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L’attentat contre une église à Damas était-il évitable ?

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En ciblant la communauté syrienne de confession chrétienne, l’attentat contre une église à Damas, dimanche dernier, visait surtout à déstabiliser le pouvoir en place.

L’attentat, commis dimanche dernier, contre une église au cœur de Damas ravive les craintes des chrétiens syriens. Ironie du sort, ils doivent aujourd’hui attendre leur protection du nouveau gouvernement de transition présidé par Ahmed al-Chareh, ancien combattant plus ou moins repenti de l’Etat islamique puis d’Al-Qaida.

Pour la spécialiste de la Syrie Anna Poujeau, chargée de recherche en anthropologie politique et religieuse pour le compte du CNRS et basée à Beyrouth, cet attentat marque un tournant dans l’histoire du pays. Et place le nouveau pouvoir face à son plus grand défi, à savoir la protection des minorités religieuses. Explications.

A vos yeux, cet attentat était-il prévisible?
En tous les cas, on savait que des menaces pesaient sur ces nouvelles autorités. Celles-ci proviennent d’une part du reste des fidèles d’Assad, mais également des fractions islamistes les plus radicales. Le pouvoir a mis des choses en place pour éviter de telles actions, comme des barrages et des contrôles à la recherche d’armes. En janvier, les services de renseignement avaient d’ailleurs annoncé avoir déjoué un attentat dans une mausolée chiite. Dans ce contexte, cet attentat n’est donc hélas pas complètement extravagant.

Vous parlez des autorités, mais c’est quand même un lieu particulier qui a été visé: une église.

Mardi, en effet, l’attentat a été revendiqué par le groupe Saraya Ansar al-Sunna, une fraction sunnite extrémiste peu connue, créée au début de l’année. Certes, leur discours est très classique: il décrit les chrétiens comme des infidèles qui ne devraient pas avoir le droit de vivre en Syrie. Mais leur but premier est bien de déstabiliser le pouvoir. Les attaques contre les minorités religieuses (chrétiens, druzes, alaouites) sont le talon d’Achille des autorités: elles peuvent remettre en cause leur légitimité vis-à-vis de leurs soutiens étrangers.

S’attaquer aux minorités, serait-ce également une manière de s’attacher les faveurs de l’opinion publique?

C’est une façon de créer le chaos. Or quand on veut provoquer la dissension parmi la population, rien de tel, dans la région, que de jouer sur la corde religieuse. On l’a vu en avril quand un message audio qui insultait le prophète a été attribué à un chef druze. Bien que fausse, l’accusation s’est répandue massivement sur les réseaux sociaux et a dégénéré en de violents affrontements confessionnels. Plusieurs dizaines de morts du côté des druzes ont été rapportés.

Les tensions interreligieuses se sont-elles radicalisées depuis la chute du régime?

La situation est différente pour chaque minorité. Collectivement, les alouites sont identifiés comme ayant été du côté du régime Assad, soit du côté des oppresseurs. Pour beaucoup, s’en prendre à cette minorité est donc justifié au regard des crimes passés. On l’a vu lors des massacres sur la côte syrienne, début mars, qui ont fait plus de deux mille morts. Les druzes et les chrétiens sont largement plus minoritaires. Les druzes détiennent un territoire homogène, alors que les chrétiens sont dispersés un peu partout en Syrie, en zones rurales comme urbaines. Par ailleurs, contrairement aux druzes et alouites, les chrétiens ne se sont jamais armés en tant que milices. Ils n’ont aucune force militaire propre.

Comment les chrétiens ont-ils vécu la chute du régime Assad?

Depuis l’arrivée au pouvoir d’Ahmed al-Chareh, les chrétiens, comme la grande majorité de la population, sont soulagés d’en avoir fini avec ce régime. Tous ont vécu quatorze ans d’une guerre absolument terrible. Toutefois, ils connaissent la coloration islamiste de ces nouvelles autorités et cela suscite forcément des inquiétudes. Les chrétiens adoptent donc une position attentiste, avec des craintes qui se réveillent dès qu’il y a des rumeurs sur les réseaux sociaux disant que les maillots de bain et l’alcool seront bientôt interdits. Ils l’entendent comme une attaque contre leur mode de vie, la preuve qu’ils sont indésirables.

Les nouvelles autorités ont promis de respecter les minorités religieuses. Qu’en est-il?

Les fêtes de Pâques ont précisément été un test en la matière J’étais alors à Damas. Les chrétiens ont pu célébrer sans aucune difficulté. Leurs quartiers étaient hautement sécurisés et les agents de la sûreté ont été perçus comme très respectueux. Cela confirmait le discours officiel, affirmant que leur liberté religieuse continuerait d’être garantie. Certes, il y a pu avoir des jeunes qui sont allés casser des bouteilles dans un magasin d’alcool ou autre. Mais je n’ai constaté aucune volonté politique visant à restreindre leur liberté.

Et face à cet attentat, la réponse des autorités a-t-elle été à la hauteur?

L’attentat a immédiatement été condamné et les autorités ont promis de traduire en justice les responsables. Pour autant, lors des funérailles, le patriarche Jean X a tenu à parler des victimes en utilisant le terme de «martyrs» et a interpellé les autorités sur leur responsabilité à garantir la sécurité de tous. Cet attentat marque sans aucun doute un point de bascule: il place les autorités devant un grand test face à la menace islamiste. Or, le fait qu’Ahmed al-Chareh ait serré la main de Donald Trump, qu’il ait était très mou sur les attaques d’Israël dans le sud de la Syrie et ne se soit jamais prononcé sur Gaza, montre qu’il a adopté une position très précautionneuse. Or celle-ci ne peut satisfaire les sunnites les plus radicaux. Pour eux, c’est un retournement de veste qu’ils ne peuvent tolérer.

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