UKRAINE: Volodimir Zelensky dénonce la campagne de « terreur » visant Marioupol
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Le siège subi par la ville de Marioupol est un acte de terreur dont on se souviendra dans les siècles à venir, a déclaré dimanche le président ukrainien Volodimir Zelensky, qui a demandé le soutien d’Israël pour repousser l’assaut russe contre son pays.
Multipliant les demandes d’aides des pays occidentaux, Volodimir Zelenskiy s’est adressé au parlement israélien par liaison vidéo et a remis en question la réticence de l’Etat hébreu à vendre son système de défense aérienne « Dôme de fer » à l’Ukraine.
« Tout le monde sait que vos systèmes de défense antimissile sont les meilleurs (…) et que vous pouvez certainement aider notre peuple, sauver la vie des Ukrainiens, des Juifs ukrainiens », a déclaré le président Zelensky.
Le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, a multiplié les entretiens téléphoniques avec le président ukrainien et le président russe, Vladimir Poutine, pour tenter de mettre fin au conflit.
Marioupol, assiégée par les forces russes, compte parmi les villes ukrainiennes ayant subi les bombardements les plus violents depuis l’invasion russe le 24 février.
Les combats se poursuivaient dimanche à l’intérieur de la ville, a déclaré le gouverneur régional Pavlo Kirilenko, sans donner plus de détails.
La majorité des 400.000 habitants de Marioupol sont piégés depuis le début de l’offensive de l’armée russe qui vise à s’emparer de l’ensemble de la bande littorale bordant la mer d’Azov.
Le gouverneur de Sébastopol, située dans le sud-ouest de la péninsule de Crimée, que la Russie a annexée en 2014, a annoncé la mort du commandant adjoint de la flotte russe de la mer Noire, Andrei Paly, lors des combats près de Marioupol.
La Russie a exhorté les forces ukrainiennes sur place à déposer les armes, affirmant qu’une « terrible catastrophe humanitaire » était en cours.
Moscou prétend que ceux qui obéiront seront assurés de pouvoir quitter la ville portuaire en toute sécurité et que des couloirs humanitaires seront ouverts dès lundi matin (07h00 GMT).
Le vice-premier ministre ukrainien, Irina Verechtchouk, a annoncé que 7.295 personnes ont été évacuées des villes ukrainiennes via les couloirs humanitaires ce dimanche, dont 3.985 de Marioupol. Elle a ajouté que le gouvernement prévoyait d’y envoyer près de 50 bus lundi pour de nouvelles évacuations.
MARIOUPOL TOUJOURS SOUS LES BOMBES
« La semaine dernière, plusieurs milliers d’habitants de Marioupol ont été déportés vers le territoire russe », a affirmé le conseil municipal sur sa boucle Telegram.
Des agences de presse russes ont de leur côté rapporté que des autocars avaient déplacé plusieurs centaines de réfugiés.
L’émissaire américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a qualifié ces déportations d' »inadmissibles » si elles sont avérées, ce que Washington n’a pas encore confirmé.
Le conseil municipal de Marioupol a par ailleurs annoncé qu’une frappe avait visé une école d’art dans laquelle s’était réfugiés 400 civils, sans fournir de bilan humain.
Commentant la situation à Marioupol, Volodimir Zelensky a dénoncé un crime de guerre. « Se comporter ainsi avec une ville pacifique constitue un acte de terreur dont on se souviendra pendant des siècles », a-t-il dit dans la nuit de samedi à dimanche tout en réclamant de nouveaux pourparlers avec la Russie.
La Russie affirme que son « opération spéciale » en Ukraine vise à démilitariser et « dénazifier » le pays, que Vladimir Poutine présente comme un Etat artificiel.
Kyiv et ses alliés occidentaux accusent Moscou de vouloir soumettre son voisin et lui imposer un gouvernement à sa botte mais ils affirment que les forces terrestres russes ont peu progressé au cours de la semaine pour se concentrer sur des frappes d’artillerie et de missiles.
Selon Oleksy Arestovich, conseiller du président Zelenski, la situation militaires est restée globalement inchangée au cours des dernières 24 heures avec un front « pratiquement gelé ».
Le ministère russe de la Défense a annoncé que des missiles de croisière ont été tirés par des vaisseaux stationnés dans la mer Noire et que plusieurs missiles hypersoniques ont une nouvelle fois été utilisés depuis l’espace aérien de la Crimée.
Se déplaçant à une vitesse 5 fois supérieure à celle du son, ces missiles sont si rapides et facilement manoeuvrables qu’ils sont extrêmement difficiles à intercepter.
10 MILLIONS DE DEPLACÉS
Selon Interfax, ils ont été utilisés samedi pour la première fois en Ukraine lors d’une frappe qui visait, selon Moscou, un important arsenal militaire souterrain.
Selon un bilan dressé par le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, au moins 902 civils ont péri en Ukraine depuis le début de l’invasion russe, mais le bilan est vraisemblablement beaucoup plus élevé, prévient l’agence de l’Onu.
Au total, dix millions de personnes ont fui les zones de combats, dont 3,4 millions qui ont quitté le pays, estime de son côté le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Côté russe, les pertes sont lourdes quoique difficiles à documenter. Près de Kyiv de longues colonnes de véhicules militaires sont bloqués depuis des jours et peinent à avancer dans les faubourgs de la capitale.
Selon les autorités ukrainiennes, l’armée russe a perdu 14.700 soldats, morts ou blessés, et 476 chars.
Moscou ne communique de son côté aucun bilan depuis que les autorités ont admis le 2 mars dernier la mort de près de 500 soldats.
Reuters n’est en mesure de confirmer ni les estimations de l’Ukraine ni celles de la Russie.
La présidence ukrainienne a par ailleurs fait savoir dimanche qu’elle redoutait l’ouverture d’un nouveau front dans l’ouest du pays qui pourrait être envahi à partir de la Biélorussie.
Si le président biélorusse Alexandre Loukachenko revendique et affiche sa proximité avec son homologue russe Vladimir Poutine, il ne s’est pour l’instant pas engagé à fournir des troupes pour soutenir l’effort militaire de Moscou.
Le soutien pourrait venir de Syrie où des force paramilitaires ont fait part de leur volonté de participer au combat.
(Rédactions de Reuters; rédigé par Raju Gopalakrishnan, Dominic Evans, Gareth Jones et David Brunnstrom, version française Nicolas Delame)