Budget 2022: Le gouvernement défend sa « responsabilité », critique les oppositions
par Leigh Thomas et Tangi Salaün
PARIS (Reuters) – Le gouvernement français a défendu avec vigueur sa stratégie de baisse d’impôts et de hausse des dépenses publiques pour faire face à la crise sanitaire, opposant lors de la présentation du budget 2022 mercredi sa « responsabilité » et sa « sincérité » aux « propositions irréalistes » et aux « mensonges » des oppositions.
Les grandes prévisions économiques du gouvernement étant connues depuis deux semaines, la présentation du projet de loi de finances (PLF) était pour le gouvernement l’occasion de vanter le bilan du quinquennat et de se mettre en ordre de bataille en vue de l’élection présidentielle.
Face aux critiques émanant notamment des candidats à la primaire de la droite et du centre sur le « quoi qu’il en coûte » adopté par Emmanuel Macron depuis le début de la crise sanitaire, son ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire a vigoureusement défendu une politique qui a « fait la preuve de son efficacité », l’économie française se portant selon lui bien mieux que celle de nombreux autres pays.
« Le ‘quoi qu’il en coûte’ était un choix réfléchi, utile, nécessaire. Nous avons dépensé l’argent des Français à bon escient », a assuré Bruno Le Maire à propos des 130 milliards d’euros – environ 6% du PIB – engagés par l’Etat depuis le début de la pandémie de COVID-19.
Le ministre a confirmé que cette politique laisserait place à une stratégie plus ciblée à partir du 1er octobre.
« Les Français peuvent nous faire confiance. Nous leur avons montré que nous savons tenir la barre en pleine tempête et que nous savons où nous allons », a-t-il estimé.
Vantant le « courage politique » du gouvernement depuis le début du quinquennat, Bruno Le Maire a souligné qu’en dépit des circonstances exceptionnelles, les impôts des ménages et des entreprises avaient diminué de 50 milliards d’euros en cinq ans.
« Nous allons ramener le taux de prélèvements obligatoires à 43,5% en 2022, proche de la moyenne européenne. Nous n’avons de leçon à recevoir de personne sur ce sujet », a-t-il lancé à l’intention des oppositions.
MAÎTRISE DES COMPTES PUBLICS
Présent à ses côtés, le ministre délégué chargé des Comptes publics, Olivier Dussopt, a précisé que le taux de prélèvements obligatoires serait l’an prochain à son plus bas niveau depuis 2011. « Nous annulons ainsi les chocs fiscaux » des précédents gouvernements de droite comme de gauche, a-t-il égratigné.
Tout en défendant sa politique fiscale, le gouvernement a insisté sur le « sérieux » dont il considère avoir fait preuve en matière de maîtrise des comptes publics.
« Nous avons engagé la baisse de la dette publique, ramené le déficit sous 3%, sorti la France de la procédure (européenne) pour déficit public excessif », a listé Bruno Le Maire.
Grâce au redémarrage plus vigoureux que prévu de l’économie française favorisé par l’allègement des mesures sanitaires, le gouvernement a revu à la baisse ses prévisions de déficit pour 2021 et 2022, et relevé sa prévision de croissance à 6% pour cette année, contre 5% auparavant, un chiffre confirmé mercredi par Bruno Le Maire qui l’a jugé « prudent » et « raisonnable ».
Le déficit public est attendu à 4,8% l’an prochain, contre 8,4% cette année, et la « grande majorité » des huit milliards d’euros que le gouvernement prévoit d’économiser par rapport aux mesures d’urgence préalablement budgetisées pour faire face à la crise sanitaire jusqu’à la fin de l’année seront consacrées à la réduction du déficit, a insisté le ministre de l’Economie.
A l’exception de mesures de soutien comme les 600 millions d’euros de « chèques énergie » de 100 euros destinés à aider les ménages les moins favorisés à répondre à la flambée des prix du gaz naturel, dont « les Français ont besoin dès cet hiver », a précisé Bruno Le Maire.
« RÉARMEMENT RÉGALIEN »
Assurant entendre les critiques du Haut Conseil des Finances Publiques (HCFP), qui a jugé mercredi certaines des prévisions trop conservatrices et l’a invité à réduire la dette publique – attendue à 116% du PIB cette année – plutôt qu’à augmenter les dépenses pendant cette année électorale, le gouvernement a défendu sa « sincérité ».
« Nous respectons les règles de saisine du HCFP et nous respectons ses avis… quand ils figurent dans un rapport et pas quand certains de ses membres s’expriment par voie de presse », a grincé Bruno Le Maire.
« Tout est sur la table (dans le PLF) et même ce qui n’est pas sur la table, nous le disons clairement aux Français », a-t-il affirmé en allusion à certains points encore flous, comme les dépenses qui devront être engagées pour le plan d’investissement 2030 ou le plan en faveur des jeunes chercheurs d’emploi – qui feront l’objet d’amendements lors des débats au Parlement.
Toutes les dépenses supplémentaires récemment annoncées par Emmanuel Macron et son Premier ministre Jean Castex « avaient été anticipées dès le mois de juillet », lorsqu’une enveloppe de 11 milliards d’euros avait été votée, a poursuivi le ministre, se défendant des visées « électoraliste » ou « clientéliste » que lui prête l’opposition.
« Dire qu’on laisse filer les comptes publics est un mensonge », a protesté Bruno Le Maire, fustigeant à l’inverse la surenchère de propositions « irréalistes » des oppositions qui conduiraient, selon lui, à une flambée des dépenses publiques, comme la nationalisation des autoroutes ou le doublement du salaire des enseignants.
Olivier Dussopt a insisté de son côté sur les promesses tenues par le gouvernement dans l’élaboration du PLF 2022, comme la hausse des budgets des armées (+1,7 md €), de l’Intérieur (+1,4 md) et de la Justice (+700 mlns), qualifiés de « réarmement régalien » par Bruno Le Maire, ou encore des budgets de l’Education nationale (+1,7 md) et de la transition écologique (+1,5 md).
(Reportage de Leigh Thomas et Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)
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