Accord à l’UE sur de nouvelles sanctions contre la Russie
par Marine Strauss et Bart H. Meijer
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BRUXELLES (Reuters) – Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne ont adopté jeudi de nouvelles sanctions fermes contre la Russie après la décision du président russe, Vladimir Poutine, de lancer en Ukraine une invasion qualifiée de « barbare » par Bruxelles.
L’UE va geler des avoirs russes et empêcher les banques russes d’accéder aux marchés financiers européens dans le cadre de ce que son haut représentant aux Affaires étrangères, Josep Borrell, a décrit comme « le paquet de sanctions le plus dur que nous ayons jamais mis en oeuvre ».
Mais les 27 ne sont pas allés jusqu’à mettre à exécution les mesures les plus dures réclamées par l’Ukraine, certains pays prônant encore la retenue. Les modalités d’application des sanctions devraient donc faire l’objet de nouvelles discussions pendant les jours à venir.
Le nouveau train de sanctions dévoilé jeudi vise aussi les secteurs russes de l’énergie et des transports et prévoit des mesures de contrôle des exportations.
« Nos sanctions toucheront l’économie russe au coeur », a dit le Premier ministre belge, Alexander De Croo.
Certains participants au Conseil ont néanmoins exprimé des regrets face à l’échec des pays occidentaux que représente le conflit en Ukraine.
« Nous n’avons pas été assez efficaces, pas assez décisifs, pour empêcher la Russie de franchir ce pas, qui est une tragédie pour l’Ukraine, une tragédie pour l’Europe et une tragédie pour la Russie elle-même », a dit le président lituanien, Gitanas Nauseda.
« Je crois toujours en la capacité (…) de l’UE à empêcher de telles actions au coeur de l’Europe. Pour cela, nous devons prendre des mesures (maintenant) », a-t-il ajouté à son arrivée au sommet. « Demain, il sera peut-être trop tard. »
DIVERGENCES
Des divergences persistent en outre au sein de l’UE sur l’ampleur des sanctions à mettre en oeuvre, certains des pays les plus exposés aux retombées économiques de ces mesures souhaitant temporiser.
Un diplomate a expliqué que l’Union, comme les Etats-Unis, ne prendrait pas de mesures qui aboutiraient à priver la Russie de l’accès au système de paiement interbancaire international SWIFT, ce qu’ont demandé l’Ukraine et les pays baltes.
Interrogé à ce sujet, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a répondu: « Nous devons garder des sanctions en réserve pour plus tard. »
Dans un communiqué publié dans la soirée, les dirigeants de l’UE expliquent que le nouveau train de sanctions aura « des conséquences massives et sévères contre la Russie pour son action, en coordination étroite avec nos partenaires et alliés ».
« Ces sanctions couvrent le secteur financier, les secteurs de l’énergie et des transports, les biens à double usage, ainsi que le contrôle des exportations et le financement des exportations, la politique de visas, des inscriptions supplémentaires d’individus russes et de nouveaux critères d’inscription », ajoute-t-il.
Un diplomate de l’UE a précisé que l’Italie, l’Allemagne et Chypre faisaient partie des pays favorables à une démarche progressive alors que les pays d’Europe centrale et les pays baltes, plus proches géographiquement de la Russie, souhaitaient une position très ferme.
« La Russie doit sentir que le prix de l’agression est élevé », a dit le Premier ministre slovène, Janez Jansa, qui portait une cravate aux couleurs de l’Ukraine, le bleu et le jaune.
Le Royaume-Uni et les Etats-Unis avaient auparavant annoncé eux aussi de nouveaux trains de sanctions contre Moscou ciblant en particulier les banques russes.
(Reportage Sabine Siebold, Bart Meijer, Marine Strauss, John Chalmers, Gabriela Baczynska, Kate Abnett et Foo Yun Chee, version française Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)