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Macron pour un « partenariat renouvelé » en Afrique, où les bases militaires seront co-gérées

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par Elizabeth Pineau

PARIS/LIBREVILLE (Reuters) – Le président Emmanuel Macron a plaidé lundi pour un « partenariat renouvelé » avec le continent africain, où les bases militaires françaises seront à l’avenir co-gérées avec les pays concernés, en réponse à leurs besoins.

Plus de cinq ans après le discours de Ouagadougou où il avait proclamé la fin de la « Françafrique » héritée des temps coloniaux, le chef de l’Etat a demandé de « faire preuve d’une profonde humilité face à ce qui se joue » sur un continent où la France perd de l’influence au profit de puissances comme la Chine et la Russie, sur fond de guerre en Ukraine.

« Nous avons destin lié avec le continent africain », a-t-il dit devant la presse et la délégation qui l’accompagnera à partir de mercredi dans une tournée au Gabon, en Angola, au Congo et en République démocratique du Congo.

« L’Afrique n’est pas un pré-carré, est encore moins un continent auquel les Européens et les Français pourraient dicter un cadre de développement, mais c’est un continent où nous devons bâtir des relations respectueuses, équilibrées et responsables pour lutter ensemble sur des causes communes – le climat en est une ô combien importante -, défendre nos intérêts et aider les pays africains à réussir », a-t-il ajouté.

Aucun pays du Sahel ne figure au programme de son voyage, alors que les troupes françaises viennent de quitter le Mali et ont mis fin à leur mission au Burkina Faso après des années de lutte contre des groupes terroristes.

Affirmant que la France ne saurait être « une assurance-vie au règlement des problèmes politiques » des pays africains, Emmanuel Macron a annoncé que Paris n’aurait désormais plus sur le continent que des bases militaires co-gérées avec les pays concernés avec une « diminution visible » des effectifs et un « effort accru » en matière de formation et d’équipements.

La France possède des bases militaires à Dakar (Sénégal), Abidjan (Côte d’Ivoire), Libreville (Gabon), Niamey (Niger), N’Djamena (Tchad) et à Djibouti. Le chef de l’Etat a précisé que cette dernière n’était pas concernée par la réorganisation à venir.

« RÉVEIL COLLECTIF » DES ENTREPRISES FRANÇAISES

Ce redéploiement survient dans un contexte de perte d’influence de la France au profit de pays comme la Chine, la Turquie, l’Inde et la Russie, qui fait désormais figure de partenaire militaire majeur de l’Afrique via des ventes d’armes et la présence du groupe Wagner. 

« C’est un groupe de mercenaires criminels (…) qui est l’assurance-vie des régimes défaillants et des putschistes », a dit le président à propos de la société paramilitaire russe présente notamment en Centrafrique et au Mali.

« Ma conviction, c’est que les différents Etats africains, y compris ceux qui se sont tournés vers cette solution de court terme, finiront par s’en passer parce qu’elle ne sème que le malheur là où elle se trouve », a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, vient de terminer une troisième tournée en Afrique depuis le début de la guerre en Ukraine, à la recherche de soutiens lors des votes aux Nations unies.

Jeudi, veille du premier anniversaire du conflit, le Mali a voté pour la première fois contre une résolution de l’Assemblée générale de l’Onu appelant à la cessation des hostilités en Ukraine, largement adoptée par ailleurs.

D’une manière générale, les pays africains rechignent à prendre parti dans ce conflit sanglant qui bouleverse les équilibres mondiaux.

La lutte d’influence en Afrique a aussi des conséquences économiques.

Emmanuel Macron a appelé à un « réveil collectif » des entreprises françaises qui perdent du terrain face à des concurrents meilleurs qu’eux « simplement parce qu’ils prennent les pays africains au sérieux ».

Selon le magazine Challenges, la part de marché de la France à chuté de 10,6% à 4,4% entre 2020 et 2021, alors que celle des entreprises chinoises bondissait de 3,8% à 18,8%.

Au Gabon, ancienne colonie française ayant récemment rejoint le Commonwealth, Emmanuel Macron co-présidera avec Ali Bongo le One Forest Summit pour parler climat et biodiversité dans le bassin du Congo qui, avec 220 millions d’hectares, constitue le deuxième massif forestier de la planète après l’Amazonie.

    En Angola, pays riche en pétrole où TotalEnergies est présent, Emmanuel Macron encouragera les partenariats agricoles pour sécuriser les ressources alimentaires de cette nation lusophone de 34 millions d’habitants.  

(Reportage d’Elizabeth Pineau, édité par Jean-Stéphane Brosse et Tangi Salaün)

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