L’investisseur Clearway demande à TotalEnergies de quitter la Russie ou de se soumettre au vote des actionnaires
par Simon Jessop et Benjamin Mallet
LONDRES/PARIS (Reuters) – L’investisseur activiste Clearway Capital a adressé une lettre au conseil d’administration de TotalEnergies appelant le géant français du pétrole et du gaz à cesser ses activités en Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine, ou bien de soumettre cette proposition au vote des actionnaires lors de la prochaine assemblée générale.
Il s’agit de la première initiative publique d’un fonds visant à dénoncer la position d’une entreprise de premier plan dans le conflit en Ukraine.
Malgré la condamnation des actions de Moscou et l’arrêt de nouveaux investissements en Russie, TotalEnergies a décidé la semaine dernière de conserver ses investissements dans le pays tout en excluant de nouveaux projets.
La Russie représentait 24% des réserves prouvées de TotalEnergies et 17% de sa production combinée de pétrole et de gaz en 2020, selon le dernier document de référence du groupe, qui détient en particulier une participation de 19,4% au capital du producteur de gaz russe Novatek dont certains dirigeants et actionnaires sont réputés proches du Kremlin.
Les géants britanniques de l’énergie BP et Shell ont eux choisi de se retirer totalement de leurs activités pétrolières et gazières en Russie, au prix de milliards de dollars de pertes.
Après s’être entretenu avec de grands actionnaires du groupe, le fondateur de Clearway Capital, Gianluca Ferrari, a exhorté vendredi le conseil d’administration de TotalEnergies à s’engager immédiatement à quitter la Russie, selon une lettre consultée par Reuters.
« Nous pensons qu’il existe une vague de soutien au sein de l’actionnariat du groupe pour une action déterminante de TotalEnergies », a déclaré Gianluca Ferrari à Reuters.
Il appelle plus précisément le groupe à cesser immédiatement tout achat d’hydrocarbures russes sur le marché spot, à mettre fin progressivement aux contrats d’achats existants et à élaborer un plan de retrait de toutes les opérations et de tous les autres contrats « dès que possible ».
RISQUE DE STIGMATISATION À LONG TERME
En ce qui concerne Novatek, TotalEnergies doit signaler dans l’immédiat son intention de céder sa participation et rompre tous liens commerciaux, y compris sur les importants projets de gaz naturel liquéfié (GNL) (Yamal LNG et Artic LNG 2) et les opérations sur les gisements de Termokarstovoïe et Khariaga.
« Nous croyons fermement que Total doit se préparer à un monde où faire des affaires avec ou en Russie n’est plus une option », indique Clearway dans sa lettre, soulignant que le déséquilibre géopolitique provoqué par l’attaque de l’Ukraine aurait un impact direct sur le groupe.
« A court terme, le risque de sanctions et d’éventuelles représailles de la part de l’Etat russe l’emporte largement sur tout avantage financier lié à la poursuite des activités en Russie et de toute activité avec des entreprises russes », poursuit l’investisseur.
À moyen et long terme, les entreprises ayant des activités en Russie « seront stigmatisées par leurs clients et par leurs investisseurs, en particulier celles du secteur de l’énergie dont les activités contribuent directement au financement de l’Etat russe », estime Clearway Capital.
Cet impact à plus long terme ne pourrait qu’être alimenté par la tendance mondiale à l’investissement durable, ce qui aurait un effet « matériel et permanent » sur la valorisation de l’entreprise, a ajouté Clearway Capital dans la lettre.
Contacté par Reuters, un représentant de TotalEnergies a réaffirmé la position du groupe, à savoir qu’il ne financera plus de nouveaux projets et appliquera les sanctions mises en place par les autorités européennes.
Si TotalEnergies ne répond pas à ses demandes, Clearway a déjà fait savoir qu’il envisageait de déposer, avec des groupes de gestion d’actifs, une résolution commune lors de l’assemblée générale du 25 mai afin que les actionnaires puissent voter sur la question.
« Bien que la valeur de notre participation soit relativement faible par rapport à celle de l’ensemble de l’entreprise, nous sommes convaincus qu’il existe un soutien suffisant pour déposer une résolution lors de la prochaine assemblée », a déclaré Clearway, sans préciser la taille de la participation.
(Reportage Simon Jessup et Benjamin Mallet, version française Laetitia Volga, édité par Sophie Louet)
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