L’UE va débattre de nouvelles sanctions contre la Biélorussie
par Matthias Williams, Andrius Sytas et Gabriela Baczynska
KIEV/VILNUS (Reuters) – Plusieurs dirigeants européens ont menacé lundi de limiter le trafic aérien international au-dessus de la Biélorussie et de restreindre les capacités de transit par l’Union après la décision de Minsk de faire atterrir de force un avion de Ryanair afin d’arrêter un opposant politique.
L’incident a suscité un tollé parmi les pays occidentaux, qui ont dénoncé « un acte de piraterie d’Etat ».
Les autorités biélorusses ont fait décoller dimanche un avion de chasse, en arguant d’une alerte à la bombe, pour forcer un avion de la compagnie Ryanair qui effectuait la liaison entre Athènes et Vilnius à atterrir à Minsk. Elles ont ensuite arrêté le journaliste d’opposition Roman Protassevitch, 26 ans, qui se trouvait à bord.
L’Union européenne (UE) et l’Otan ont demandé lundi une enquête internationale sur cet incident, qualifié de « grave et dangereux » par l’alliance transatlantique.
La France a fait savoir qu’elle travaillait avec les autres Etats membres de l’Union européenne à un paquet de mesures de rétorsion à l’encontre de la Biélorussie.
Parmi les mesures envisagées, selon la présidence française, figurent la suspension des survols du territoire biélorusse par les compagnies aériennes, l’interdiction d’atterrissage de la compagnie biélorusse Belavia dans les aéroports européens et la suspension des transits, y compris terrestres, de la Biélorussie vers l’Union européenne.
La compagnie aérienne lettone airBaltic a annoncé qu’elle éviterait désormais d’entrer dans l’espace aérien de la Biélorussie. De son côté, le groupe Avia Solutions a indiqué que ses compagnies aériennes basées en Lituanie n’utiliseraient plus l’espace aérien biélorusse.
Le ministre lituanien des transports, Marius Skuodis, a déclaré que la compagnie polonaise LOT et la compagnie hongroise Wizzair allaient suivre cet exemple et que tous les vols au départ et à destination des aéroports lituaniens devraient, dès mardi, éviter l’espace aérien biélorusse.
Les possibilités de sanctions des pays occidentaux en matière aérienne semblent toutefois limitées. L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) n’a aucun pouvoir réglementaire et l’Union européenne n’a autorité que sur les vols directs qui ont pour origine ou pour destination son territoire.
APPELS À LA LIBÉRATION DU JOURNALISTE
L’atterrissage forcé du vol Ryanair à Minsk a bouleversé l’ordre du jour du sommet européen qui débute en fin de journée et qui devait initialement privilégier le dossier des relations avec la Russie et celui des liens avec la Grande-Bretagne.
Le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, et une centaine de responsables politiques du pays sont déjà sous le coup de sanctions de l’UE pour la répression des manifestations contre les résultats officiels des élections d’août dernier, qui ont donné Loukachenko réélu.
Les opposants au président dénoncent un scrutin entaché de multiples fraudes.
Lundi, la Commission européenne a dit avoir convoqué l’ambassadeur de Biélorussie, Alexandre Mikhnevitch, pour lui faire part de « sa ferme condamnation » du détournement de l’avion et de l’arrestation de Roman Protassevitch.
« L’action scandaleuse des autorités biélorusses constitue une nouvelle tentative flagrante de réduire au silence toutes les voix de l’opposition dans le pays », a déclaré l’exécutif européen dans un communiqué en demandant la libération immédiate du journaliste.
« Nous avons vraiment peur non seulement pour sa liberté, mais aussi pour sa vie », a déclaré à Sky News l’ex-rivale de Loukachenko à la présidentielle Svetlana Tsikhanouskaïa, en exil depuis l’été dernier.
L’endroit où est détenu Roman Protassevitch n’a pas été rendu public. Une université de Vilnius a déclaré que l’une de ses étudiantes, Sofia Sapega, 23 ans, voyageait avec lui et avait également été arrêtée.
LA RUSSIE IMPLIQUÉE ?
La Russie, soutien de longue date d’Alexandre Loukachenko, a accusé les pays occidentaux d’hypocrisie dans leur réaction vis-à-vis du détournement de l’avion.
« Soit (ils) devraient être choqués par (l’atterrissage) forcé en Autriche de l’avion du président bolivien à la demande des États-Unis (…), soit (ils) ne devraient pas être choqués par le comportement similaire d’autres personnes », a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, sur Facebook.
Elle fait référence à l’escale forcée en 2013 en Autriche d’un avion en provenance de Moscou à bord duquel se trouvait le président bolivien, en raison de la présence supposée à bord du lanceur d’alerte Edward Snowden, recherché par les autorités américaines.
Etant donné les liens étroits entre Minsk et Moscou, des responsables politiques européens ont ouvertement émis l’hypothèse que la Russie pourrait avoir joué un rôle dans l’incident.
Selon le gouvernement lituanien, cinq passagers qui étaient à bord de l’avion Ryanair n’ont pas atteint leur destination finale, à Vilnius.
Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a dit lundi penser que plusieurs membres des services de sécurité biélorusses avaient quitté l’avion de Ryanair lors de son escale à Minsk.
Une hypothèse évoquée également par le directeur général de Ryanair, Michael O’Leary. « Nous pensons que des agents du KGB ont également été débarqués de l’avion », a-t-il dit à la radio irlandaise Newstalk.
« S’il s’avère que les agents du KGB qui ont embarqué dans l’avion de @Ryanair détourné vers Minsk étaient russes, alors le personnel et les actifs russes devraient également être sanctionnés », a réagi sur Twitter Radoslaw Sikorski, ancien ministre polonais des Affaires étrangères et désormais membre du Parlement européen.
(Avec Andrew Osborn à Moscow, Michel Rose, Tim Hepher et Laurence Frost à Paris; version française Blandine Hénault, édité par Marc Angrand)
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