Afghanistan: « Menace terroriste » à l’aéroport de Kaboul, dernière ligne droite pour les évacuations
(Reuters) – Les Etats-Unis et leurs alliés ont appelé les foules qui se pressent à l’aéroport de Kaboul pour tenter de fuir l’Afghanistan à quitter la zone en évoquant des risques d’attaques terroristes par des partisans du groupe Etat islamique (EI), sur fond d’accélération des évacuations à l’approche de la date butoir du 31 août.
Alors que les derniers militaires américains doivent avoir quitté l’aéroport de Kaboul mardi soir, une véritable course contre la montre est engagée pour évacuer des milliers d’Afghans ayant aidé les forces internationales présentes sur place au cours des vingt dernières années.
L’ambassade des Etats-Unis à Kaboul a diffusé mercredi soir une alerte déconseillant les déplacements vers l’aéroport et invitant les personnes déjà présentes sur place à quitter immédiatement les lieux, en évoquant des « menaces de sécurité » non précisées.
L’Australie et le Royaume-Uni ont diffusé des avertissements comparables mercredi soir.
« La menace est crédible, elle est imminente, elle est mortelle. Nous ne dirions pas cela si nous n’étions pas réellement inquiets de fournir à l’Etat islamique une cible sans précédent », a déclaré jeudi à la radio BBC le ministre britannique des Forces armées, James Heappey.
Un diplomate occidental présent à Kaboul a précisé que malgré ces appels, les abords des portes de l’aéroport de la capitale afghane restaient « particulièrement bondés ».
COMPTE À REBOURS POUR LES ÉVACUATIONS
Les combattants taliban qui contrôlent les environs de l’aéroport « risquent eux aussi leur vie, ils sont eux aussi menacés par le groupe Etat islamique », a déclaré à Reuters un responsable du mouvement taliban ayant requis l’anonymat.
Les taliban sont des ennemis acharnés de la branche afghane de l’EI, l’Etat islamique au Khorasan (EI-K, reprenant l’ancien nom perse de la région-NDLR), fondée par des dissidents taliban.
Ces alertes surviennent alors que les troupes étrangères s’activent pour permettre d’évacuer un maximum de personnes avant la fin du retrait américain.
Depuis le 14 août, veille de la prise de Kaboul par les taliban, les Occidentaux ont évacué plus de 88.000 personnes depuis l’aéroport de la capitale afghane – ressortissants étrangers, personnel diplomatique et de l’Otan, mais aussi Afghans susceptibles d’être la cible de représailles de la part des taliban ainsi que leur famille.
Avec l’accélération des opérations à l’approche de la fin du mois, 19.000 personnes ont été évacuées sur la seule journée de mardi et l’armée américaine estime qu’un avion décolle en moyenne toutes les 39 minutes à Kaboul.
L’opération française Apagan – qui prend la forme d’un pont aérien entre Kaboul et Paris, via la base aérienne française 104 d’Al Dhafr (Abou Dhabi) – a quant à elle permis d’évacuer une centaine de Français et environ 2.500 Afghans.
FIN DES ÉVACUATIONS DE LA FRANCE VENDREDI SOIR
Selon le diplomate occidental ayant décrit les foules toujours présentes à l’aéroport, le rythme des évacuations a ralenti mercredi mais devrait de nouveau accélérer ce jeudi.
Les militaires américains qui assurent actuellement la sécurisation de l’aéroport de Kaboul continueront d’encadrer les évacuations jusqu’au 31 août si nécessaire mais se concentreront particulièrement sur l’évacuation des troupes au cours des deux derniers jours précédant le 31 août, a annoncé le Pentagone mercredi.
A l’approche de ce retrait et sur fond de menace terroriste accrue, plusieurs pays européens ont annoncé la fin imminente ou déjà effective de leurs opérations d’évacuation.
Le Premier ministre français Jean Castex a annoncé jeudi matin sur RTL que les évacuations effectuées par l’armée française s’interrompraient « vendredi soir ».
Le gouvernement néerlandais a fait savoir jeudi dans un courrier au Parlement que son dernier vol d’évacuation de l’aéroport de Kaboul interviendrait ce jeudi.
Le Premier ministre belge Alexander De Croo a quant à lui annoncé jeudi lors d’une conférence de presse que le dernier vol d’évacuation opéré par la Belgique – qui a atterri la nuit dernière à Islamabad, au Pakistan – était le dernier de cette opération de pont aérien.
(Reportage bureaux de Reuters, rédigé par Stephen Coates ; version française Myriam Rivet, édité par Blandine Hénault)