Le château de Versailles au défi d’une renaissance post-coronavirus
par Elizabeth Pineau
VERSAILLES, Yvelines (Reuters) – Le domaine de Versailles rouvre samedi au public après trois mois d’un arrêt forcé qui laissera des traces durables dans l’organisation et la gestion de ce site majeur du patrimoine français visité l’an dernier par plus de huit millions de personnes.
Dans une galerie des Glaces dépoussiérée pendant le confinement, Catherine Pégard, présidente du site national, s’inquiète des conséquences financières pour un lieu où travaillent un millier d’agents, qui accueillait avant l’épidémie de coronavirus 80% de visiteurs étrangers, alors que la billetterie représente 75% des ressources.
« Effectivement ce modèle économique se trouve dévasté. Il faut reconstruire », a-t-elle déclaré à Reuters.
Si elle n’a pas encore chiffré la crise qui touche de plein fouet d’autres institutions comme le Louvre, elle sait que des schémas devront être réinventés, au-delà de l’aide des pouvoirs publics.
« C’est notre mission de continuer à accueillir le monde à Versailles », ajoute celle qui dit compter sur un retour rapide des touristes français et européens, ainsi que sur la « fidélité » des mécènes de Versailles, pour refaire surface.
Vendredi, des dizaines de professionnels préparaient le site pour le retour des visiteurs dont le parcours, du salon d’Hercule à la galerie des Batailles en passant par les appartements royaux, sera délimité par des potelets.
« Dans la chambre de la reine, il s’agit de microaspirer les textiles pour leur redonner un coup de propre. C’est très fragile », a dit à Reuters Laurent Jannin, tapissier, devant le lit fleuri où dormait Marie-Antoinette.
A raison de 500 personnes par heure, le palais accueillera 4.500 visiteurs par jour, contre 20.000 en saison haute avant le confinement. « Quasiment une visite privée », sourit Catherine Pégard.
Quant au parc de 800 hectares décoré de fontaines jaillissantes et de 400 statues, il offre un espace compatible avec le respect des distances de protection.
Laurent Brunner, directeur des spectacles du château, espère un retour en force des locaux. « Versailles, c’est français, c’est chez eux. On peut pique-niquer, passer la journée dehors. Après deux mois de confinement, c’est ce dont les Franciliens ont besoin. »
(Elizabeth Pineau, édité par Jean-Michel Bélot)