Nouvelles manifestations antigouvernementales en Iran
Des Iraniens se sont à nouveau rassemblés dimanche, notamment à Téhéran, pour fustiger l’action des autorités après l’aveu de l’armée, qui a reconnu avoir abattu par erreur l’avion d’Ukraine International Airlines mercredi, selon des vidéos diffusées sur Twitter.
Leur authenticité n’a pu être vérifiée, mais la presse publique iranienne avait déjà fait état la veille de manifestations antigouvernementales.
« Ils mentent ! Notre ennemi n’est pas l’Amérique, il est ici ! », scandent des contestataires rassemblés aux abords d’une université de Téhéran, dans l’une des vidéos. Des manifestations auraient également eu lieu dans d’autres villes d’Iran.
Selon des habitants contactés par Reuters, les forces de l’ordre étaient très présentes dimanche dans la capitale. La veille, la police anti-émeute avait fait usage de gaz lacrymogène pour disperser plusieurs milliers de manifestants qui scandaient « Mort au tyran ! », à l’intention de l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution.
« Excusez-vous et démissionnez », peut-on lire à la « une » du quotidien Etemad, selon lequel le peuple demande l’éviction des responsables de la catastrophe d’Ukraine International Airlines.
L’ambassadeur britannique à Téhéran a par ailleurs été convoqué dimanche au ministère iranien des Affaires étrangères, au lendemain de sa participation à un rassemblement « illégal » en hommage aux victimes de l’accident.
« DÉSASTREUSE ERREUR »
« Aujourd’hui, Rob Macaire a été convoqué en raison de sa décision non conventionnelle d’assister à un rassemblement illégal samedi », dit le ministère sur son site internet. Londres avait annoncé que le diplomate avait été brièvement détenu samedi.
Après trois jours de dénégations, l’armée iranienne a avoué samedi avoir tiré « par erreur » un missile sur l’appareil, causant la mort de 176 personnes.
La mécontentement suscité par l’attitude des autorités vient s’ajouter à l’indignation soulevée par la violente répression des manifestations antigouvernementales de novembre et à la crise économique due aux lourdes sanctions américaines.
L’avion ukranien a été abattu quelques minutes après son décollage de Téhéran mercredi, peu après les tirs de missiles iraniens sur des positions américaines en Irak, en représailles à la mort du général Qassem Soleimani, tué le 3 janvier à Bagdad par l’armée américaine.
Les forces iraniennes, qui craignaient une riposte, ont pris l’avion pour un missile de croisière, selon les gardiens de la Révolution, qui disent en avoir informé les autorités le jour-même. Parlant d’une « désastreuse erreur », le président Hassan Rohani a présenté les excuses de la République islamique, sans expliquer pourquoi l’information n’avait pas été divulguée plus tôt.
« Dès le départ, il n’était pas question de dissimuler les causes de l’accident, d’autant que sa nature et ses caractéristiques techniques (…) le rendent pratiquement impossible à cacher », a commenté Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, cité dimanche par l’agence de presse Irib.
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