Engie rend son verdict sur l’offre de Veolia, pas de contre-offre d’Ardian
PARIS (Reuters) – Veolia semblait en bonne position lundi pour concrétiser son projet de racheter la participation d’Engie dans son rival français Suez alors que le fonds Ardian a annoncé qu’il renonçait à présenter une contre-offre à quelques heures d’une réunion décisive du conseil de l’énergéticien.
Engie, qui a l’Etat pour premier actionnaire, doit réunir son conseil d’administration dans la soirée afin de rendre sa décision sur l’offre de Veolia de lui racheter 29,9% de ses 32% dans Suez.
Le conseil d’Engie avait déjà réservé un accueil « favorable » la semaine dernière à la proposition – revue à la hausse – de Veolia et demandé un délai supplémentaire avant de rendre sa décision finale.
Une porte-parole d’Engie a déclaré dimanche soir à Reuters que le groupe avait « constaté un pas supplémentaire de Veolia pour rendre leur offre amicale » alors que ce dernier a annoncé s’engager de façon inconditionnelle à ne pas lancer d’OPA hostile sur son rival.
Mais Suez s’oppose farouchement au projet qu’il considère comme hostile et redoute un futur démantèlement de ses activités avec le risque de suppressions d’emplois massives.
Bien que ses dirigeants aient rencontré leurs homologues de Veolia et Engie à plusieurs reprises ces derniers jours, Suez a rejeté dimanche les dernières propositions de Veolia, estimant que son offre demeurait hostile.
Pour se défendre, Suez misait sur le projet d’offre alternative emmené par le fonds d’investissement français Ardian qui a fait part la semaine dernière d’une marque d’intérêt pour la part d’Engie dans Suez, sans toutefois donner d’indication sur le prix.
Dans un communiqué diffusé lundi à la mi-journée, ce dernier a toutefois annoncé qu’il ne soumettrait pas de contre-offre aux administrateurs d’Engie.
« Suite à l’expression de son intérêt, Ardian a travaillé sur une offre soutenue par les salariés de Suez et son conseil et nécessitant 6 semaines de due diligence », explique le fonds dans un communiqué.
« Cependant, Ardian, fidèle aux principes de négociations non hostiles, a décidé de ne pas déposer d’offre pour laisser le temps aux discussions en cours. »
L’INTERSYNDICALE DE SUEZ FAIT UN SIGNALEMENT AU PARQUET
Suez a diffusé un communiqué au même moment, disant que son conseil, réuni à nouveau ce lundi, est « en ligne » avec la diffusion d’Ardian de ne pas présenter d’offre.
« Le Conseil regrette la précipitation du Conseil d’Engie de vouloir décider sans analyse et sans discussion et dialogue préalables d’une offre alternative qui préserve l’intérêt social de Suez, et celui de ses actionnaires et de toutes ses parties prenantes, salariés et clients », peut-on lire dans le communiqué.
L’action de Suez a amplifié ses pertes, cédant à 14h45 2,89% à 15,605 euros. Veolia propose 18 euros par action pour les 29,9% d’Engie, valorisant la totalité du groupe à plus de 11 milliards d’euros.
Dimanche, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, avait de nouveau appelé Veolia et Suez à discuter afin de parvenir à un accord amiable dans les prochaines heures.
Le bras de fer, étalé en place publique, suscite également des débats parmi les responsables politiques.
Un groupe de parlementaires de la majorité a adressé samedi une lettre à Bruno Le Maire s’inquiétant d’une « fusion forcée » et de son impact sur l’emploi, l’innovation et le prix de l’eau et de la collecte des déchets.
L’intersyndicale de Suez a de son côté effectué un signalement auprès du parquet de Paris et du parquet financier, estimant que les représentants du personnel du groupe avaient été tenus à l’écart du processus.
(Gwénaëlle Barzic et Sarah White, avec Marc Angrand, édité par Jean-Stéphane Brosse)
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