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USA: Rebond surprise et spectaculaire de l’emploi en mai

par Lucia Mutikani

WASHINGTON (Reuters) – Le marché du travail aux Etats-Unis a renoué avec les créations d’emplois en mai et le taux de chômage a reculé après le choc initial créé par la crise du coronavirus, selon les statistiques officielles publiées vendredi, un retournement de tendance inattendu et spectaculaire qui alimente l’espoir d’une reprise rapide de l’économie.

Le rapport mensuel du département du Travail recense 2,509 millions d’emplois non-agricoles créés le mois dernier après 20,687 millions de suppressions de postes en avril, un chiffre sans précédent.

Le taux de chômage est ainsi ramené à 13,3% après avoir bondi en avril à 14,7%, son plus haut niveau depuis 1948, alors qu’il n’était que de 3,5% en février.

Ces chiffres déjouent complètement les anticipations puisque les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne 8,0 millions de suppressions de postes et un taux de chômage en hausse à 19,8%.

Wall Street a salué cette énorme surprise par une forte hausse: vers 14h50 GMT, l’indice Standard & Poor’s 500 gagnait 2,53%, au plus haut depuis le 26 février.

Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à 10 ans était alors en hausse de plus de dix points de base, à 0,9269%, son plus haut niveau depuis le 20 mars.

Le détail du rapport mensuel sur l’emploi montre que le secteur manufacturier a créé 669.000 emplois en mai, la construction 464.000, les entreprises de services du secteur privé 2,425 millions et la distribution 367.800.

Au total, l’emploi privé affiche près de 3,1 millions de créations de postes après en avoir détruit plus de 19,7 millions en avril et près de 1,36 million en mars.

 

DONALD TRUMP SE FÉLICITE DU RETOUR DES EMPLOIS PERDUS

Le département du Travail note toutefois la persistance d’un problème de classification des personnes interrogées pour établir les chiffres du chômage, un nombre important d’entre elles s’étant identifiées comme « employées en chômage temporaire » au lieu de « non-employées en chômage temporaire ».

En excluant cette mauvaise classification, le taux de chômage atteindrait environ 16% en mai, précise-t-il.

Malgré cela, les chiffres offrent un motif de soulagement à Donald Trump, critiqué pour sa gestion de la pandémie à moins de cinq mois de l’élection présidentielle.

« Nous sommes en train de retrouver nos emplois », a déclaré le président américain lors d’une conférence de presse à la Maison blanche. « Je crois que nous aurons même fait plus que les retrouver l’année prochaine. »

L’optimisme présidentiel ne fait toutefois pas l’unanimité, certains observateurs redoutant que les dommages de la crise du coronavirus soient aussi longs à réparer que ceux de la crise financière de 2007-2009.

« Le pays a pour l’instant tourné la page de la pandémie et de la récession qu’elle a provoquée, mais tous les salariés qui ont perdu leur emploi vont avoir du mal à retrouver leur place dans la société car beaucoup de ces emplois ont définitivement disparu », estime ainsi Chris Rupkey, chef économiste de la banque MUFG à New York.

« Il a fallu des années à l’économie pour que la croissance crée suffisamment d’emplois pour les chômeurs de la récession précédente, et il faudra de nouveau des années pour que cela se reproduise. »

(Lucia Mutikani, version française Marc Angrand et Patrick Vignal, édité par Jean-Michel Bélot et Bertrand Boucey)

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