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Israël bombarde la bande de Gaza, plus de 400 morts

par Nidal al-Mughrabi, Enas Alashray et James Mackenzie

JERUSALEM/LE CAIRE (Reuters) – Israël a intensément bombardé la bande de Gaza dans la nuit de lundi à mardi, faisant plus de 400 morts selon les services de santé palestiniens, l’Etat hébreu promettant de recourir à la force pour libérer ses derniers otages au risque de provoquer l’effondrement total du cessez-le-feu en vigueur depuis janvier.

L’armée israélienne a annoncé qu’elle poursuivrait ses bombardements aussi longtemps que nécessaire et que ses opérations ne se limiteraient plus à des raids aériens, laissant entrevoir une reprise des assauts terrestres.

Lors d’un point de presse, Benjamin Netanyahu a déclaré que la pression militaire sur le Hamas était une « condition essentielle » pour obtenir la libération des otages détenus par le groupe islamiste. « Ce n’est que le début », a-t-il averti.

Désormais, les négociations sur la libération des otages encore retenus à Gaza « ne se dérouleront que sous le feu », a encore dit le Premier ministre.

Le Hamas a reproché à Israël de rendre caduc l’accord de cessez-le-feu signé le 19 janvier en reprenant son « agression » contre les civils de la bande de Gaza. Cela rend incertain le sort des 59 otages israéliens encore détenus dans l’enclave, a-t-il ajouté.

L’aviation israélienne a bombardé des maisons et des camps de tentes du nord au sud de la bande de Gaza tandis que des chars postés du côté israélien de la frontière ont pilonné l’est et le sud du territoire.

« Cela a été une nuit d’enfer. On avait l’impression d’être aux premiers jours de la guerre », a dit Rabiha Djamal, une mère de famille de 65 ans à Gaza-Ville.

« Nous nous apprêtions à manger quelque chose avant de commencer une nouvelle journée de jeûne quand l’immeuble a tremblé et les explosions ont commencé. Nous pensions que c’était terminé mais la guerre est de retour », a-t-elle déclaré à Reuters via une messagerie.

Dans les hôpitaux de l’enclave palestinienne, mis à mal par 15 mois de bombardements, les cadavres enveloppés dans des protections en plastique couvertes de sang se sont amoncelés à mesure que les victimes étaient amenées. Le ministère de la Santé du territoire, contrôlé par le Hamas, a fait état de 404 morts, dont de nombreux enfants, et de 562 blessés.

L’armée israélienne a par la suite émis des ordres d’évacuation pour plusieurs quartiers de Gaza.

LA MAISON BLANCHE DIT AVOIR ÉTÉ CONSULTÉE

A Washington, un porte-parole de la Maison blanche a déclaré qu’Israël avait consulté l’administration du président Donald Trump avant de mener ces frappes, qui ont selon l’armée israélienne ciblé des membres du Hamas et des infrastructures du groupe.

« Le Hamas aurait pu libérer les otages pour prolonger le cessez-le-feu, mais au lieu de cela, il a refusé et choisi la guerre », a dit Brian Hughes.

Un représentant du bureau politique du Hamas, Mohamed al Djmassi, et des membres de sa famille ont été tués dans une frappe contre leur maison dans la ville de Gaza, ont déclaré des sources au sein du groupe palestinien. Au total, au moins cinq représentants du Hamas ainsi que des membres de leurs familles ont été tués dans les frappes menées dans la nuit de lundi à mardi, a appris Reuters.

La France a condamné mardi les frappes israéliennes sur la bande de Gaza et appelé à un arrêt immédiat de la violence, selon un communiqué du ministère français des Affaires étrangères.

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Turk, s’est déclaré « horrifié ».

« Nous assistons à nouveau à des scènes de mutilation de corps d’enfants et de corps enveloppés dans des linceuls », a-t-il déclaré lors d’un point de presse à Genève. « Il est inacceptable, voire inimaginable, de se retrouver une fois de plus à parler de cela au lieu de soutenir une voie vers un rétablissement significatif et une paix durable ».

L’Égypte et le Qatar, médiateurs de l’accord de cessez-le-feu avec les États-Unis, ont aussi condamné l’assaut israélien. Le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abderrahmane Al Thani, a appelé à une action internationale immédiate pour contraindre Israël à respecter l’accord de cessez-le-feu et à reprendre les négociations.

« FIN UNILATÉRALE » DU CESSEZ-LE-FEU

Ces dernières semaines, les médiateurs de l’Egypte et du Qatar n’ont pas réussi à faire avancer les négociations de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Le gouvernement israélien, soutenu par les Etats-Unis, a réclamé la libération des 59 derniers otages détenus par le Hamas en échange d’une prolongation du cessez-le-feu jusqu’à la fin du mois du ramadan. Pour sa part, le mouvement palestinien a dit vouloir négocier comme prévu la deuxième phase de l’accord, devant permettre la libération des derniers otages et aboutir à une cessation permanente des hostilités.

La phase initiale de l’accord scellé en janvier a permis la libération de 33 otages israéliens en échange de quelque 2.000 prisonniers palestiniens détenus par Israël.

« Nous demandons que les médiateurs tiennent Netanyahu et l’occupation sioniste comme pleinement responsables de la violation et de l’annulation de l’accord », a déclaré le Hamas mardi matin dans un communiqué.

Un haut représentant du groupe palestinien a reproché à Israël d’avoir mis fin « unilatéralement » au cessez-le-feu.

Jusqu’à présent, si les deux camps s’étaient mutuellement accusés de violations du cessez-le-feu, un plein regain des hostilités avait été évité.

Israël a toutefois bloqué les entrées d’aides humanitaires dans la bande de Gaza, coupé l’approvisionnement en eau et menacé à plusieurs reprises de reprendre des opérations militaires de grande ampleur en l’absence de la libération de tous les otages israéliens.

La bande de Gaza a été complètement ravagée par le siège total décrété par Israël en réponse à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 lors de laquelle 1.200 personnes ont été tuées et 251 autres enlevées, selon les autorités israéliennes.

D’après les services de santé palestiniens, plus de 48.000 personnes ont été tuées lors de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza.

(James Mackenzie et Emily Rose à Jérusalem, Nidal al-Mughrabi, Enas Alashray et Yomna Ehab au Caire, avec Jeff Mason à Washington; version française Jean Terzian, Bertrand Boucey, Mara Vîlcu et Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)

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