Israël frappe un bâtiment officiel d’une ville du sud du Liban, le maire parmi les tués
par Laila Bassam et Maya Gebeily
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BEYROUTH (Reuters) – Le siège de la municipalité de Nabatieh, grande ville du sud du Liban, a été détruit mercredi dans une frappe aérienne menée par Israël, tuant 16 personnes dont le maire, une attaque d’une ampleur inédite contre un bâtiment officiel au Liban depuis le début le mois dernier de l’offensive israélienne dans le pays.
Cette attaque, lors de laquelle plus de 50 personnes ont également été blessées, a été dénoncée par les responsables libanais, lesquels ont dit y voir une preuve que l’offensive militaire d’Israël, présentée comme ciblant le Hezbollah, visait désormais l’Etat libanais dans son ensemble.
Tsahal a « intentionnellement ciblé une réunion du conseil municipal lors de laquelle étaient discutés les services de la ville et la situation en matière de secours » afin d’aider les personnes déplacées par les bombardements israéliens, a déclaré le Premier ministre libanais par intérim, Najib Mikati.
Au cours d’une visite dans le nord d’Israël, près de la frontière avec le Liban, le ministre de la Défense a déclaré dans la journée qu’Israël ne suspendrait pas sa campagne militaire contre le Hezbollah pour permettre des négociations.
« Le Hezbollah se trouve en grande détresse », a dit Yoav Gallant, selon des propos rapportés par ses services. « Nous mènerons des négociations seulement sous les tirs. Je l’ai dit dès le premier jour, je l’ai dit à Gaza et je le dis ici », a-t-il ajouté.
Israël a lancé il y a près d’un mois une campagne militaire au Liban avec l’objectif annoncé de détruire le Hezbollah, mouvement aligné sur l’Iran, et de permettre le retour des quelque 70.000 citoyens israéliens déplacés par les tirs transfrontaliers en marge de la guerre dans la bande de Gaza.
Au moins 2.350 personnes ont été tuées et des milliers d’autres blessées dans des frappes israéliennes au Liban depuis le 8 octobre 2023, selon le ministère libanais de la Santé. La plupart des victimes ont été recensées au cours des dernières semaines.
Plus de 1,2 million de Libanais ont été déplacés par les bombardements menés par Israël à travers le pays. D’après les Nations unies, un quart de la population libanaise est concernée par des ordres d’évacuation émis par l’armée israélienne.
Une cinquantaine d’Israéliens – des soldats et des civils – ont été tués depuis un an, selon les autorités israéliennes.
Israël a ordonné pour la première fois le 3 octobre des évacuations à Nabatieh, où vivent des dizaines de milliers de personnes. Le maire, Ahmed Kahil, avait alors déclaré à Reuters qu’il n’entendait pas quitter la ville.
L’armée israélienne a dit mercredi avoir frappé des dizaines de cibles du Hezbollah dans la région de Nabatieh. Par ailleurs, la marine israélienne a frappé des dizaines de cibles dans le sud du Liban, a ajouté Tsahal.
Elle a également revendiqué avoir « démantelé » un réseau de tunnels utilisés par une unité militaire du Hezbollah, au coeur d’une ville située près de la frontière avec Israël.
Aux premières heures de la journée, des avions de chasse israéliens ont ciblé la périphérie sud de la capitale Beyrouth pour la première fois en près d’une semaine.
Des journalistes de Reuters ont entendu deux explosions et vu d’épais nuages de fumée se répandre dans le ciel dans deux quartiers distincts.
Alors que des puissances occidentales, dont la France, ont appelé à un cessez-le-feu, Najib Mikati est apparu pessimiste à propos d’une issue diplomatique.
« Qu’est-ce qui peut dissuader l’ennemi (Israël) de commettre des crimes, quand ils atteignent un point où même des troupes de maintien de la paix dans le sud sont ciblées ? », a-t-il dit, en référence aux multiples incidents entre l’armée israélienne et la Finul – la mission de maintien de la paix de l’Onu au Liban.
« Quelle solution peut-on espérer à la lumière de cette réalité », a écrit le dirigeant libanais dans un communiqué.
(Laila Bassam et Timour Azhar à Beyrouth; version française Jean Terzian, édité par Zhifan Liu)
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