Yémen : deux chrétiens assassinés pour leur foi
Deux ex-musulmans yéménites qui se sont convertis au christianisme ont été pris en embuscade et tués à cause de leur foi, selon des informations fournies par des proches des victimes. D’après le journal « Morning Star News » qui a relayé cette triste nouvelle, un membre au moins de l’organisation terroriste Al-Quaïda (AQAP) est à l’origine de ces agressions qui se sont produites à Taiz au Sud-Ouest du Yémen.
Selon les données fournies par l’entourage des victimes [En raison de menaces de sécurité au Yémen qui est un pays musulman à 99,9 % gouverné par la charia et en proie à une guerre civile, les noms des victimes et les sources n’ont pas été révélés], l’assassinat des deux chrétiens s’est produit à peu de temps d’intervalle entre septembre et début octobre. Un membre au moins d’Al-Quaïda de la péninsule arabique a fait irruption dans la ville et a tiré 15 à 20 fois sur le premier chrétien. Le deux octobre, le second a été assassiné chez lui par un musulman extrémiste ou par un membre de sa propre famille.
Les deux chrétiens, qui ont confessé ouvertement leur foi en Jésus-Christ étaient impliqués dans l’évangélisation. Selon un ami du deuxième disciple de Jésus, celui-ci n’était pas impliqué dans d’autres activités mais était connu par certains comme le « converti de l’Islam » qui était harcelé et menacé par des musulmans :
« Beaucoup de personnes ne supportaient pas qu’il soit converti », selon le témoignage de son ami. « Je pense que c’est à cause de sa foi ; il n y avait aucune autre raison pour le tuer ».
Depuis que la guerre civile a éclaté au Yémen, le pays est devenu instable, et les habitants de ce pays peuvent être tués pour de nombreuses raisons, et notamment parce qu’ils se convertissent au christianisme. Le meurtre n’a d’ailleurs été suivi d’aucune arrestation et les agressions continuent.
Les dernières personnes assassinées sont une femme et son fils adolescent. Selon leur ami, les décès de ces deux personnes ont alarmé la communauté chrétienne de Taiz. Car leur décès est la finale d’un long processus : les victimes ont été harcelées, leur maison a été brûlée au moins une fois. Selon l’ami du deuxième chrétien tué, les habitants sont terrassés par la peur comme il en témoigne lui-même :
« Les personnes qui le connaissaient sont effrayées, particulièrement parce qu’il est le deuxième à mourir. Les gens qui le connaissaient bien sont effrayés et choqués car ils savent qu’il est mort à cause de sa foi. Les personnes qui ne le connaissaient pas pensent qu’il a été tué dans l’agitation générale ».
Une autre explication au meurtre du deuxième chrétien tué pourrait être que la famille, qui s’est sentie publiquement humiliée par sa décision de suivre le Christ, a réagi. L’influence de la famille est importante au Yémen. La structure familiale vise en effet à renforcer les normes sociales, et particulièrement l’adhésion à l’Islam, comme l’explique l’ami de la victime :
« Dans notre culture, c’est différent que dans d’autres pays, parce que dans notre pays, la tribu règne, pas le gouvernement. Si tu as un problème avec ta famille, personne ne peut te sauver. Si tu as un problème avec le gouvernement, ta famille ou la tribu peut te sauver des problèmes avec le gouvernement. Il faut que tu sois prudent et que tu ne commences pas à avoir de problèmes avec ta tribu ou ta famille, sinon cela sera difficile ».
La blessure pour la perte de son ami est d’autant plus vive qu’il est mort assassiné :
« Je suis triste. Je suis triste à la fois parce que je le connaissais personnellement, et aussi parce que je ne comprends pas pourquoi cela est arrivé. Il n y a pas de raison pour cela. »
Le premier chrétien décédé par contre pourrait avoir été assassiné par un militant d’une branche d’Al-Qaïda (AQAP) qui serait responsable de sa mort :
« Pendant six mois, il avait reçu des menaces venant directement de membres d’AQAP qu’il connaissait personnellement. Il n’y a pas de raison de croire que sa famille a été impliquée dans le meurtre. Sa famille connaissait sa foi depuis plus d’une décennie, et même si cela a crée des tensions, ils n’ont jamais menacé sa vie. ».
Selon l’ami du deuxième chrétien assassiné, ce converti était quelqu’un qui avait un grand sens de l’humour, aimait jouer le Oud, un instrument traditionnel du Moyen-Orient. Il voulait gagner le monde pour Dieu et se préparait à faire cela. Son désir lui a coûté la vie, mais l’ami du chrétien tué espère que Dieu tournera sa mort en une opportunité, comme il l’exprime en quelques mots :
« Il avait un plan et une vision pour faire quelque chose. Nous espérons que Dieu donnera à ces personnes la lumière pour voir ce qu’ils font. Je sens que ces gens (les meurtriers) voudront plus du Salut et connaître davantage sur Dieu. »