sont écoulées depuis que d’horribles violences ont éclaté au Manipur, dans le nord-est de l’Inde, entre la communauté Kuki (à majorité chrétienne) et la communauté Meitei (majoritairement hindoue). Analyse de la situation.
Le 3 mai, la discorde entre les Kuki et les Meitei s’est aggravée, entraînant des émeutes communautaires et l’incendie de nombreuses églises. Les tensions entre ces deux groupes couvaient depuis des décennies, mais la violence a éclaté à la suite de la décision du gouvernement pro-hindou de Manipur d’accorder aux Meitei des terres et des avantages supplémentaires, ainsi que de l’expulsion des Kuki chrétiens de leurs terres ancestrales.
Les chrétiens locaux ont confirmé qu’environ 230 églises ont été incendiées et détruites, que plus de 100 institutions et propriétés chrétiennes ont été endommagées et que plus de 1000 maisons chrétiennes ont été brûlées et détruites, tandis que plus de 10’000 personnes se réfugient dans des camps de secours mis en place par l’armée. On craint qu’au moins 70 personnes aient été tuées dans les violences.
Un conflit ethno-religieux
Le conflit est bien ethno-religieux, bien que les médias grand public l’aient d’abord présenté comme étant uniquement ethnique. Il résulte en effet de certaines décisions prises par le gouvernement de l’État, qui est actuellement pro-hindouiste (BJP). Ces décisions visent à priver les tribus chrétiennes de leurs droits, alors qu’elles sont déjà défavorisées. C’est pourquoi les tribus chrétiennes (les Kukis) ont protesté contre ces décisions de manière non violente, car elles se sentaient visées par ces dernières.
Après ces protestations, un groupe extrémiste de la majorité hindoue Meitei en a profité pour attaquer les églises, non seulement les églises chrétiennes de la tribu Kuki, mais aussi celles des convertis qui existent au sein de la communauté Meitei. Aujourd’hui, les croyants des deux camps, Kuki et Meitei, souffrent et sont reconvertis de force à l’hindouisme.
En situation de précarité
En raison de la situation délicate, même les partenaires locaux de Portes Ouvertes ont été directement touchés par les violences et cherchent à se réfugier dans des camps. De nombreux croyants se cachent encore dans les zones de collines et les zones frontalières. «La violence qui se déroule sous nos yeux est inexplicable. Nous ne pouvons pas nous arrêter de pleurer. Que l’Éternel sauve son peuple», relayait Richard*, chrétien Meitei, au lendemain des attaques. «La plupart des croyants sont traumatisés. Nous avons besoin de prières. Priez pour la situation et priez pour les croyants d’ici», précise Kuber*, croyant Kuki.
Inflation massive et risque de guerre civile
Actuellement, l’approvisionnement en nourriture, l’accès aux distributeurs automatiques de billets et à internet reste aléatoire. Les prix des denrées alimentaires ont été multipliés par quatre, tout comme les prix des carburants. Les partenaires locaux de Portes Ouvertes estiment que les choses vont encore empirer. Certains disent qu’une guerre civile pourrait éclater.
Priorité à l’aide d’urgence et aux prières
Nos partenaires sur le terrain dans le nord-est de l’Inde, apportent une aide d’urgence et de produits de première nécessité aux croyants touchés, tant du côté Kuki que du côté Meitei.
À ce jour, ils ont identifié six localités qui ont besoin d’une aide urgente. Imphal et Churachandpur sont les zones les plus critiques et les plus difficiles d’accès.
Il faudra peut-être des décennies pour que la communauté chrétienne, bien implantée dans la région de Manipur, puisse retrouver sa vie d’avant les violences de début mai. Pour les chrétiens en Inde, elles démontrent leur extrême vulnérabilité: «Si les chrétiens peuvent être pris pour cible et frappés de la sorte dans un État comme le Manipur, à quel point leur situation peut-elle être mauvaise dans d’autres États?» concluent-ils.