La Fonderie de Bretagne épargnée par Renault, les salariés soulagés
par Caroline Pailliez et Stéphane Mahé
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CAUDAN (Morbihan) (Reuters) – Giovanni Pili, salarié de la Fonderie de Bretagne de Renault dans le Morbihan a savouré vendredi une victoire, après avoir appris que son usine ne fermerait pas malgré la période incertaine qui s’amorce pour l’entreprise.
« C’est une victoire, le site reste en place », souffle ce père de famille de 44 ans, qui travaille dans l’usine depuis vingt ans. « Il n’y a pas de fermeture, pas de repreneur, donc c’est ce qu’on espérait. On y est arrivé ».
Les dirigeants de Renault ont annoncé vendredi qu’ils n’envisageaient pas pour l’instant de fermer ou de céder l’usine, deux possibilités évoquées dans les médias ces dernières semaines dans le cadre d’un plan d’économies de deux milliards d’euros destiné à restaurer sa compétitivité.
« Son avenir n’est pas dans le groupe Renault », a toutefois déclaré le président de Renault Jean-Dominique Senard dans le Monde daté de samedi.
Le constructeur va lancer une étude stratégique, selon le directeur général de la Fonderie, Laurent Galmard qui s’est exprimé devant les salariés après une réunion avec les élus du personnel.
L’usine, qui produit des pièces de moteur et de boite de vitesse pour les voitures Renault, devra notamment engager une diversification de sa production pour rester en activité sur le long terme, prévient Maël Le Goff, délégué syndical CGT.
« Le plus dur reste à venir parce que le combat qu’on a gagné, il faut le continuer », dit-il, précisant voir des avenues possibles dans le routier – camion – et le ferroviaire.
Pour Giovanni Pili, ces annonces mettent fin à des jours d’angoisse. Formé dans les écoles de fonderie du nord-est de la France, il a quitté sa région natale des Ardennes pour s’installer en Bretagne avec sa compagne, démarché par l’entreprise à l’issue de son service militaire.
FONDEURS DE PERES EN FILS
Il a monté les échelons, a survécu à la liquidation judiciaire de l’entreprise en 2008, a participé au mouvement social qui a accompagné la reprise par Renault un an plus tard, a travaillé d’arrache-pied pour reconstruire le site lorsqu’il a été ravagé par un incendie en mai 2019.
« C’est le site qui m’a permis de me lancer dans la vie active, de m’intégrer dans la région. J’y suis très attaché », dit-il, installé dans sa maison, un ancien corps de ferme de 1920.
Ce sentiment d’appartenance est partagé par nombre de ses collègues, pour beaucoup fondeurs de père en fils.
Il n’existe pas d’autres fonderies dans la région, avait dit jeudi à Reuters le Maire de Caudan, Fabrice Vély, craignant une catastrophe pour l’agglomération. Le site emploie 385 salariés et une centaine d’intérimaires auxquels s’ajoutent 150 sous-traitants directs.
La crise sanitaire engendrée par l’épidémie de coronavirus a déjà fragilisé le tissu économique de la région, a pour sa part souligné le Medef du Morbihan.
En grève depuis lundi, Giovanni Pili a hâte maintenant de retourner au travail. « On veut montrer ce qu’on sait faire, le potentiel qu’on a », dit-il. « On va tout faire pour que ça fonctionne ».
(Edité par Gwénaëlle Barzic)
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