Afrique du Sud : La domination sans partage de l’ANC va s’achever
par Alexander Winning
JOHANNESBURG (Reuters) – Le Congrès national africain (ANC) a subi un camouflet aux élections législatives en Afrique du Sud et ne va recueillir qu’environ 40% des voix, lui faisant perdre sa majorité absolue à l’Assemblée nationale qu’il détient depuis la fin de l’apartheid en 1994, montrent les résultats partiels publiés samedi.
Fortement affaibli dans un contexte de chômage de masse, d’inégalités et d’infrastructures défaillantes, le parti historique de Nelson Mandela se trouve face à la perspective inédite et complexe de trouver un ou des partenaires de coalition s’il souhaite rester au pouvoir.
« Nous pouvons discuter avec tout le monde et n’importe qui », a dit son président Gwede Mantashe, ministre des Mines et de l’Energie, à des journalistes, selon la radiotélévision publique SABC.
Après dépouillement dans plus de 98% des bureaux de vote, l’ANC recueille 40,29% des voix, un net recul par rapport aux 57,5% des précédentes législatives en 2019 et de toutes les autres élections depuis qu’il est parvenu au pouvoir en 1994.
Le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), obtient 21,63% des suffrages et uMkhonto we Sizwe (MK), le nouveau parti de l’ancien président Jacob Zuma, 14,71%.
Cette performance du MK, particulièrement dans le KwaZulu-Natal, fief de Jacob Zuma, est l’une des principales raisons de l’échec de l’ANC à conserver sa majorité absolue.
Aux termes de la Constitution sud-africaine, l’Assemblée nationale est chargée d’élire le chef de l’Etat.
Malgré son recul, l’ANC devrait rester la force dominante au sein de la chambre ce qui devrait permettre à Cyril Ramaphosa de conserver son poste de président du pays, mais dans une position fragilisée.
Son maintien pourrait aussi dépendre des négociations avec les autres partis sur la formation d’un gouvernement et la répartition des postes ministériels.
La commission électorale prévoit d’annoncer dimanche les résultats officiels des législatives.
(Avec Silvia Aloisi à Johannesburg et Wendell Roelf au Cap; version française Camille Raynaud et Bertrand Boucey)