L’Europe finit encore dans le rouge avec les craintes sur les taux
par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) – Les Bourses européennes ont terminé en baisse lundi et Wall Street évoluait également dans le rouge à mi-séance, la perspective d’une hausse rapide et durable des taux d’intérêt aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis ayant fait grimper les rendements obligataires et propulsé le dollar à un nouveau sommet de 20 ans.
À Paris, le CAC 40 a fini en repli de 0,83% à 6.222,28 points. Le Dax allemand s’est contracté de 0,61%.
L’indice EuroStoxx 50 a abandonné 0,92%, le FTSEurofirst 300 0,87% et le Stoxx 600 0,81%.
Au Royaume-Uni, les marchés sont fermés ce lundi en raison du « Summer Bank Holiday ».
Après la forte chute vendredi des Bourses en réaction aux déclarations de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a prévenu que la politique monétaire restrictive de l’institution allait être maintenue « pendant un certain temps », les actions ont poursuivi leur dégringolade lundi, faute de catalyseur.
Les chiffres de l’inflation dans la zone euro ne seront publiés que mercredi et le rapport sur l’emploi aux Etats-Unis vendredi.
En attendant, les craintes d’une récession ont animé la tendance, d’autant qu’en Europe, plusieurs responsables de la Banque centrale européenne (BCE) comme Isabel Schnabel ou François Villeroy de Galhau ont plaidé pendant le week-end en faveur d’une forte hausse des taux d’intérêt en septembre, face à une inflation toujours très élevée.
Conséquence, sur les marchés monétaires, l’hypothèse d’une hausse de 75 points de base du coût du crédit en zone euro comme aux Etats-Unis pour le mois de septembre s’est fortement renforcée lundi.
Parallèlement, l’indice de la volatilité a bondi en séance en Europe à un sommet de six semaines et aux Etats-Unis à un pic de sept semaines à environ 27 points.
VALEURS EN EUROPE
En Europe, la plupart des secteurs ont fini dans le rouge, la baisse la plus marquée étant pour le compartiment des nouvelles technologies, qui a cédé 2,36% dans le sillage d’un nouveau recul du Nasdaq aux Etats-Unis.
A Paris, Capgemini a abandonné 2,19%, tandis qu’à Francfort, SAP a reflué de 0,84%.
Côté hausse, le laboratoire nantais Valneva a avancé de 0,39% à la faveur de l’annonce de résultats positifs d’essais de son vaccin contre le COVID-19.
Uniper, le premier importateur allemand de gaz russe, a gagné 2,95%, le ministre allemand de l’Economie ayant déclaré s’attendre à ce que les prix du gaz baissent bientôt au regard du remplissage plus rapide que prévu des cuves de réserves du pays. Les prix des contrats du gaz livrable en septembre ont chuté lundi de plus de 12% à 267 euros le mégawattheure.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones reculait de 0,26%, le Standard & Poor’s 500 de 0,32% et le Nasdaq de 0,67%, les indices étant toujours affectés par les déclarations de Jerome Powell.
« Les investisseurs sont désormais convaincus que la Fed veut vraiment freiner l’inflation », écrit dans une note Rod von Lipsey, directeur général d’UBS Private Wealth Management, alors que la filiale de gestion de fortune du groupe suisse s’attend à ce que la volatilité sur les marchés perdure jusqu’à la mi-2023.
Les groupes technologiques, sensibles à l’évolution des taux d’intérêt, reculent à l’image d’Apple (-1,28%), Microsoft(-0,81%) ou encore Tesla (-1,78%).
Dow et Lyondell Basell Industries cèdent respectivement 1,90% et 1,01% après l’abaissement de la recommandation de Keybanc à « sous-pondération » sur les deux groupes de chimie.
Côté hausse le secteur de l’énergie (+2,12%) est recherché avec la poursuite de la remontée du pétrole.
CHANGES
Le dollar, toujours soutenu par les propos de Jerome Powell, s’apprécie de 0,01% face aux autres grandes devises et a enregistré un nouveau plus de haut de ving ans.
L’euro, malgré une hausse de 0,37% à 0,9998 dollar, ne parvient pas à remonter au-dessus de la parité avec le billet vert, le risque de récession étant considéré plus élevé dans la zone euro qu’aux Etats-Unis.
TAUX
Les rendements obligataires en Europe ont fini en forte progression avec la révision à la hausse des anticipations de remontée des taux d’intérêt.
Celui du Bund à dix ans, référence pour la zone euro, a terminé sur un gain d’environ dix points de base à 1,5010%, après avoir pris en séance plus de 13 points à 1,532%, au plus haut depuis deux mois.
Le rendement du deux ans, le plus sensible à l’évolution des taux, a gagné en clôture 12,5 points à 1,092%, mais s’est envolé en séance de 18 points à 1,147%, un sommet inédit depuis le 21 juin.
Au moment de la clôture en Europe, le taux des bons du Trésor américain à deux ans s’affichait à 3,413% (+20 points) et celui à dix ans à 3,1098% (+7,5 points).
PÉTROLE
Les cours pétroliers sont soutenus par la crainte d’une baisse de la production de l’Opep+ et un regain de violence en Libye, deux facteurs qui l’emportent sur la vigueur du dollar et le risque de récession.
Le Brent avance de 3,03% à 104,05 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) de 3,3% à 96,13 dollars le baril.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Sophie Louet)