La BCE devrait réduire ses hausses de taux à 25 points de base en mai
par Prerana Bhat
BANGALORE (Reuters) – La majorité des économistes interrogés par Reuters estiment que la Banque centrale européenne augmentera son taux de dépôt de 25 points de base le 4 mai, puis le portera en juin à 3,50%, voire plus, en raison du niveau de l’inflation sous-jacente.
La hausse des prix à la consommation a de nouveau ralenti le mois dernier mais reste plus de trois fois supérieure à l’objectif de 2% fixé par la BCE tandis qu’en excluant l’alimentation et l’énergie, l’inflation a accéléré à 7,5%.
La présidente de l’institution de Francfort Christine Lagarde a déclaré jeudi que la banque avait « encore un peu de chemin à faire » en matière de politique monétaire, de sorte que le débat sur le niveau de taux de dépôt terminal reste ouvert.
Pour 57 des 69 économistes interrogés par Reuters, la BCE devrait procéder la semaine prochaine à sa septième hausse de taux consécutive, mais en modérant son ampleur à 25 points de base.
Le taux de dépôt atteindrait alors 3,25%.
Néanmoins, 12 personnes interrogées s’attendent à une augmentation d’un demi-point.
« Même si l’inflation globale continuera à reculer, une tension dans les services et une inflation de base obstinément élevée plaident en faveur de nouvelles hausses de taux et d’une approche restrictive pour plus longtemps », a déclaré Carsten Brzeski chez ING, qui ne prévoit pas d’assouplissement avant le second semestre 2024.
« La BCE n’envisagera pas d’inverser sa position actuelle tant que l’inflation attendue et réelle ne se rapprochera pas clairement de nouveau des 2%. »
Les médianes des réponses des économistes montrent que le taux de dépôt atteindra un pic à 3,50% en juin, contre 3,75% au troisième trimestre dans l’enquête de mars. Une minorité significative (30 personnes sur 68) prévoit un taux de 3,75% ou plus d’ici la fin de l’année.
Ayant entamé son cycle de resserrement monétaire plus tardivement que la plupart des grandes banques centrales, la BCE semble être l’une des rares à ne pas être près d’une pause.
La Réserve fédérale devrait pencher le 3 mai pour une hausse de 25 points de base avant d’opter pour un statu quo pour le restant de l’année, selon un autre sondage Reuters.
L’inflation ne devrait pas atteindre 2% avant au moins 2025, selon l’enquête. En réponse à une question supplémentaire, 80% des personnes interrogées (32 sur 40) ont déclaré que le risque le plus important était que l’inflation soit plus importante qu’attendu cette année.
« L’inflation a reflué mais uniquement grâce à l’énergie et les principales pressions à la baisse liées aux effets de base sont déjà derrière nous », a déclaré Ken Wattret de S&P Global Market Intelligence.
« L’inflation se modérera au fil du temps, mais la question clé pour les perspectives de 2023 est le degré de rigidité de l’inflation de base ».
Alors qu’une récession réduirait les tensions sur les prix, les perspectives économiques pour la zone euro semblent plutôt favorables avec un risque de récession dans les deux ans estimé à 40%.
Le tableau reste toutefois fragile avec un PIB attendu en hausse de 0,1% seulement sur la période avril-juin et de 0,2% pour les deux trimestres qui suivront.
En rythme annuel, l’économie devrait enregistrer une croissance de 0,6% cette année avant de rebondir de 1,1% en 2024, toujours selon la médiane des réponses.
(Prerana Bhat; avec Susobhan Sarkar, Sujith Pai et Aditi Verma, version française Laetitia Volga, édité par Kate Entringer)