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L’Europe doit « sortir de la naïveté », dit Macron après la vente de frégates à la Grèce

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L’Europe doit « sortir de la naïveté » lorsqu’il s’agit de défendre ses intérêts et de bâtir sa propre capacité de Défense, a déclaré mardi Emmanuel Macron après la signature d’un contrat de vente de trois frégates françaises à la Grèce pour un montant d’environ 3 milliards d’euros.

La rupture ce mois-ci d’un « mégacontrat de sous-marins entre la France et l’Australie, au profit d’une alliance entre Canberra, Washington et Londres, a déclenché une grave crise diplomatique entre Paris et les trois puissances anglo-saxonnes.

L’annulation de ce contrat « ne change en rien la stratégie de la France dans la région indopacifique », a dit Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse avec le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, mais prouve que « les Européens doivent sortir de la naïveté ».

S’exprimant pour la première fois publiquement sur le dossier des sous-marins, qui a conduit Paris à rappeler ses ambassadeurs à Washington et Canberra, le chef de l’Etat a une nouvelle fois plaidé pour que l’Europe accroisse son autonomie en matière de Défense alors que « depuis maintenant un peu plus de dix ans, les Etats-Unis se concentrent beaucoup sur eux-mêmes et ont des intérêts stratégiques qui se réorientent vers la Chine et le Pacifique ».

« Lorsque nous sommes sous l’effet de pressions de puissances qui parfois se durcissent, réagir, montrer que nous avons avec nous aussi la puissance et la capacité à nous défendre n’est pas céder à l’escalade, c’est simplement nous faire respecter », a estimé Emmanuel Macron.

« Ce n’est pas une alternative ni une substitution à notre alliance avec les Etats-Unis d’Amérique, c’est assumer ce pilier européen dans le cadre de l’Otan », a-t-il ajouté.

La France a signé mardi avec la Grèce un contrat de vente de trois nouvelles frégates, avec option pour une quatrième, dans le cadre d’un partenariat stratégique plus large.

Athènes a déjà commandé 24 avions de combat Rafale à la France. La Grèce a marqué sa volonté de préserver son « intégrité territoriale » en renforçant les moyens de son armée face aux tensions avec la Turquie voisine.

« Cela nous liera pendant des décennies », a souligné Kyriakos Mitsotakis. « Cela ouvre la porte à l’Europe de demain, une Europe forte et autonome capable de défendre ses intérêts.

« UNE EUROPE QUI FAIT FACE »

A la question de savoir si ce partenariat ne risquait pas d’accroître les tensions en Méditerranée orientale, après les incidents de l’an dernier entre la Grèce et la Turquie dans la région, Emmanuel Macron a déclaré que l’accord ne visait aucun pays en particulier mais insisté sur la nécessité de défendre les frontières de l’Union européenne.

« Je n’ai pas le sentiment qu’à l’été 2020, ce soit la Grèce qui se soit montrée belliqueuse en Méditerranée orientale », a relevé le chef de l’Etat.

« Il est de notre devoir, à nous Européens, de montrer que nous sommes solidaires avec chacun des Etats membres », a poursuivi Emmanuel Macron. « C’est que la France a fait à l’été 2020, c’est ce que nous consolidons par ce partenariat. La Grèce est aux avant-postes dans une région tourmentée où les intérêts énergétiques et géopolitiques sont majeurs. Ils le sont pour la Grèce, pour l’Europe et pour la France. »

Bien qu’il n’éclipse pas la perte spectaculaire du contrat de 12 sous-marins à propulsion conventionnelle avec l’Australie, le contrat franco-grec est un soulagement pour Naval Group, qui assemblera à Lorient (Morbihan) les frégates « Belharra » FDI-HN équipées de radars Thales, en collaboration avec MBDA (Airbus, BAE Systems, Leonardo).

La France était en compétition avec les Etats-Unis, l’Italie, l’Allemagne et les Pays-Bas pour ce contrat.

La marine française, qui a commandé cinq de ces frégates multimissions, interopérables avec les flottes européennes et de l’Otan, en disposera à compter de 2024.

Elles « équiperont la marine hellenique dès 2025 », a précisé la ministre des Armées Florence Parly lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.

« C’est un choix qui est celui de la souveraineté, celui d’une Europe qui fait face », a-t-elle souligné.

(Rédigé par Jean-Stéphane Brosse, édité par Sophie Louet)

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