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​Chrétiens de Syrie: La levée des sanctions aurait-elle sauvé des vies ?

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Les sanctions économiques contre la Syrie compliquent considérablement l’aide aux chrétiens victimes des tremblements de terre, déclarent les partenaires de la Solidarité Chrétienne Internationale à Alep.
À Alep, les séismes ont fait environ cinq cents victimes. Les Maristes Bleus, partenaires locaux de CSI, s’engagent 24 heures sur 24 pour ceux qui ont survécu ; pendant plusieurs semaines, des centaines de rescapés ont été hébergés et soignés. Maintenant, il faut envisager la mise en place d’un soutien à long terme. Ainsi, les Maristes Bleus prévoient de payer les loyers pendant plus d’un an pour les personnes qui ont perdu leur maison.
Nabil Antaki, médecin originaire d’Alep, est responsable des actions des Maristes Bleus. Il est touché par la générosité de nombreuses organisations chrétiennes occidentales comme CSI, mais il remarque en parallèle que ce sont surtout des États d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient qui ont envoyé des équipes d’aide en Syrie : « Alors que des centaines d’avions occidentaux ont apporté de l’aide en Turquie, pourquoi un seul avion européen a-t-il atterri en Syrie ? Les victimes de cette catastrophe souffriraient-elles moins en Syrie qu’en Turquie ? » L’Occident peut-il répondre sans honte à cette question ?
Dans ce contexte, le médecin syrien dénonce les sanctions économiques que l’Occident a imposées à son pays il y a plus de dix ans. Il affirme qu’elles ont empêché les investissements étrangers et appauvri la population syrienne. L’embargo sur de nombreux produits aurait entraîné une pénurie de mazout, d’essence, de pain et d’électricité.

La levée des sanctions aurait-elle sauvé des vies ?

Oui, le Dr Antaki qualifie même ces mesures de « mortelles » dans le contexte des séismes. De nombreux bâtiments effondrés avaient déjà été gravement endommagés par la guerre. Mais pourquoi ces bâtiments n’avaient-ils pas été réparés ? « Simplement parce que les sanctions empêchaient la plupart des Syriens d’envisager des travaux pourtant essentiels. Je vois clairement un parallèle entre les sanctions et les dizaines de personnes enterrées vivantes sous les décombres. Ce sont également les sanctions qui ont empêché l’achat de machines lourdes qui auraient pu déblayer les décombres et sauver certaines d’entre elles avec plus d’efficacité qu’en se servant de pelles et de pioches ! » CSI donne raison à notre partenaire et estime également que sans les sanctions, davantage de vies humaines auraient été sauvées, aussi par après, notamment si l’on considère les nombreux dysfonctionnements du système de santé, conséquence des sanctions, qui ont empêché certaines victimes d’être sauvées.

En outre, le partenaire de CSI à Alep s’insurge contre l’affirmation de l’Occident selon laquelle l’aide humanitaire et l’équipement médical auraient toujours été exclus des sanctions. « Si cela était vrai, pourquoi l’Occident aurait-il assoupli les sanctions contre l’aide humanitaire pendant 180 jours ? On ne peut pas assouplir une restriction qui n’existe pas, me semble-t-il. »

CSI exige la levée des sanctions

Une semaine après les tremblements de terre, le 14 février 2023, CSI s’est adressée aux gouvernements des États-Unis, de Grande-Bretagne, de France, d’Allemagne et de Suisse pour leur demander de lever les sanctions économiques contre la Syrie.

Nabil Antaki estime que de nombreuses morts auraient été évitées à Alep sans les sanctions. csi

Dans une lettre adressée au président de la Confédération suisse Alain Berset, CSI se réfère aux enquêtes du Programme alimentaire mondial (PAM), selon lesquelles le nombre de Syriens touchés par l’insécurité alimentaire a presque doublé en deux ans : 85 % des ménages syriens ne peuvent plus couvrir leurs besoins de base.

Les dérogations annoncées par les États-Unis en raison des séismes n’auraient que peu d’effets, étant donné les interdictions globales concernant le carburant, les transactions financières et la reconstruction. C’est pourquoi CSI demande au Conseil fédéral de ne plus soutenir la guerre économique contre la Syrie, mais d’apporter une aide directe d’urgence et de soutenir la reconstruction pour les victimes des tremblements de terre en Syrie.

Des « sanctions intelligentes »

Maya Tissafi, collaboratrice au Département des Affaires étrangères, a répondu le 6 mars 2023 à la lettre de CSI au nom du président de la Confédération Alain Berset. Elle rappelle que la Suisse a mis à disposition 5 millions de francs pour les victimes des tremblements de terre en Syrie et affirme le souhait du Conseil fédéral d’éviter les effets humanitaires négatifs des sanctions contre la Syrie. La Suisse a toujours souligné l’importance de « minimiser les conséquences involontaires des sanctions, en particulier sur la population et l’engagement humanitaire ».

C’est pourquoi le Conseil fédéral soutient le concept de sanctions « ciblées » ou « intelligentes » qui doivent « toucher le plus directement possible les personnes responsables et protéger la population des conséquences négatives des mesures de sanctions ». Les biens humanitaires comme les denrées alimentaires ou les médicaments ne sont en principe pas concernés par les sanctions, écrit Maya Tissafi. Enfin, le 3 mars 2023, le Conseil fédéral a assoupli les sanctions « afin de faciliter aux acteurs humanitaires actifs en Syrie l’établissement des relations commerciales nécessaires à leur travail ».

Le président de la Confédération Alain Berset est favorable à des « sanctions ciblées », mais celles-ci contribuent tout autant à la misère en Syrie. admin

Le Conseil fédéral maintient toutefois les sanctions contre la Syrie. Il justifie cette décision par « les violations des droits de l’homme et la répression violente de la population par le gouvernement syrien ». Dans le même temps, la Suisse continue de soutenir le processus de paix mené par l’ONU à Genève et impliquant la société civile, peut-on lire dans la réponse du Conseil fédéral.

​La réponse de Guy Parmelin

Les efforts de CSI pour mettre fin aux sanctions contre la Syrie ne s’arrêtent pas là. Le 7 mars 2023, CSI a demandé à la conseillère nationale vaudoise Brigitte Crottaz (PS) de mettre le Conseil fédéral en face des conséquences des sanctions sur l’aide aux victimes de tremblements de terre dans une interpellation.

Mme Crottaz, qui avait déjà soutenu CSI politiquement par le passé, s’est montrée disposée à le faire. Le 13 mars 2023, elle a posé la question suivante au Conseil fédéral : « L’assouplissement des sanctions contre la Syrie permet-il de reconstruire les infrastructures après les séismes historiques ? »

Le ministre de l’Économie Guy Parmelin confirme que certaines sanctions contre la Syrie ont été assouplies. admin

Dans sa réponse, le ministre de l’Économie, le conseiller fédéral Guy Parmelin a mis en avant des points similaires à ceux du département d’Alain Berset. Il a ainsi fait remarquer qu’« en raison de la situation préoccupante de la population, le Conseil fédéral a assoupli les sanctions contre la Syrie ». De plus, le 10 mars 2023, à la suite d’une décision de l’UE dans ce sens, le Conseil fédéral a réintroduit une exception humanitaire temporaire qui s’applique à une catégorie plus large d’acteurs. Guy Parmelin a également souligné l’engagement humanitaire de la Suisse en Syrie.

Lever les sanctions — sauver des vies

Brigitte Crottaz considère la réponse de Guy Parmelin comme insuffisante. Le 14 mars 2023, elle a écrit à CSI : « La réponse à ma question sur l’assouplissement des sanctions en Syrie n’était pas satisfaisante. Elle n’évoquait même pas le problème des infrastructures [en Syrie]. » La conseillère nationale romande reste à la disposition de CSI dans ses efforts pour faire lever les sanctions économiques en Syrie.

CSI s’engage sans relâche pour la fin des sanctions en Syrie. Atteindre cet objectif est plus important que jamais après les tremblements de terre dévastateurs. Car si la Suisse et l’UE ne veulent pas que les habitants de ce pays dévasté meurent de faim, vivent dans des ruines, meurent en raison du manque de soins médicaux ou fuient, elles doivent lever immédiatement leurs sanctions contre la Syrie.

Reto Baliarda

"Sur les traces des dernières guerres de Religion", tel est le thème d'un colloque de trois jours pour tout comprendre sur la guerre des religions à La Rochelle.

Découvrez l'interview accordée à la chaîne Chrétiens TV par Joseph Moussio, responsable de louange de l'église Impact Centre Chrétien.

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